Affichage des articles dont le libellé est terrorisme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est terrorisme. Afficher tous les articles

mercredi 27 juillet 2016

​Même dans un ciel très sombre subsistent des rayons de soleil

​La solidarité individuelle est un puissant antidote aux actes de terreur et de barbarie.
La fraternité du quotidien est plus forte que la haine.

Je suis arrivé en fin de journée d'hier en Tunisie.
Ce même jour, deux salopards, prétendument au nom de leur religion, ont assassiné un prêtre dans le nord-ouest de la France à Saint Etienne du Rouvray.

Tôt ce matin, je suis allé faire une course urgente dans une des quincailleries du quartier.
Sur la télévision de la boutique, une chaîne d'information relatait les derniers développements autour de ce énième attentat.

Le commerçant, tout en préparant ma commande, me demande si je suis français puis me déclare visiblement ému "c'est terrible ce qui se passe chez vous, on n'y comprend rien, c'est injuste, merci de dire en France que tous les tunisiens sont très tristes de ce qui se passe".

La gorge nouée, je peine à le remercier.

Humainement votre

Tahia Tounes, vive la France !

vendredi 15 juillet 2016

Liberté Égalité Fraternité

Une fois de plus, une fois de trop, la France a été, à Nice, hier 14 juillet 2016, endeuillée par la barbarie terroriste.


Que ce massacre ait eu lieu le soir de la fête nationale est particulièrement symbolique.
La devise française rassemble en une rime de trois mots seulement ce que les tenants du totalitarisme prétendument islamique exècrent.

La liberté ne saurait exister à leurs yeux.
Ils n’envisagent que l’obéissance absolue aux principes qu’ils ânonnent en dévoyant leur religion.

L’égalité leur est insupportable.
Quelqu’un ne respectant pas leurs dogmes inhumains n'a, pour eux, aucune valeur.
De même, une femme n'est en aucune manière l’égale d’un homme.

La fraternité les exaspère.
Des personnes d’ethnies, nationalités, langues, croyances, confessions, opinions, orientations et comportements différents ne sauraient vivre en paix et en bonne intelligence.
La terrible litanie des victimes de Nice qui commence à circuler dans les médias et réseaux sociaux illustre tragiquement cette haine viscérale de la diversité.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Charles de Gaulle - 18 juin 1940
Tristement mais librement votre

Références et compléments
Sur le même thème, voir aussi les chroniques « 10 citations contre le terrorisme et la barbarie » et « mes valeurs ».

Le dessin de la Promenade des Anglais et de la Baie des Anges de Nice est signé John Mejia et circule depuis ce matin sur les réseaux sociaux.

vendredi 1 juillet 2016

Quand la barbarie terroriste devient palpable

Mardi dernier, j’étais en déplacement professionnel à Brême dans le Nord de l’Allemagne.
À la porte voisine de celle où j’attendais mon vol de retour, un avion à destination d'Istanbul embarquait ses passagers.

J’avoue n’avoir prêté qu’une attention limitée à ces voyageurs, pour la plupart des vacanciers retournant vers leur pays d’origine.

Pourtant, compte tenu de l’heure de départ, ce vol a probablement atterri au moment même où 3 kamikazes faisaient un carnage dans l’aéroport turc.
Ces personnes, que j’ai à peine entrevu, ainsi que ceux venus les attendre, ont du avoir la frayeur de leur vie, voire nettement pire.

Dans le mépris le plus absolu de la foi dont ils se réclament, les salopards de Daech, en ciblant des inconnus indifférenciés, rendent l’enfer qu’ils nous promettent préférable à leur illusoire paradis.

No pasaran

Résolument votre

Références et compléments
Voir aussi la chronique "10 citations contre le terrorisme et la barbarie"

mardi 14 juin 2016

7 milliards de nuances de gris contre Daech

Les tueries d'Orlando et de Magnanville viennent encore d'accroître la trop longue liste des victimes du terrorisme de Daech.

À croire ces salopards, il n'y a ici-bas que deux engeances : les bons autodésignés et les mauvais, c'est à dire tous les autres.
Bien entendu, les bons ont le devoir, afin de hausser le niveau général, de soumettre les mauvais et d'éliminer les plus toxiques d'entre eux.

Face à cette conception morbide, les proies de Daech représentent notre diversité.
Un gay de Floride, un touriste, un militaire tunisien, un policier français, un dessinateur satirique danois, un visiteur japonais de musée, une jeune femme yezidie et tous les autres martyres n'ont qu'un seul point commun : leur humanité.
C'est pourquoi l'existence de chacun d'entre eux - c'est à dire, en pratique, l'existence de chacun d'entre nous - est insupportable aux cerveaux étriqués de l'axe autoproclamé du bien.

La quasi-totalité des 7 milliards d’humains qui peuplent notre planète doit continuer à opposer l'ensemble de ses nuances de gris au trop noir et blanc Daech.
À défaut, le piège que les terroristes nous tendent se refermerait sur nous.

La flamme de la vie ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas !

We shall never surrender! Never! Never!

Tristement votre

Références et compléments
Voir aussi les chroniques :
- 10 citations contre le terrorisme et la barbarie
Daech s'est déjà implanté deux fois en Europe

Je me suis appuyé, pour ce billet écrit dans l'émotion, sur des auteurs bien plus qualifiés que moi :
- Charles de Gaulle qui, le 18 juin 1940, depuis Londres, appelait à raviver la flamme de la résistance française.
- Son compère Winston Churchill qui sensiblement au même moment promettait de ne jamais se rendre !
- E.L. James qui a titré son best-seller érotique mondial "50 nuances de gris".
- Maxime le Forestier qui a cité "les deux engeances" dans une chanson.

jeudi 24 mars 2016

Les terroristes se moquent des frontières, quand allons-nous faire de même ?

Cette semaine, pendant que des brutes kamikazes semaient la mort à Bruxelles, je participais à de longues séances de travail avec des collègues originaires de plusieurs régions de notre globe.

Paradoxalement, cette tragédie publique et ces actions privées portent en elles exactement les mêmes enseignements.

Dessin d'Ali Dilem

Un langage mondial

Il y a une jolie lurette qu’une grande part de mon travail s’effectue dans la langue de Bob Marley, à défaut de celles de Shakespeare.
Mes dernières réunions n’ont pas échappé à cette habitude.

Les 7 milliards d’humains que nous somment disposent désormais d’un idiome global - certes aux accents variés, au vocabulaire fluctuant et à la grammaire imprécise - mais permettant une communication minimale.

Il en est de même à Racca. Les salopards rassemblés pour l'apocalypse qui y planifient la terreur mondiale échangent plus certainement dans le parler de Calvin Klein que dans celui de Mahomet.

Des outils mondiaux

Nos instruments professionnels sont de plus en plus des ordinateurs et des téléphones de marques similaires avec des logiciels identiques accédant un unique internet.
Ainsi deux de mes collègues du Tennessee étaient équipés strictement du même engin que moi.

Il en est de même pour les djihadistes qui ont laissés dernières eux plusieurs PC utilisés dans leur macabre équipée.

Une peine et des cibles mondiales

Notre groupe cosmopolite a débuté sa séance de mercredi par une minute de silence en hommage aux victimes des attentats de Belgique. Ces instants de recueillement dans le cadre professionnel ne se sont que trop multipliés ces derniers mois.

L’émotion était palpable.
Désormais, de Bruxelles à Tunis, de Bamako à Paris, de Copenhague à Palmyre, vivre, travailler, prendre du bon temps, bénéficier d’un minimum de libertés et vouloir décider de son sort par des moyens non-violents nous transforme en cible, indépendamment de la couleur et du blason de notre passeport.

Il en est de même des barbares qui tentent de nous terroriser.
Cette internationale du mal et de la bêtise fait ouvertement fi de nos nuances, de nos frontières et de nos états d’âme.

Nous sommes mondiaux

Que cela nous plaise ou non, force est de constater que le monde est devenu irrémédiablement mondial.
De surcroit, nous sommes confrontés à une menace mortelle ouvertement mondialisée.

À l’instar de la ligne Maginot avant la seconde guerre mondiale, aucune frontière plus n’est apte à nous protéger efficacement.

Le repli sur nous-même est une tentation délétère que les terroristes espèrent.
Seules l’union et la coopération peuvent améliorer notre sécurité mais aussi notre vie quotidienne.

Nous devons à nos morts de cesser de nous comporter en autruches frileuses !

No pasaran

Mondialement et européennement votre

Références et compléments
Voir aussi les chroniques :
- 10 citations contre le terrorisme et la barbarie
- Ils ont tiré sur notre liberté de refuser et notre droit à la complexité
- Après les attentats de Paris, ni Sarajevo ni Munich !
- Après l'attentat du Bardo, "Muse dis-moi les raisons"
- Mes valeurs

Le dessin a été réalisé par Ali Dilem caricaturiste algérien le 22 mars 2016.


samedi 23 janvier 2016

2 français sur 3 hors religion

​Le terrorisme et l'augmentation des migrants ont déchaîné en France un maelström de passions religieuses et anti-religieuses.
Désormais, bistrots, médias et politiques s'enflamment à propos d'islam, de laïcité, de catholicisme, d'identité et de judaïsme. Au point, je pense, de rendre jaloux bouddhistes et protestants.

Fidèle aux rites de ce blog, je vous propose d'examiner les croyances et incroyances hexagonales avec le regard distancié des statistiques.

Le pays de Voltaire, Pascal et Diderot

Les français, pris dans leur ensemble, ont un positionnement varié et équilibré vis à vis des religions.

Un tiers s'énonce non religieux, c'est à dire qu'il doute ou encore que la métaphysique ne l'intéresse pas.
Dans le même temps, un copieux tiers affirme être croyant et un petit tiers ne placer aucune foi en Dieu.

Proportions de français se déclarant religieux, non religieux ou athées

Le pays du petit père Combes

Toutefois, en rassemblant athées et non religieux, les fidèles apparaissent nettement minoritaires.
Les français qui dédaignent le Ciel sont presque deux fois plus nombreux que ceux qui s'y réfèrent.

Proportions de français se situant "hors religion" et de français religieux

Le pays de Charles de Gaulle, Abd al Malik et André Chamson

2 croyants sur 3 - soit 1 français sur 4 - sont catholiques.

L'islam, deuxième foi hexagonale, est clairement distancé avec environ 1 français sur 20, un peu plus d'un croyant sur 7.
Les tenants du catholicisme gallican sont 5 fois plus nombreux que les musulmans bleu-blanc-rouge.

Bien que la France soit la patrie de Jean Calvin, à peine 1 français sur 25 s'énonce protestant, un gros dixième des croyants.

Les autres confessions pèsent sensiblement autant que le protestantisme.
Parmi elles, le judaïsme - pourtant plus ancienne religion française avec plus de 2 000 ans de présence ininterrompue - n'atteint pas 1% de la population hexagonale, grosso modo 1 croyant sur 40.


Paysage religieux et spirituel français

Le pays de 2 traditions

L'histoire religieuse complexe, turbulente et ensanglantée de la France a créé deux fortes traditions structurantes.

D'une part, le catholicisme, autrefois religion d'état et longtemps dominateur, tient une solide seconde place sur le podium de la foi.

D'autre part, pour faire simple, les Lumières, la Révolution Française et les Républicains sont à l'origine d'un courant difficile à qualifier alliant athées, agnostiques, libre-penseurs et anti-cléricaux plus ou moins virulents.
Depuis les années 1960-1970, cette mouvance a décroché la médaille d'or et va, probablement, la conserver un très long moment.

Jointes l'une à l'autre, ces deux traditions françaises écrasent aujourd'hui la scène spirituelle avec l'adhésion de presque 9 français sur 10.

Les autres religions, même si certaines affichent de sympathiques taux de croissance, sont loin derrière.
Si musulmans sunnites et chiites, protestants de toutes dénominations, juifs, orthodoxes, bouddhistes, hindous et de nombreux autres que je n'ai pas la place de citer se réunissaient, ils n'atteindraient qu'un septième du collectif groupant libres-penseurs et catholiques.

Proportion de français d'une part "hors religion" ou catholiques et, d'autre part, adeptes d'une autre spiritualité.

Coexisto-diversement votre

Références et compléments
Cliquer sur les graphiques pour les agrandir.

Voir aussi sur des thèmes connexes les chroniques :
Brève présentation des personnalités citées :
  • Charles de Gaulle (1890 - 1970) n'a jamais dissimulé sa foi catholique. Toutefois, en bon laïque, il n'en a jamais fait de démonstration publique dans ses fonctions officielles
  • Emile Combes (1835 - 1921), surnommé le "petit père Combes", fut un homme politique emblématique du combat laïc et anticlérical aux alentours de 1900.
  • André Chamson (1900 - 1983) écrivain, conservateur de musée et résistant français.
    Protestant engagé, il prit plusieurs fois la parole lors de l'Assemblée annuelle du Désert dans les Cévennes.
    Un extrait d'un de ces discours fait partie des "10 citations contre le terrorisme et la barbarie".
  • Abd al Malik, alias Régis Fayette-Mikano, est un rappeur, compositeur, écrivain et réalisateur français né en 1975.
    Converti à la foi musulmane, initialement très proche des milieux tabligh, il revendique désormais, notamment dans son livre "Qu'Allah bénisse la France", une pratique soufie ainsi qu'un islam "des Lumières" compatible avec la laïcité française.
  • Les trois grands écrivains des XVIIème et XVIIIème siècles représentent la diversité spirituelle française.
    - Voltaire (1694 -1778) était un déiste non religieux à la pointe du combat pour le respect de toutes les croyances.
    Ce lien permet de télécharger le traité sur la tolérance de Voltaire, texte splendide, aisé à aborder et, hélas, toujours d'actualité.
    - Denis Diderot (1713 - 1784) s'affirmait athée.
    - Blaise Pascal (1623 - 1662) clamait son catholicisme tendance janséniste, nous dirions aujourd'hui rigoriste, voire intégriste.
  • Jean Calvinà ne pas confondre avec les jeans Calvin Klein - est né à Noyon en Picardie en 1509 et est mort à Genève en 1564.
    Ce théologien est, avec l'allemand Martin Luther, un des deux principaux instigateurs de la réforme protestante. Calvin transforma Genève en rigoriste république religieuse, un prototype du Téhéran des ayatollahs en quelque sorte.
    L'auteur s'enorgueillit toutefois d'avoir étudié au lycée pourtant public et laïc de Noyon, plaisamment baptisé, si j'ose dire, Calvin.
     
Les données proposées dans ce billet sont les mêmes, avec une autre présentation notamment graphique, que dans la chronique de janvier 2015 "Les musulmans en France combien de divisions ?".

Principales sources :
  • Deux sondages CSA & IFOP de 2013, intitulés chacun “le catholicisme en France”
  • Sondage WinGallup & REDC de 2012 “global index of religion and atheism” employé aussi dans la chronique "Les religions combien de divisions ? Statistiques de la foi"
  • Sondage IFOP de 2011 “les français et la croyance religieuse”
  • Sondage IFOP de 2009 “étude sur l'implantation et l'évolution de l'islam en France”
  • Sondage CSA de 2004 “les français et la religion”
Ces enquêtes ont des questions et des méthodes très disparates, difficiles à réconcilier. Aussi j'ai procédé avec la méthode dite "des manifestations" consistant à moyenner les chiffres des organisateurs et ceux de la police.

Ce nouveau billet statistique sur les religions et l'athéisme en France doit beaucoup à la twittonaute Bee / @ElisabethBelloc ainsi qu'aux échanges caféinés avec Jean. Un grand merci à tous les deux.

vendredi 8 janvier 2016

Fermer les frontières diminuerait le chômage

Les attentats et l'afflux de réfugiés ont ravivé en France le débat sur les contrôles systématiques aux frontières.
Hélas, ni les politiciens soutenant cette mesure, ni les journalistes qui les questionnent ne semblent se soucier de mise en oeuvre concrète.
Pour combler cette lacune, voici une évaluation chiffrée d'une clôture de la patrie du regretté André Maginot.

Poste de douane de Meyrin à la frontière franco-suisse près de Genève
(voir la chronique sur les confins de l'Union Européenne)

1 500 passages par minute

Tous les ans, au bas mot, 800 millions de personnes entrent ou sortent de notre bel Hexagone.

Ce gigantesque va-et-vient est comparable au départ du territoire national puis au retour, répétés tous les 2 mois, de l'intégralité de la population française, des nouveaux-nés aux centenaires.

Une illusoire fortification

Les djihadistes susceptibles de venir jusque dans nos bras égorger nos femmes et nos enfants seraient, d'après les gazettes, de l'ordre du millier.

Autrement dit, pour les bloquer, la police frontalière devrait effectuer ses vérifications avec une efficacité très nettement supérieure à 1 pour 1 million, soit 10 à 100 fois mieux que les exigences pour la pharmacopée ou les airbags.

Si nous faisons l'hypothèse optimiste que les forces de l'ordre ne se trompent qu'une fois sur 1 000 - c'est à dire que nos pandores sont aussi performants que les meilleurs examens médicaux - 800 000 personnes sans histoire seraient annuellement considérées à tort comme terroristes et devraient faire l'objet d'une enquête approfondie.
Soit, à peu près 4 suspects supplémentaires par policier ou gendarme français.
Le temps passé à dédouaner ces braves gens limiterait d'autant les investigations ciblées par effet de saturation de la police et de la justice.

Portail matérialisant la frontière France-Suisse vers Meyrin

2 fois plus de képis

Monitorer l'ensemble des passages frontaliers mobiliserait entre 20 000 et 40 000 argousins et gabelous, suivant la longueur des files d'attente que nous serions prêts à tolérer.

Ralentir la traversée des frontières provoquerait quelques menus dommages collatéraux puisque, sensiblement, un quart de notre consommation vient de l'étranger, qu'un quart de notre production quitte notre beau pays et que le tourisme emploie 1 français sur 12.

De surcroît, verrouiller les postes frontière sans surveiller étroitement les 3 000 km de limites terrestres ainsi que les 4 700 km de littoral de notre splendide métropole n'aurait aucune utilité.
Garder les pourtours de la France demanderait à peu près 50 000 patrouilleurs, c'est à dire l'équivalent de 5 dispositifs Sentinelle.

Remplir ces deux missions conduirait, grosso modo, à doubler l'actuelle gendarmerie nationale.
Toutefois, créer ces 90 000 postes de flics comblerait d'aise François Hollande à la recherche désespérée de l'inversion de la courbe des sans-emplois.

Il ne faut pas non plus oublier les passeurs basques, savoyards, jurassiens ou ardennais qui reprendraient un service, artisanal mais lucratif, de transport des personnes que le départ de la Wehrmacht et les accords de Schengen ont injustement mis à mal.

Un nouvel impôt

Selon toute vraisemblance, la gendarmerie bis affectée à la défense de nos frontières coûterait autant que sa sœur aînée, environ 8 milliards d'euros annuels.

Au 1er janvier, sous peine de déchéance de nationalité, chaque français devrait verser volontairement une obole obligatoire de 125 € pour financer ces nouveaux poulets qui transformeraient la France en camp retranché, sans pour autant diminuer le terrorisme.

Daech et consorts veulent nous faire perdre la raison.
Résister à ces crétins barbares ne sera possible que si nous ne conservons nos pieds au sol et notre clairvoyance.

Réalistement votre

Références et compléments
Voir aussi d'autres chroniques ayant pour thèmes les frontières :


Malgré une recherche fouillée sur le web, je n'ai pas réussi à trouver des statistiques fiables sur le franchissement des frontières françaises.
Mon évaluation de 800 millions de passages annuels provient de l'agrégation de :

  • 85 millions de touristes et 120 millions d'excursionnistes étrangers chaque année.
    L'excursionniste est, pour le statisticien, un visiteur venu une journée et ne passant pas de nuit sur le territoire français alors que le touriste, lui, dort au pays de Novotel.
  • Environ 700 000 frontaliers français allant quotidiennement travailler dans un pays limitrophe.
    Les chiffres concernant cette catégorie de personnes sont très flous et varient du simple au triple.
    Les frontaliers étrangers travaillant en France n'ont pas été comptés.
  • Une trentaine de millions de français non frontaliers se rendant à l'étranger.
    Les valeurs sur ce point sont encore plus vaseuses.

Au final, 800 millions de passages me paraît être proche de la valeur réelle qui se situe dans une vaste fourchette allant de 500 millions à 1.2 milliards, voire plus.

L'estimation des effectifs policiers pour garder les frontières repose sur les hypothèses plus roses que grises :

  • 1 minute en moyenne pour contrôler une personne à la frontière.
  • "Taux de service" compris entre 25% et 50% pour limiter, mais pas supprimer, les files d'attente.
  • 2 hommes au kilomètre pour surveiller les frontières terrestres et un seul pour le littoral avec une organisation en 5 équipes pour assurer la permanence.

André Maginot est un homme politique français connu pour avoir initié la construction des fortifications frontalières baptisées "ligne Maginot" qui, comme chacun sait, ont parfaitement protégé la France en 1940 des assauts de l'Allemagne nazie.

Mes principales sources sont WikipediaGoogle et l'INSEE.

Merci à Jean et Dominique qui, autour du tasse de café, m'ont aidé à finaliser cette chronique numérico-frontalière.

lundi 30 novembre 2015

​Malgré l'état d'urgence des armes circulent librement dans les aéroports

​Les derniers attentats en date ont conduit la France et la Tunisie à décréter chacune l'état d'urgence.
À en croire proclamations et gazettes, partout la sécurité a été renforcée.
Par exemple, l'accès à l'aéroport de Tunis est désormais restreint aux seuls passagers et tous les bagages sont scannés avant l'entrée dans le bâtiment.

Lors de mon récent retour du pays d'Ibn Khaldoun vers celui de Molière, trois personnes à l'accoutrement mi-campagnard mi-sportif étaient devant moi dans la file au comptoir d'enregistrement.
Outre de traditionnelles valises, ces gaillards halés possédaient d'étranges mallettes métalliques plates et longues.

Leur fort peu discrète et très longue discussion avec le personnel de la compagnie aérienne révéla qu'il s'agissait, je cite, de "fusils" et de "boîtes de munitions" ... de chasse.

À l'arrivée à Lyon, les Tartarins de Savoie ont tranquillement retrouvé leur arsenal sur le tapis à bagages.
Alors que la douane française scannait systématiquement les bagages de tous les passagers, les fringants chasseurs ont bénéficié d'un passe-droit et n'ont pas eu besoin de faire radiographier leurs pétoires et leurs cartouches.

Mallettes pour fusils et munitions de chasses sur un tapis à bagage de l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry le 30 novembre 2015 en plein état d'urgence et plan Vigipirate maximal.
Cette étonnante saynète m'a laissée perplexe

J'aimerais connaître comment, devant un écran de contrôle de scanner, on peut faire le tri entre une arme de guerre et une de chasse et comment on distingue les balles à sangliers de celles à destination des bipèdes.
D'autant que le bipède standard digère généralement assez mal le contenu des douilles pour cochons.

J'aimerais aussi savoir ce qui empêcherait ces Nemrods d'assembler tranquillement leurs flingues aux toilettes, de les charger et de transformer un hall d'aéroport en stand de tir.

J'aimerais, de surcroît, déterminer ce qu'il peut bien passer par la tête de types qui, malgré le climat anti-terroriste actuel, choisissent d'aller tranquillement traquer le sanglier au sud de la Méditerranée avec armes, bagages et balles réelles.

Peut-être que le propre du chasseur est de ne pas se laisser abattre et qu'Ubu ou Kafka ont pris les commandes de Vigipirate ...

Chevrotiniquement votre

dimanche 15 novembre 2015

​Après les attentats de Paris, ni Sarajevo ni Munich !

Pour la deuxième fois cette année, Paris, ma ville natale, a été frappée par des attentats d'ampleur.
En 2015, ma patrie de coeur, la Tunisie, a aussi été touchée à plusieurs reprises par la même barbarie aveugle.

Une fois passé le temps de la tristesse et de l'émotion, une même question lancinante surgit : que faire ?
L'histoire, à défaut d'y répondre, nous enseigne là où nous ne devons pas aller.

Eviter Sarajevo

En 1914, une organisation extrémiste serbe fait assassiner dans la capitale bosniaque un dirigeant autrichien en espérant provoquer une escalade militaire qui sera bénéfique à sa cause.
Le tragique résultat dépassa toutes les espérances de ces boutefeux : plus de quatre ans de conflit mondial avec son terrible cortège de 6 000 victimes quotidiennes, 50 attentats de Paris chaque jour.
Les buts de Daech diffèrent-ils vraiment de ceux de la Main Noire ?

Eviter Munich

En 1938, moins de vingt ans après la fin de la première guerre mondiale, le totalitarisme et l'expansionnisme nazi menacent à nouveau l'Europe d'une conflagration.
Les gouvernements français et anglais terrorisés à l'idée d'un conflit majeur, choisissent de se coucher devant Hitler et laissent l'Allemagne, la Hongrie et la Pologne démembrer la Tchécoslovaquie.
Winston Churchill, lucide et prophétique, déclare alors : "ils devaient choisir entre le déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre".
Ce matin, avant même que nos victimes soient enterrées, des voix s'élèvent déjà pour suggérer l'arrêt des opération militaires extérieures françaises.

Entre l'aveuglement et la résignation, la ligne de crête est étroite.
Nous devons pourtant la parcourir car aucune autre voie n'est viable si nous souhaitons conserver nos valeurs et notre mode de vie.

Liberté Egalité Fraternité
#NousSommesUnis
No pasaran !

Tristement votre

Références et compléments
La terrible actualité de ces derniers mois tant en France qu'en Tunisie m'a conduit à écrire beaucoup (trop) de chroniques sur le terrorisme.
Je vous suggère toutefois de (re)découvrir :
10 citations contre le terrorisme et la barbarie
"Muse dis-moi les raisons" - Musée du Bardo, 5 mois après l'attentat

mardi 8 septembre 2015

Toi le djihadiste ! - Facétie musicale et terroriste

Le chanteur désormais dégagé Maxime Le Forestier, s'il avait conservé la barbe et les indignations de ses 20 ans, reprendrait sa plume pour nous livrer une mouture actualisée de son "parachutiste".
En toute immodestie, j'ai pris sur moi de suppléer la panne d'inspiration du barde devenu glabre.

Tu avais juste dix-huit ans
Quand on t'a mis une barbe forte
Quand on t'a dit : "Rentre dedans
Tout c'qui te heurte"
C'est pas exprès qu' t'étais fasciste,
Toi l'djhadiste.

Alors au coeur des attentats
S'est formée ton intelligence.
Tu sais qu'il n'y a ici-bas
Que deux engeances :
Les impies et les djihadistes,
Toi l'djhadiste

Puis on t'a donné des galons,
Héros de toutes les horreurs
Pour toutes les bonnes actions
Où tu fais peur
Tu fusillais quelques touristes
Toi l'djhadiste.

Alors sont venus les honneurs,
Les télévisions, les journaux
Pour chaque balle au fond d'un coeur,
Ou coup d'couteau
Pour chaque point noir sur ta liste,
Toi l'djhadiste

Mais, malheureusement pour toi,
Bientôt se finira ta guerre :
Plus de tueries, plus de combats.
Que vas-tu faire ?
C'est fini les obscurantistes,
Toi l'djhadiste.

C'est pire que d'être collé au trou
Subir des femmes qui savent lire
Surtout qu't'as appris avec nous
Ce que veut dire
Le superbe mot "pluraliste"
Toi l'djhadiste.

Mais si t'es vraiment trop gêné
De ne plus faire de sacrifice
Tu peux toujours te suicider
Dans l'train Thalys
On y cogne l'fondamentaliste !
Toi l'djhadiste.

Parachutistement votre

Références et compléments
- Version originale de la chanson "parachutiste" de Maxime Le Forestier enregistrée en 1972

dimanche 16 août 2015

"Muse dis-moi les raisons" - Musée du Bardo, 5 mois après l'attentat

L'auteur latin Virgile est, sans conteste, le poète du musée du Bardo à Tunis.
Son œuvre majeure, l'Énéide, se déroule en bonne partie sur l'actuel territoire de la Tunisie et relate les amours impossibles entre Énée, héros troyen, et la reine phénicienne Elyssa Didon, fondatrice légendaire de Carthage.

Le huitième des 10 000 vers de l'Énéide figure sur une mosaïque représentant Virgile qui accueille, au Bardo, le visiteur en haut du premier escalier :
Musa, mihi causas memora
Muse, dis-moi les raisons
Bien qu'écrite il y a plus de 2 000 ans, cette phrase entre en résonance avec les tragiques événements qui ont ensanglanté ce musée en mars 2015.

Virgile entouré de Clio la muse de l'histoire à sa droite et de Melpomène la muse de la tragédie à sa gauche - Mosaïque du IIIème siècle exposée au Bardo et découverte à Hadrumète à proximité de Sousse (image David Bjorgen / Wikimedia Commons)

Abattre de sang froid des personnes, choisies au hasard, avec pour seule justification leurs supposées religions, nationalités, ethnies, opinions ou occupations est l'archétype de la barbarie.
Les grandes religions, spiritualités et philosophies n'enseignent-t-elles pas le respect de la vie et de la personne humaine ?
Musa, mihi causas memora
Muse, dis-moi les raisons



Mémorial en mosaïque exposé dans le hall d'entrée du musée du Bardo en hommage aux 22 victimes de l'attentat du 18 mars 2015

Perpétrer cette tuerie dans un musée consacré à 2 500 ans de civilisations méditerranéennes entrelacées et à leurs expressions artistiques est - si cela est possible - encore plus ignoble.
Ces œuvres immémoriales ne constituent-elles pas le patrimoine de toute l'humanité ?
Musa, mihi causas memora
Muse, dis-moi les raisons


Une des nombreuses mosaïques romaines du musée du Bardo

La charge émotionnelle des traces de balles sur les murs et vitrines est à l'exact opposé du plaisir esthétique que l'art suscite.
Les lieux de culture ne devraient-ils pas être des sanctuaires ?
Musa, mihi causas memora
Muse, dis-moi les raisons


Impact de balle sur une vitrine du musée du Bardo

Visiter presque seul un musée majeur en pleine saison touristique est un déprimant privilège.
La liberté n'est-ce pas aussi de pouvoir être très nombreux à profiter, sans entraves, des endroits d'exception ?
Musa, mihi causas memora
Muse, dis-moi les raisons


Affiche "Musa, mihi causas memora" de Fabiola Napoli

Toutefois, finir par rencontrer, dans ce musée martyr, plusieurs groupes d'enfants et d'adolescents tunisiens, beaucoup arborant des t-shirts "I love Tunisia", parcourant les salles dans les éclats de rire et une certaine pagaille, réconforte.
La Tunisie touchée ne s'est pas couchée !
L'insouciance de la jeunesse n'est-elle pas la meilleure réponse à la terreur ?
Muse, dis-moi les raisons d'espérer ...

Groupe d'enfants venant du sud de la Tunisie en visite au musée du Bardo. Au premier plan, le baptistère paléochrétien de Gightis dans l'île de Djerba datant du VIème siècle.

No pasaran
Humainement et tunisiquement votre

Références et compléments
Sur le même thème tragique, voir aussi les chroniques :

Quelques explications additionnelles :
  • Dans la mythologie grecque, les 9 muses sont les filles de Zeus, le dieu en chef, et ont le rôle de gardiennes des arts.
    Le mot musée découle directement de muse.
  • Le vers latin de Virgile "Musa, mihi causas memora / Muse dis-moi les raisons" figure sur une affiche d'une jeune artiste italienne Fabiola Napoli reproduite ci-dessus et exposée au musée du Bardo dans la salle la plus atteinte par les tirs.
    Cette oeuvre, très forte par sa simplicité, représente des fragments de mosaïque criblés de balles. Elle est lauréate du concours organisé en juin dernier par l'Académie des Beaux Arts de Florence en soutien aux victimes et au musée.
  • La direction du musée du Bardo, en hommage aux victimes et en rappel silencieux de la barbarie, a choisi de ne pas réparer les murs et vitrines endommagés par des projectiles.
    Ces traces d'armes de guerre, totalement incongrues parmi les mosaïques et statues, sont extrêmement poignantes.
  • Les attentats successifs du Bardo et de Sousse ont, à ce jour, eu raison de la fréquentation touristique en Tunisie. A titre d'exemple, le principal hôtel de Kelibia est fermé au cœur du mois d'août.

Les photos ont été prises par l'auteur le 14 août 2015 au musée national du Bardo de Tunis à l'exclusion de l'image de la mosaïque représentant Virgile et les deux muses qui provient de Wikimedia Commons et qui a été réalisée par David Bjorgen.
L'affiche "Musa, mihi causas memora" de Fabiola Napoli figure aussi sur le site de l'Académie des Beaux Arts de Florence.

Pour aller plus loin :

mercredi 5 août 2015

La Tunisie vivante ! - Récit d'un week-end au Kef

La peur n'empêche pas de mourir, elle empêche de vivre.
Naguib Mahfouz (écrivain égyptien, prix Nobel de littérature)

Le week-end du 1er août 2015, nous nous sommes rendus, en famille, au Kef, au nord-ouest de la Tunisie, à 160 km de la capitale, pour des fiançailles.

Dans cette région, des djihadistes sont retranchés au coeur des montagnes frontalières avec l'Algérie.
Les combats entre l'armée et les terroristes y sont devenus réguliers depuis plus de deux ans. Les forces tunisiennes peinent à rétablir la situation sécuritaire et ont subi de lourdes pertes.
Sur le strict plan militaire, les fauteurs de troubles n'ont été jusqu'ici que fort peu inquiétés.
Ce week-end là encore, aux dires officiels du ministère tunisien de la défense, une "action d'envergure" et une "chasse à l'homme" étaient en cours à 25 km environ à l'est du Kef.
Nous avons d'ailleurs croisé des transports de troupes et un blindé léger avec des soldats en armes en transit vers et depuis les lieux d'affrontement.

Pendant ce temps, les fiançailles se sont déroulées comme n'importe où ailleurs en Tunisie.
Les ingrédients habituels d'une telle fête familiale étaient réunis et réussis : assistance nombreuse, musique assourdissante, danses, pâtisseries, jus de fruits, hommes endimanchés et femmes rivalisant d'élégance, innombrables poignées de mains et embrassades ...
L'ensemble enrobé de bonne humeur et de politesse.

Bref, tout, absolument tout, ce que détestent les djihadistes.
Quand on souhaite ne voir qu'une seule barbe ou qu'un seul voile confits en dévotion et tremblants de peur, des personnes libres qui s'apprécient, se respectent et prennent ensemble du bon temps sont proprement insupportables.

Il peut paraître choquant de faire la fête à quelques mètres d'une route empruntée par des militaires partant au combat.
Mais comment définir le périmètre où toute réjouissance devrait être suspendue ? à moins de 10 km des zones militaires ? au Kef même ? à l'ouest de Medjez el Bab ? à Tunis ? sur tout le territoire tunisien ?
Les terroristes ont pour objectif que nous cessions de nous comporter normalement et que nous commencions à les craindre.
Si nous suspendons nos activités sociales et familiales, nous leur offrons, sur un plateau normalement réservé pour les pâtisseries et le thé, une première victoire à peu de frais.
Respecter et honorer les victimes, c'est d'abord ne pas dévier.

Les familles des fiancés ont eu raison d'organiser cette fête. Nos vies ne peuvent être prises en otage par des barbares armés.
Ces tunisiens - ma famille, mes amis - montrent ainsi qu'ils sont, plus que jamais et comme toujours, debout, accueillants et tolérants.
Ils expriment aussi de cette façon que la religion pratiquée assidûment par une grande majorité d'entre eux, n'est pas l'infâme caricature dévoyée que les terroristes propagent.

Merci pour cette belle soirée keffoise.

Tunisiquement votre

Références et compléments
J'ai beaucoup hésité à publier cette chronique car je la trouvais très personnelle et avais des scrupules à revenir publiquement pour la énième fois sur le terrorisme en Tunisie.
De fidèles lecteurs tunisiens, que je remercie, m'ont convaincu de changer d'avis.

vendredi 31 juillet 2015

10 citations contre le terrorisme et la barbarie

Depuis la recrudescence des attentats qui ensanglantent la Tunisie, la France et une trop grande part de notre planète, plusieurs fidèles lecteurs m'ont suggéré de rédiger une chronique sur les motivations des terroristes et sur la manière, au delà de la nécessaire répression policière, de lutter contre leur barbarie.

Craignant de produire une pâle copie, plutôt que de disserter sur ce thème, je vous propose, comme le disait Bernard de Chartres, de "grimper sur les épaules des géants" en (re)découvrant 10 citations d'auteurs nettement plus qualifiés que votre serviteur.


Le mal peut être à la fois banal et extrême.
C'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal.

Seul le bien est radical. 
Hannah Arendt

Résister, c'est d'abord ne pas s'arrêter à la persécution, ni à la calomnie, ni à l'injure.
C'est rester semblable à ce qu'on est jusque dans la défaite.

André Chamson

L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine conduit à la violence.
Averroès

Ceux qui suivent leur conscience sont de ma religion et je suis de la religion de ceux qui agissent bien.
Henri IV

Il faut donc nous méfier de ceux qui cherchent à nous convaincre par d'autres voix que celle de la raison.
Primo Levi

Les mouvements totalitaires sont des organisations massives d’individus atomisés et isolés.
Hannah Harendt

Un religieux croit que son dieu le protège.
Un fanatique se croit obligé de protéger son dieu.

Anonyme

Nous avons un projet dans lequel ils ont leur place.
Ils ont un projet dans lequel nous n'en avons aucune.

Chokri Belaïd

We shall never surrender, never, never!
Ne jamais se rendre, jamais, jamais !
Winston Churchill

Il est grand temps de rallumer les étoiles.
Guillaume Apollinaire.

Humainement votre

Références et compléments
- Hannah Arendt (1906 - 1975) philosophe allemande d'origine juive, naturalisée américaine.
Une grande partie de son œuvre est consacrée au totalitarisme et à la "banalité du mal", suite à son expérience personnelle des persécutions nazies et à ses reportages au procès d'Adolf Eichmann.

- André Chamson (1900 - 1983) écrivain, conservateur de musée et résistant français.
Protestant engagé, il prit plusieurs fois la parole lors de l'Assemblée annuelle du Désert dans les Cévennes. La citation est issue d'un de ces discours.

- Averroès ou Ibn Rochd (1126 - 1198) philosophe, juriste, médecin et mathématicien andalou né à Cordoue.
Son ouverture d'esprit et sa modernité déplaisaient aux autorités politiques et religieuses musulmanes de l'époque, qui l'exilèrent comme hérétique et ordonnèrent que ses livres soient brûlés.
Commentateur éclairé d'Aristote, il est parfois vu comme un des pères de la pensée laïque moderne.

- Henri IV, né Henri de Bourbon (1553 - 1610) roi de France.
Initialement protestant, devenu catholique pour monter sur le trône de France, il mît fin aux guerres de religion en promulguant en 1598 une législation de tolérance très moderne dans son essence, l'édit de Nantes (voir sur ce point la chronique sur la laïcité en France)..

- Primo Levi (1919 - 1987) écrivain italien et un des plus célèbres survivants de la Shoah.
Juif italien de naissance, chimiste de formation, il devint écrivain afin de transmettre et expliciter sa tragique expérience dans le camp de d'extermination d'Auschwitz.
Son ouvrage le plus marquant est "Se questo è un uomo / Si c'est un homme".

- Chokri Belaïd (1964 - 2013) avocat et homme politique tunisien, lâchement assassiné par des djihadistes.

- Winston Churchill (1874 - 1965) homme politique britannique.
Premier ministre de 1940 à 1945, il mena la lutte de la Grande Bretagne contre les dictatures allemandes, italiennes et japonaises.
La citation date de juin 1940, juste après la demande d'armistice de la France auprès de l'Allemagne nazie.

- Guillaume Apollinaire (1880 - 1918) poète français d'origine polonaise et italienne, décédé des suites d'une blessure contractée au combat lors de la première guerre mondiale.

- Photo prise par l'auteur à Paris rue Nicolas Appert devant Charlie Hebdo le 7 février 2015

- Mes remerciements à Afef qui m'a signalé plusieurs des citations.

- Les notices biographiques ont été réalisées avec l'aide toujours précieuse de Wikipedia.

samedi 4 juillet 2015

Djihadiste difficile métier en mal de reconnaissance

Au risque de surprendre les plus fidèles lecteurs de ce blog, je dois confesser ma plus vive admiration pour les Combattants du Djihad.
Ces braves types - bizarrement cette belle profession compte peu de femmes dans ses rangs - exercent un métier compliqué, dans des conditions malaisées et sans recueillir le soutien qu'ils méritent.
Voyons cela de plus près.

Tout d'abord, être Djihadiste requiert une culture générale hors pair. La maîtrise de pans entiers du savoir universel est indispensable à l'exercice serein de cette activité salvatrice.
Il faut, par exemple, être incollable en théologie comparée. En effet, avant de déposer un colis piégé dans un édifice religieux, il convient d'être sélectif et de bien distinguer, d'une part synagogues, églises, temples hindous ou encore mosquées chiites et, d'autre part, mosquées sunnites. Sinon, c'est l'accident industriel assuré.
La lecture de plans et de cartes est tout aussi nécessaire.
Aucun chauffeur de taxi ou d'Uber n'est capable de vous mener sans hésitations et zigzags dans la microscopique rue Nicolas Appert à Paris, siège du très blasphématoire Charlie Hebdo.
Vous ne pouvez compter que sur vos propres ressources pour débusquer les endroits improbables où se terrent les ennemis de la Vraie Foi.

La méthodologie n'est pas moins essentielle.
Appliquer le fameux principe du remarquable Arnaud Amaury "tuez les tous ! Dieu reconnaîtra les siens !" suppose une rigueur d'exécution peu commune.
Un travail avec une qualité garantie oblige à s'assurer, par des processus et des check-lists, que tous, vraiment tous, sans exception, sont passé à la casserole. Dans ce domaine, le zéro défaut est encore plus difficile à approcher que dans l'industrie.

Un entraînement permanent limite les loisirs, déjà peu nombreux, du Djihadiste.
Paradoxalement, rafaler au Kalachnikov des touristes allongés sur le sable est un exercice ardu.
Ces mitraillettes soviétiques sont sujettes à un recul puissant.
Ainsi, le novice peu accoutumé a tendance, dès les premiers tirs, à laisser le canon de son flingue remonter, avec pour fâcheuse conséquence d'arroser le Ciel pour Lequel on combat.
De plus, le plagiste standard, preuve de son impiété, refuse de se redresser pour faciliter sa montée en express vers le Paradis.

La belle profession de Terroriste Djihadique est, malheureusement, affectée par un taux excessif d'accidents du travail.
Pour des raisons qui m'échappent, dans la plupart des pays, l'appareil d'état refuse d'édicter des règles de sécurité qui protégeraient l'intégrité physique des Combattants de la Vraie Foi.
Au lieu de rendre le port du casque et du gilet pare-balles obligatoire pour chaque Terroriste, les politiciens, gardiens de la corruption ambiante, transforment les Énergétiques Défenseurs de la Vérité en stands de tir ambulants et gratuits pour leurs sinistres policiers.

Le Djihadiste ne fait pas non plus recette auprès du grand public qui préfère se masser devant des pelotons de cyclistes dopés plutôt que sur les lieux des saines fusillades.
Pire même, presque chaque action terroriste est entravée par des spectateurs.
Derniers cafouillages en date, à Sousse, des tunisiens non armés se sont opposés au tireur de la plage et à Saint Quentin Fallavier, un pompier, outrepassant sa mission, a ceinturé le Martyr qui voulait faire exploser une usine après avoir décapité son employeur impie.

Face à ces difficultés croissantes d'exercice d'un des métiers parmi les plus beaux et les plus utiles, j'exhorte les lecteurs de ce blog de faire amende honorable et de soutenir, comme ils le méritent amplement, les Vaillants Artisans du Djihad.

No pasaran

Sarcastico-tristement votre

vendredi 26 juin 2015

Attentats en Tunisie et en France : les mots manquent

Après les attentats de Saint Quentin Fallavier et de Port El Kantaoui survenus ce matin, les mots manquent.

Les mots manquent pour dénoncer le comportement abject de ces touristes qui préfèrent se dorer au soleil plutôt que de se confire en dévotion.

Les mots manquent pour fustiger ces salariés qui, au lieu de louer les bontés du Seigneur et les exploits des saigneurs, préfèrent gagner leur vie en produisant des gaz industriels.

Les mots manquent pour stigmatiser ces personnes qui osent aller à l'étranger durant leur temps libre.

Les mots manquent pour déplorer ces soit-disant démocrates qui préfèrent régler leurs différents par les débats, les urnes et les prétoires quand une bonne rafale ou un coup de sabre peuvent suffire.

Les mots manquent pour vouer aux gémonies ces pompiers qui, non contents d'avoir à éteindre un incendie, ont scandaleusement outrepassé leur mission en mettant le grappin sur un djihadiste au meilleur de sa forme.

Les mots manquent pour saluer une décapitation réalisée dans les règles de l'art.

Les mots manquent pour valoriser ce magnifique tireur d'élite qui, avec une arme automatique de guerre, a su dégommer des cibles difficiles à atteindre car allongées immobiles sur le sable.


Les mots manquent surtout pour exprimer notre tristesse vis à vis des victimes et notre soutien à leurs proches.

Les mots manquent encore pour dire que ces actes barbares nous touchent mais ne nous ferons pas changer.

Les mots manquent enfin pour affirmer, haut et fort, que la liberté de pensée et l’humour sont des armes non létales mais beaucoup plus radicales, dans la durée, que celles des terroristes.

No pasaran

mercredi 18 mars 2015

Nouveau plaidoyer pour la Tunisie de toujours

Une fois de plus, une fois de trop, ma patrie de coeur, la Tunisie, est endeuillée par un attentat terroriste.
Au moment où j'écris ces lignes, au moins 19 morts sont à déplorer.
Depuis 2012, j'ai le sentiment de bégayer et de réécrire plusieurs fois la même chronique.

Bégayer c'est exprimer, une fois de plus, une fois de trop, compassion et condoléances pour les victimes et leurs familles.

Bégayer, c'est souligner, une fois de plus, une fois de trop, le vide abyssal de la pensée des terroristes.
Tirer lâchement sur des personnes sans défense, dans un lieu triplement symbolique - ancien palais beylical, siège du parlement démocratiquement élu et musée national - démontre l'incapacité pathologique des barbares à poil long à construire une argumentation.

Bégayer, c'est relever, une fois de plus, une fois de trop,  qu'en plus des 19 victimes et de la quarantaine de blessés par balles, il y a aussi 12 millions de blessés par ricochet.
Qu'un petit pays - la Tunisie de toujours - réussisse tant bien que mal son développement économique et sa transition démocratique, qu'il soit fier de ses racines diverses et, surtout, qu'il continue de cultiver, envers et contre tout, son sens de l'accueil est probablement insupportable quand on a le front bas et les idées courtes.

Bégayer, c'est rappeler, une fois de plus, une fois de trop, que l'immense majorité des tunisiens que j'ai plaisir, et même fierté, à fréquenter depuis plus de 35 ans n'ont rien en commun avec les assaillants du Bardo.
Ces tristes événements ne doivent pas nous conduire à modifier notre point de vue et nos dispositions vis à vis de la Tunisie. Le faire serait procurer une victoire trop facile aux assassins du musée.

Bégayer, c'est affirmer, une fois de plus, mais pas une fois de trop, que des brutes sanguinaires peuvent nous heurter et nous toucher mais, que malgré notre tristesse et leurs sinistres efforts, ils ne réussiront pas à nous faire changer d'avis et de valeurs.

Plus que jamais tunisiquement votre !

#JesuisTunis
#JesuisCharlie
Tahia Tounes !
No pasaran



Références et compléments
Voir aussi :
- mon premier plaidoyer de 2012 pour la Tunisie de toujours
- "Ich bin ein Tunisier" de 2013

lundi 23 février 2015

Lettre à mes compatriotes tentés de voter Front National

Chers amies et amis

Je me permet - et j'espère que vous l'accepterez - de vous appeler amis car nous vivons dans le même pays et nous nous fréquentons au quotidien dans nos lieux de vie, dans les transports, au travail, dans les commerces ou encore lors de nos loisirs.

Vous avez une envie très forte - et peut-être l'avez-vous déjà fait - de voter Front National au cours des prochaines élections.
Par beaucoup de côtés, je vous comprends.

Le chômage massif et la croissance atone avec leur cortège de difficultés sont une détestable réalité qui dure depuis le premier choc pétrolier de 1973.
Désormais, presque deux générations sont nées avec aux oreilles ce mot lancinant de “crise”.
Notre situation économique, sociale et même sociétale s'est encore plus aggravée depuis 2008. Voici bientôt 7 ans, qu'aucune accalmie n'est en vue.

Pour comble de malheur, nos partis politiques traditionnels - et d'une manière plus générale ce qu'il est convenu d'appeler nos “élites” - semblent incapables de prendre la mesure de l'état réel de notre pays et du monde.
Leurs imaginations sont en berne, leurs propositions convenues et leurs gestions successives prévisibles et inefficaces. L'incantation et la tambouille électoraliste ont remplacé la réflexion et la stratégie.

Face à ce manque de boussole, Marine Le Pen et son parti ont le mérite de chercher à simplifier un univers devenu trop complexe et d'apparaître neufs vis-à-vis d'un échiquier politique usé jusqu'à la corde.
Toutefois, à trop simplifier, le risque est de confondre la proie et l'ombre, les causes et les effets.

Aussi, si votre inclination personnelle est de voter aux prochaines échéances électorales pour le Front National, avant que votre choix devienne définitif, je vous invite à l'examiner sous quatre angles peu évoqués dans le débat médiatique.

Souhaitons-nous mettre en danger 1 emploi français sur 3 ?

Pour doper notre économie, Marine Le Pen envisage de rétablir droits de douane et obstacles réglementaires aux frontières de la France.
Le Front National évoque aussi une sortie de l'Euro et un retour au Franc, de manière à améliorer notre compétitivité par une dévaluation monétaire.

En apparence, ces mesures paraissent séduisantes puisqu'elles protégeraient, au moins partiellement, les usines hexagonales concurrencées par des entreprises étrangères au faible coût de main d'oeuvre.
Malheureusement, il faut s'attendre à des mesures de rétorsion, au moins équivalentes, de la part des pays empêchés d'exporter en France.

Or, actuellement, entre un gros quart et un petit tiers de tout ce qui est produit en France est vendu hors de nos frontières.
Autrement dit, sensiblement 1 emploi sur 3, à commencer par celui de votre serviteur, est directement dépendant des exportations.

Barrières douanières et dévaluation comportent même un second effet kiss cool.
Une grande part de ce que nous exportons, notamment nos productions industrielles le plus élaborées, intègre des composants fabriqués à l'étranger. Droits de douane et sortie de l'euro accroîtraient le coût, non seulement de nos importations, mais aussi de ce que nous exportons.

Souhaitons-nous vraiment plomber, encore plus qu'aujourd'hui, ce qui reste de nos fleurons industriels nationaux, Peugeot, Renault, Airbus et consorts ?

Souhaitons-nous l'augmentation du prix du carburant, des vêtements et des téléphones ?

Le fonctionnement de notre économie est très dépendant de l'étranger.
La France ne possède pas d'hydrocarbures dans son sous-sol et, donc, importe tout son pétrole et son gaz.
De même, les usines textiles ou électroniques ont presque complètement déserté notre pays.

Créer ou recréer de telles industries, même en supposant que nous ayons simultanément le financement et la volonté de le faire, nécessiterait de très longues années.

Dans l'intervalle, douane et dévaluation obligent, les prix de nos vêtements et de notre matériel informatique ou télévisuel ainsi que celui du carburant partiraient au plafond, une augmentation probablement de l'ordre du quart, voire du tiers, de leurs valeurs actuelles.
Il en irait de même pour toutes les autres importations non substituables à court terme.

Souhaitons-nous vraiment encore plus diminuer notre niveau de vie ?

Souhaitons-nous la diminution du nombre de touristes ?

Le Front National, en plus des barrières économiques, projette de rompre les flux migratoires par une politique stricte de visas et de contrôles aux frontières.

Outre la mise en place, à l'étranger, de mesure identiques vis-à-vis de nos compatriotes, il faut s'attendre à ce que ces restrictions ternissent sérieusement l'image de la France, notamment dans les pays libéraux, à monnaie forte et à hauts revenus d'où viennent, chaque année, l'essentiel des 85 millions de touristes - 250 000 étrangers chaque jour - qui visitent notre bel Hexagone.

Souhaitons-nous vraiment vider nos plages, nos aéroports, nos hôtels et nos musées ?

Souhaitons-nous faciliter la tâche des djihadistes ?

Les mesures économiques et migratoires prônées par Marine Le Pen, si elles étaient mises en oeuvre, couperaient assez nettement la France de ses voisins européens et de ses partenaires dits occidentaux ainsi que des pays africains et arabes.

Très difficile, dans ces conditions, de faire partie d'une alliance militaire destinée à lutter contre les guérillas terroristes, comme récemment au Mali ou actuellement en Irak et Syrie.

Impossible aussi d'y aller seul car nos moyens diplomatiques, militaires et budgétaires ne le permettent déjà pas.
Pourtant l'armée française, au niveau mondial, fait partie du cercle très fermé de la dizaine de forces capables d'être décisives sur le terrain.

Souhaitons-nous vraiment faire un cadeau inespéré aux djihadistes en leur enlevant un de leurs meilleurs ennemis ?

Le sort de la France dépend de notre bulletin de vote

Chers amies et amis, l'avenir de notre pays - le mot n'est pas trop fort - se décidera au cours des prochains scrutins nationaux.

Vous espérez, autant que moi, le meilleur pour notre patrie, je n'ai aucun doute à ce sujet.
Notre pays possède beaucoup d'atouts que quelques coups de pouce pourraient aisément mettre au premier plan, à condition d'accepter la complexité et l'interdépendance du monde actuel.

Aussi, humblement, je vous demande, avant d'arrêter votre choix, de réfléchir aux quatre questions évoquées dans ce billet.
Êtes-vous certains, au fond de vous-même - au delà de l'énervement, voire du dégoût, que nous sommes nombreux à ressentir - d'agir, à moyen terme, en faveur de vos convictions et aussi des intérêts de la France et des français ?

Ou, autre manière de formuler les mêmes interrogations, êtes-vous certains que le Charles de Gaulle de juin 1940 - symbole du refus de la débâcle et du renoncement national - soutiendrait aujourd'hui le programme de Marine Le Pen ?

Franchement votre

Références et compléments
- Voir aussi :
Une chronique détaillant le programme économique du Front National et ses effets de bord
La chronique "Made in France : où sont vraiment les emplois ?"
Un billet symétrique à propos du vote Ennadha en Tunisie

- Pour se remémorer les ordres de grandeur de l'économie des finances publiques françaises, les 4 chroniques :
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les dépenses publiques françaises
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les impôts et les taxes en France
Tout ce que vous toujours voulu savoir sur le déficit public de la France
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les pistes de sortie de crise

dimanche 8 février 2015

Un mois après, Ahmed et Charlie toujours vivants dans nos cœurs !

Un mois après les attentats qui ont ensanglanté Paris, quelques photos prises sur les lieux de ces crimes haineux.
Les gestes et les images sont parfois aussi forts que les mots.








#JesuisAhmed
#JesuisCharlie
#Jesuistouteslesvictimes

No pasaran




Tristement votre

Références et compléments
- Photos prises les 7 et 8 février 2015, rue Nicolas Appert et boulevard Richard Lenoir à Paris. La série complète peut être visionnée en suivant ce lien.
- Voir aussi les autres chroniques #JesuisCharlie

mardi 3 février 2015

Enième tragique bégaiement - Voltaire plus que jamais d'actualité

Une citation extraite du traité sur la tolérance de Voltaire, en ce soir de barbarie et de fanatisme renouvelés.
Le droit de l'intolérance est donc absurde et barbare. C'est le droit des tigres. Il est bien plus horrible, car les tigres ne se déchirent que pour manger. Nous nous sommes exterminés pour des paragraphes ...
#IamMuath
#JesuisCharlie

No pasaran

Tristement votre

Références et compléments
- Si vous souhaitez lire le traité sur la tolérance de Voltaire, je vous propose de le télécharger au format électronique epub compatible avec la plupart des smartphones, tablettes et liseuses en cliquant sur ce lien.

J'ai adoré faire mon service militaire

Depuis que des barbares bas de plafond ont abattu en janvier à Paris des dessinateurs antimilitaristes et anticléricaux, médias, sondages et bistrots plébiscitent le rétablissement du service militaire obligatoire.
Cette noble tradition nationale serait, parait-il, une occasion unique de brassage social ainsi que le creuset des valeurs républicaines.

Ayant eu le privilège de passer un an sous les drapeaux, je voudrais témoigner personnellement des hautes vertus de cette corvée, au sens étymologique du terme.

Bien que je me sois présenté à reculons à l'incorporation, je tire une légitime fierté de ma prestation forcée au sein de la Marine Nationale.
D'août 1984 à juillet 1985, alors que la guerre froide battait son plein, le territoire national français n'a jamais été menacé de près ou de loin. Preuve de l'efficacité dissuasive de ma présence, l'épée dans les reins, sous l'Uniforme de la République.

Pourtant, je n'ai porté une arme que deux nuits d'affilée.
Durant mes “classes”, au coeur des landes de Gascogne, revêtu d'un seyant survêtement bleu, j'ai arpenté les couloirs des dortoirs ainsi que les sanitaires aux nombreuses fuites d'eau pour “veiller sur le sommeil de mes camarades”.
Afin de remplir au mieux cette mission tactiquement indispensable, j'avais été doté d'un fusil, qui avait du être moderne vers 1930, sans aucune munition et qui, pour plus de sécurité, avait la culasse soudée.

Mon activité militaire a beaucoup fait progresser mon niveau d'éducation générale.
J'ai appris, en vrac, à coudre un ruban de casquette, à faire un nœud de cravate, à pratiquer la “politesse militaire”, à ne pas jeter par la fenêtre une bouteille de gaz en feu et à chanter “ils ont traversé le Rhin au son des fifres et tambourins”.
Les occasions de s'initier ou de se perfectionner, avec la bénédiction du commandement, aux plaisirs raffinés du tabac, de l'alcool et des contacts tarifés avec la gent féminine étaient - si j'ose dire - légion et à la portée de nos soldes rachitiques.
La pratique du canot à rame sur un étang d'eau douce aurait pu me transformer en véritable marin. Mais, hélas, mon daltonisme, qui m'empêchait de faire la distinction entre les fanaux rouges et verts, a contrarié cette vocation aussi tardive qu'involontaire.
Plusieurs instructeurs zélés ont aussi tenté de m'inculquer la marche au pas, mais, malgré leurs efforts soutenus, douze mois n'y ont pas suffi.
Bref, à mon retour à la morne vie civile, mon employabilité s'était nettement accrue.

Seul, un petit quart de ma classe d'âge a eu le plaisir de servir notre patrie.
Les femmes étaient exclues d'office et l'armée, déjà en panne budgétaire, réformait plus d'une recrue sur deux.
Si vous aviez le bonheur d'avoir effectué quelques études, la malchance d'être sélectionné pour servir l'amère patrie se trouvait illico atténuée.
L'institution militaire s'empressait de vous proposer une version adoucie, voire carrément planquée, de votre passage en son sein : élèves-officiers de réserve, coopérants à l'étranger, scientifiques du contingent, j'en passe et des meilleures.

Votre serviteur est ainsi devenu pédagogue et a défendu le sol natal avec des craies - de couleur qui plus est ! - devant un tableau noir.
Au sein d'un centre de formation de la Marine, j'ai enseigné, à de jeunes matelots fraîchement engagés pour échapper au chômage, la beauté insoupçonnée de la loi d'Ohm et du théorème de Thévenin-Norton.
Afin de conserver la nécessaire distance entre le professeur et ses étudiants, j'ai été doté de l'uniforme et des privilèges des officiers, à l'exclusion des galons. Pendant un an, avec une cinquantaine de collègues tous diplômés, j'ai logé et mangé au mess, au lieu de dormir en chambrée et de profiter de la cantine.
Il va sans dire qu'une fois mes cours effectués, je pouvais aller et venir à ma guise dans la base mais aussi en dehors.
Prof amateur à la motivation minimale, je rentrais à mon véritable domicile chaque week-end alors que les militaires professionnels qui n'obtenaient pas la moyenne à mes contrôles, dont je bâclais la correction, étaient irrémédiablement consignés.

Cette expérience incomparable fut enrichissante à tous points de vue.
Durant une longue année, j'ai rencontré des personnes très variées venues de milieux que je ne connaissais guère, exercé une activité aussi enrichissante que formatrice et mis en pratique notre belle devise Liberté, Égalité, Fraternité.
Il est urgent que les jeunes d'aujourd'hui puissent à nouveau bénéficier de cet exceptionnel apport.

J'allais oublier un petit détail.
Les terroristes d'Action Directe, prédécesseurs rouges des sinistres frères pois chiche, qui ont sévi dans les années 1980 et assassiné Georges Besse et le général Audran, avaient effectué leur service militaire. À l'inverse de votre serviteur, ils y avaient même appris à tirer.

#JesuisCharlie
Insoumiquement votre