Chers amies et amis
Je me permet - et j'espère que vous l'accepterez - de vous appeler amis car nous vivons dans le même pays et nous nous fréquentons au quotidien dans nos lieux de vie, dans les transports, au travail, dans les commerces ou encore lors de nos loisirs.
Vous avez une envie très forte - et peut-être l'avez-vous déjà fait - de voter Front National au cours des prochaines élections.
Par beaucoup de côtés, je vous comprends.
Le chômage massif et la croissance atone avec leur cortège de difficultés sont une détestable réalité qui dure depuis le premier choc pétrolier de 1973.
Désormais, presque deux générations sont nées avec aux oreilles ce mot lancinant de “crise”.
Notre situation économique, sociale et même sociétale s'est encore plus aggravée depuis 2008. Voici bientôt 7 ans, qu'aucune accalmie n'est en vue.
Pour comble de malheur, nos partis politiques traditionnels - et d'une manière plus générale ce qu'il est convenu d'appeler nos “élites” - semblent incapables de prendre la mesure de l'état réel de notre pays et du monde.
Leurs imaginations sont en berne, leurs propositions convenues et leurs gestions successives prévisibles et inefficaces. L'incantation et la tambouille électoraliste ont remplacé la réflexion et la stratégie.
Face à ce manque de boussole, Marine Le Pen et son parti ont le mérite de chercher à simplifier un univers devenu trop complexe et d'apparaître neufs vis-à-vis d'un échiquier politique usé jusqu'à la corde.
Toutefois, à trop simplifier, le risque est de confondre la proie et l'ombre, les causes et les effets.
Aussi, si votre inclination personnelle est de voter aux prochaines échéances électorales pour le Front National, avant que votre choix devienne définitif, je vous invite à l'examiner sous quatre angles peu évoqués dans le débat médiatique.
Le Front National évoque aussi une sortie de l'Euro et un retour au Franc, de manière à améliorer notre compétitivité par une dévaluation monétaire.
En apparence, ces mesures paraissent séduisantes puisqu'elles protégeraient, au moins partiellement, les usines hexagonales concurrencées par des entreprises étrangères au faible coût de main d'oeuvre.
Malheureusement, il faut s'attendre à des mesures de rétorsion, au moins équivalentes, de la part des pays empêchés d'exporter en France.
Or, actuellement, entre un gros quart et un petit tiers de tout ce qui est produit en France est vendu hors de nos frontières.
Autrement dit, sensiblement 1 emploi sur 3, à commencer par celui de votre serviteur, est directement dépendant des exportations.
Barrières douanières et dévaluation comportent même un second effet kiss cool.
Une grande part de ce que nous exportons, notamment nos productions industrielles le plus élaborées, intègre des composants fabriqués à l'étranger. Droits de douane et sortie de l'euro accroîtraient le coût, non seulement de nos importations, mais aussi de ce que nous exportons.
La France ne possède pas d'hydrocarbures dans son sous-sol et, donc, importe tout son pétrole et son gaz.
De même, les usines textiles ou électroniques ont presque complètement déserté notre pays.
Créer ou recréer de telles industries, même en supposant que nous ayons simultanément le financement et la volonté de le faire, nécessiterait de très longues années.
Dans l'intervalle, douane et dévaluation obligent, les prix de nos vêtements et de notre matériel informatique ou télévisuel ainsi que celui du carburant partiraient au plafond, une augmentation probablement de l'ordre du quart, voire du tiers, de leurs valeurs actuelles.
Il en irait de même pour toutes les autres importations non substituables à court terme.
Souhaitons-nous vraiment encore plus diminuer notre niveau de vie ?
Outre la mise en place, à l'étranger, de mesure identiques vis-à-vis de nos compatriotes, il faut s'attendre à ce que ces restrictions ternissent sérieusement l'image de la France, notamment dans les pays libéraux, à monnaie forte et à hauts revenus d'où viennent, chaque année, l'essentiel des 85 millions de touristes - 250 000 étrangers chaque jour - qui visitent notre bel Hexagone.
Souhaitons-nous vraiment vider nos plages, nos aéroports, nos hôtels et nos musées ?
Très difficile, dans ces conditions, de faire partie d'une alliance militaire destinée à lutter contre les guérillas terroristes, comme récemment au Mali ou actuellement en Irak et Syrie.
Impossible aussi d'y aller seul car nos moyens diplomatiques, militaires et budgétaires ne le permettent déjà pas.
Pourtant l'armée française, au niveau mondial, fait partie du cercle très fermé de la dizaine de forces capables d'être décisives sur le terrain.
Souhaitons-nous vraiment faire un cadeau inespéré aux djihadistes en leur enlevant un de leurs meilleurs ennemis ?
Vous espérez, autant que moi, le meilleur pour notre patrie, je n'ai aucun doute à ce sujet.
Notre pays possède beaucoup d'atouts que quelques coups de pouce pourraient aisément mettre au premier plan, à condition d'accepter la complexité et l'interdépendance du monde actuel.
Aussi, humblement, je vous demande, avant d'arrêter votre choix, de réfléchir aux quatre questions évoquées dans ce billet.
Êtes-vous certains, au fond de vous-même - au delà de l'énervement, voire du dégoût, que nous sommes nombreux à ressentir - d'agir, à moyen terme, en faveur de vos convictions et aussi des intérêts de la France et des français ?
Ou, autre manière de formuler les mêmes interrogations, êtes-vous certains que le Charles de Gaulle de juin 1940 - symbole du refus de la débâcle et du renoncement national - soutiendrait aujourd'hui le programme de Marine Le Pen ?
Franchement votre
Références et compléments
- Voir aussi :
. Une chronique détaillant le programme économique du Front National et ses effets de bord
. La chronique "Made in France : où sont vraiment les emplois ?"
. Un billet symétrique à propos du vote Ennadha en Tunisie
- Pour se remémorer les ordres de grandeur de l'économie des finances publiques françaises, les 4 chroniques :
. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les dépenses publiques françaises
. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les impôts et les taxes en France
. Tout ce que vous toujours voulu savoir sur le déficit public de la France
. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les pistes de sortie de crise
Je me permet - et j'espère que vous l'accepterez - de vous appeler amis car nous vivons dans le même pays et nous nous fréquentons au quotidien dans nos lieux de vie, dans les transports, au travail, dans les commerces ou encore lors de nos loisirs.
Vous avez une envie très forte - et peut-être l'avez-vous déjà fait - de voter Front National au cours des prochaines élections.
Par beaucoup de côtés, je vous comprends.
Le chômage massif et la croissance atone avec leur cortège de difficultés sont une détestable réalité qui dure depuis le premier choc pétrolier de 1973.
Désormais, presque deux générations sont nées avec aux oreilles ce mot lancinant de “crise”.
Notre situation économique, sociale et même sociétale s'est encore plus aggravée depuis 2008. Voici bientôt 7 ans, qu'aucune accalmie n'est en vue.
Pour comble de malheur, nos partis politiques traditionnels - et d'une manière plus générale ce qu'il est convenu d'appeler nos “élites” - semblent incapables de prendre la mesure de l'état réel de notre pays et du monde.
Leurs imaginations sont en berne, leurs propositions convenues et leurs gestions successives prévisibles et inefficaces. L'incantation et la tambouille électoraliste ont remplacé la réflexion et la stratégie.
Face à ce manque de boussole, Marine Le Pen et son parti ont le mérite de chercher à simplifier un univers devenu trop complexe et d'apparaître neufs vis-à-vis d'un échiquier politique usé jusqu'à la corde.
Toutefois, à trop simplifier, le risque est de confondre la proie et l'ombre, les causes et les effets.
Aussi, si votre inclination personnelle est de voter aux prochaines échéances électorales pour le Front National, avant que votre choix devienne définitif, je vous invite à l'examiner sous quatre angles peu évoqués dans le débat médiatique.
Souhaitons-nous mettre en danger 1 emploi français sur 3 ?
Pour doper notre économie, Marine Le Pen envisage de rétablir droits de douane et obstacles réglementaires aux frontières de la France.Le Front National évoque aussi une sortie de l'Euro et un retour au Franc, de manière à améliorer notre compétitivité par une dévaluation monétaire.
En apparence, ces mesures paraissent séduisantes puisqu'elles protégeraient, au moins partiellement, les usines hexagonales concurrencées par des entreprises étrangères au faible coût de main d'oeuvre.
Malheureusement, il faut s'attendre à des mesures de rétorsion, au moins équivalentes, de la part des pays empêchés d'exporter en France.
Or, actuellement, entre un gros quart et un petit tiers de tout ce qui est produit en France est vendu hors de nos frontières.
Autrement dit, sensiblement 1 emploi sur 3, à commencer par celui de votre serviteur, est directement dépendant des exportations.
Barrières douanières et dévaluation comportent même un second effet kiss cool.
Une grande part de ce que nous exportons, notamment nos productions industrielles le plus élaborées, intègre des composants fabriqués à l'étranger. Droits de douane et sortie de l'euro accroîtraient le coût, non seulement de nos importations, mais aussi de ce que nous exportons.
Souhaitons-nous vraiment plomber, encore plus qu'aujourd'hui, ce qui reste de nos fleurons industriels nationaux, Peugeot, Renault, Airbus et consorts ?
Souhaitons-nous l'augmentation du prix du carburant, des vêtements et des téléphones ?
Le fonctionnement de notre économie est très dépendant de l'étranger.La France ne possède pas d'hydrocarbures dans son sous-sol et, donc, importe tout son pétrole et son gaz.
De même, les usines textiles ou électroniques ont presque complètement déserté notre pays.
Créer ou recréer de telles industries, même en supposant que nous ayons simultanément le financement et la volonté de le faire, nécessiterait de très longues années.
Dans l'intervalle, douane et dévaluation obligent, les prix de nos vêtements et de notre matériel informatique ou télévisuel ainsi que celui du carburant partiraient au plafond, une augmentation probablement de l'ordre du quart, voire du tiers, de leurs valeurs actuelles.
Il en irait de même pour toutes les autres importations non substituables à court terme.
Souhaitons-nous vraiment encore plus diminuer notre niveau de vie ?
Souhaitons-nous la diminution du nombre de touristes ?
Le Front National, en plus des barrières économiques, projette de rompre les flux migratoires par une politique stricte de visas et de contrôles aux frontières.Outre la mise en place, à l'étranger, de mesure identiques vis-à-vis de nos compatriotes, il faut s'attendre à ce que ces restrictions ternissent sérieusement l'image de la France, notamment dans les pays libéraux, à monnaie forte et à hauts revenus d'où viennent, chaque année, l'essentiel des 85 millions de touristes - 250 000 étrangers chaque jour - qui visitent notre bel Hexagone.
Souhaitons-nous vraiment vider nos plages, nos aéroports, nos hôtels et nos musées ?
Souhaitons-nous faciliter la tâche des djihadistes ?
Les mesures économiques et migratoires prônées par Marine Le Pen, si elles étaient mises en oeuvre, couperaient assez nettement la France de ses voisins européens et de ses partenaires dits occidentaux ainsi que des pays africains et arabes.Très difficile, dans ces conditions, de faire partie d'une alliance militaire destinée à lutter contre les guérillas terroristes, comme récemment au Mali ou actuellement en Irak et Syrie.
Impossible aussi d'y aller seul car nos moyens diplomatiques, militaires et budgétaires ne le permettent déjà pas.
Pourtant l'armée française, au niveau mondial, fait partie du cercle très fermé de la dizaine de forces capables d'être décisives sur le terrain.
Souhaitons-nous vraiment faire un cadeau inespéré aux djihadistes en leur enlevant un de leurs meilleurs ennemis ?
Le sort de la France dépend de notre bulletin de vote
Chers amies et amis, l'avenir de notre pays - le mot n'est pas trop fort - se décidera au cours des prochains scrutins nationaux.Vous espérez, autant que moi, le meilleur pour notre patrie, je n'ai aucun doute à ce sujet.
Notre pays possède beaucoup d'atouts que quelques coups de pouce pourraient aisément mettre au premier plan, à condition d'accepter la complexité et l'interdépendance du monde actuel.
Aussi, humblement, je vous demande, avant d'arrêter votre choix, de réfléchir aux quatre questions évoquées dans ce billet.
Êtes-vous certains, au fond de vous-même - au delà de l'énervement, voire du dégoût, que nous sommes nombreux à ressentir - d'agir, à moyen terme, en faveur de vos convictions et aussi des intérêts de la France et des français ?
Ou, autre manière de formuler les mêmes interrogations, êtes-vous certains que le Charles de Gaulle de juin 1940 - symbole du refus de la débâcle et du renoncement national - soutiendrait aujourd'hui le programme de Marine Le Pen ?
Franchement votre
Références et compléments
- Voir aussi :
. Une chronique détaillant le programme économique du Front National et ses effets de bord
. La chronique "Made in France : où sont vraiment les emplois ?"
. Un billet symétrique à propos du vote Ennadha en Tunisie
- Pour se remémorer les ordres de grandeur de l'économie des finances publiques françaises, les 4 chroniques :
. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les dépenses publiques françaises
. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les impôts et les taxes en France
. Tout ce que vous toujours voulu savoir sur le déficit public de la France
. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les pistes de sortie de crise