À la fin des années 1700, la Grande Bretagne, les USA, la Corse et la France inventèrent, sous l'influence du mouvement dit des Lumières, la démocratie représentative et libérale moderne.
Cette incontestable avancée a presque aussitôt été accompagnée de son coté obscur, le nationalisme.
À peine l'encre du Congrès de Vienne eut-elle fini de sécher que, partout en Europe, des peuples se sont soulevés pour obtenir une nation bien à eux, le plus souvent au détriment d'autres ethnies et religions que les systèmes féodaux avaient négligemment entrelacées.
Au XXème siècle, la décolonisation, à son tour, a propagé les fièvres nationales à l'ensemble du globe.
Cette face détestable de nos systèmes politiques modernes est responsable, depuis deux siècles, d'innombrables massacres et contre-massacres. Écrasement du printemps des peuples de 1848, guerres balkaniques et les deux conflits mondiaux ne sont, hélas, que les plus saillants.
L'expansion du communisme et la guerre froide entre USA et URSS a, un temps, gelé les passions nationales.
L'écroulement du mur de Berlin en 1989 a sifflé le début de la seconde mi-temps.
Ex-Yougoslavie, ex-Tchécoslovaquie, Flandres, Écosse, Catalogne, Pays Basque, Irlande, Italie du Nord ... Rien qu'en Europe, la liste est longue des territoires où les velléités indépendantistes ou régionalistes ont (re)surgi.
Même dans les démocraties les plus établies, France en tête, des mouvements populistes et xénophobes occupent durablement le paysage politique avec des accents qui rappellent Déroulède, voire Mussolini.
Dernier épisode en date, l'Ukraine où deux légitimités historiques et linguistiques s'affrontent sans recherche de compromis.
Le pouvoir provisoire issu de la révolution de la place Maidan, au mépris de sa profession de foi européenne, s'est empressé, à peine en place, de bloquer l'usage du russe comme langue officielle.
Dans le même temps, le pouvoir et l'armée de Poutine préparent tranquillement l'annexion de la Crimée majoritairement russophone.
Le référendum prévu ce week-end par les autorités fantoches de Simferopol n'est pas sans rappeler celui qui permit à la France de Napoléon III d'annexer impunément en 1860 la Savoie et Nice. Le score d'approbation dépassa 99% et, dans plusieurs localités, les votants excédèrent les inscrits.
Le plus choquant dans la résurgence des nationalismes est que 2014 n'est ni 1848, ni 1922. Le monde actuel est beaucoup plus instruit, petit et interconnecté que naguère.
Partout, les niveaux d'enseignement n'ont jamais été aussi élevés et massifs.
Hommes et marchandises peuvent rejoindre n'importe quel point de la planète en moins de deux jours à des coûts de plus en plus abordables.
Télécommunications et informatique, à tout instant, nous relient les uns aux autres et donnent un accès immédiat à des océans de connaissance.
Comme le dit Michel Serres, le lointain a disparu, nous n'avons plus que des prochains.
Dans un tel contexte, combien de temps allons-nous encore tolérer que l'anachronique tentation de Verdun hante les esprits de nombreux dirigeants ou militants et que des personnes se sacrifient pour défendre quelques arpents du territoire soit-disant sacré d'une amère patrie ?
Il est grand temps que nos démocraties passent à l'age adulte et se débarrassent de leurs sombres oripeaux.
La nationalité est un concept éculé et délétère que la citoyenneté devrait remplacer. L'usage des fanions patriotiques n'a de sens que lors des manifestations folkloriques appelées rencontres sportives.
Fort heureusement, les mutations en cours ont, bon an mal an, de bonnes chances de nous aider à franchir rapidement ce cap nécessaire.
Par exemple, la belle initiative numérique "Israël loves Iran" de Ronny Edry démontre que les colombes peuvent maintenant court-circuiter les faucons (et aussi les vrais).
Mondialo-numérico-métissiquement votre
Références et compléments
- Le site histoirepostale.net relate la montée et les déchirements des nationalismes européens au XIXème siècle. Les pages consacrées à Nice et à la Savoie rappellent l'annexion française de 1860 au cours du Risorgimento italien.
- La conférence "l'innovation et le numérique" donnée par Michel Serres à la Sorbonne en 2013.
- La vidéo publiée par TED de Ronny Edry qui proclame "Israël loves Iran".
Cette incontestable avancée a presque aussitôt été accompagnée de son coté obscur, le nationalisme.
À peine l'encre du Congrès de Vienne eut-elle fini de sécher que, partout en Europe, des peuples se sont soulevés pour obtenir une nation bien à eux, le plus souvent au détriment d'autres ethnies et religions que les systèmes féodaux avaient négligemment entrelacées.
Au XXème siècle, la décolonisation, à son tour, a propagé les fièvres nationales à l'ensemble du globe.
Cette face détestable de nos systèmes politiques modernes est responsable, depuis deux siècles, d'innombrables massacres et contre-massacres. Écrasement du printemps des peuples de 1848, guerres balkaniques et les deux conflits mondiaux ne sont, hélas, que les plus saillants.
L'expansion du communisme et la guerre froide entre USA et URSS a, un temps, gelé les passions nationales.
L'écroulement du mur de Berlin en 1989 a sifflé le début de la seconde mi-temps.
Ex-Yougoslavie, ex-Tchécoslovaquie, Flandres, Écosse, Catalogne, Pays Basque, Irlande, Italie du Nord ... Rien qu'en Europe, la liste est longue des territoires où les velléités indépendantistes ou régionalistes ont (re)surgi.
Même dans les démocraties les plus établies, France en tête, des mouvements populistes et xénophobes occupent durablement le paysage politique avec des accents qui rappellent Déroulède, voire Mussolini.
Dernier épisode en date, l'Ukraine où deux légitimités historiques et linguistiques s'affrontent sans recherche de compromis.
Le pouvoir provisoire issu de la révolution de la place Maidan, au mépris de sa profession de foi européenne, s'est empressé, à peine en place, de bloquer l'usage du russe comme langue officielle.
Dans le même temps, le pouvoir et l'armée de Poutine préparent tranquillement l'annexion de la Crimée majoritairement russophone.
Le référendum prévu ce week-end par les autorités fantoches de Simferopol n'est pas sans rappeler celui qui permit à la France de Napoléon III d'annexer impunément en 1860 la Savoie et Nice. Le score d'approbation dépassa 99% et, dans plusieurs localités, les votants excédèrent les inscrits.
Le plus choquant dans la résurgence des nationalismes est que 2014 n'est ni 1848, ni 1922. Le monde actuel est beaucoup plus instruit, petit et interconnecté que naguère.
Partout, les niveaux d'enseignement n'ont jamais été aussi élevés et massifs.
Hommes et marchandises peuvent rejoindre n'importe quel point de la planète en moins de deux jours à des coûts de plus en plus abordables.
Télécommunications et informatique, à tout instant, nous relient les uns aux autres et donnent un accès immédiat à des océans de connaissance.
Comme le dit Michel Serres, le lointain a disparu, nous n'avons plus que des prochains.
Dans un tel contexte, combien de temps allons-nous encore tolérer que l'anachronique tentation de Verdun hante les esprits de nombreux dirigeants ou militants et que des personnes se sacrifient pour défendre quelques arpents du territoire soit-disant sacré d'une amère patrie ?
Il est grand temps que nos démocraties passent à l'age adulte et se débarrassent de leurs sombres oripeaux.
La nationalité est un concept éculé et délétère que la citoyenneté devrait remplacer. L'usage des fanions patriotiques n'a de sens que lors des manifestations folkloriques appelées rencontres sportives.
Fort heureusement, les mutations en cours ont, bon an mal an, de bonnes chances de nous aider à franchir rapidement ce cap nécessaire.
Par exemple, la belle initiative numérique "Israël loves Iran" de Ronny Edry démontre que les colombes peuvent maintenant court-circuiter les faucons (et aussi les vrais).
Mondialo-numérico-métissiquement votre
Références et compléments
- Le site histoirepostale.net relate la montée et les déchirements des nationalismes européens au XIXème siècle. Les pages consacrées à Nice et à la Savoie rappellent l'annexion française de 1860 au cours du Risorgimento italien.
- La conférence "l'innovation et le numérique" donnée par Michel Serres à la Sorbonne en 2013.
- La vidéo publiée par TED de Ronny Edry qui proclame "Israël loves Iran".