À Bilbao et dans ses alentours, la crise qui ravage actuellement l'Espagne est partout. Même en jouant au touriste en goguette, il est impossible d'y échapper.
Exceptées deux ou trois artères de l'hyper-centre, chaque rue possède son lot de commerces fermés, à louer ou à vendre. Les banlieues ouvrières ont des allures de villes sinistrées et même les villages de campagne ne respirent pas la santé.
Beaucoup d'appartements et de maison sont aussi à céder.
Sur la côte cantabrique, de nombreuses constructions récentes ont pris la place des anciennes mines de fer et défigurent la façade maritime de la route de Compostelle.
Des pavillons et des chalets aux dimensions cossues ont poussé un peu partout, y compris devant des décharges ou des usines chimiques qui, elles aussi, contemplent la baie de Biscaye.
Plusieurs de ces hameaux d'un nouveau style sont entièrement inoccupés. A l'entrée de ces lotissements fantômes, petit à petit, la pluie lessive les affiches aux promesses fallacieuses des promoteurs immobiliers.
Le port de Bilbao, pourtant très étendu le long d'un estuaire, a une activité anémique. Peu de bateaux sont à quai, beaucoup de zones de stockage sont vides et les grues de chargement sont à l'arrêt.
Les parages, jadis couverts d'usines, sont désormais des friches industrielles. Le grand site sidérurgique, dont une partie appartient à Mittal, agonise : parkings désertés, façades défraîchies et peu de fumées.
Même les bordels kitsch - pourtant grande spécialité ibérique - piquent du nez. Au milieu des usines fermées, un château-fort en carton-pâte défendu par des naïades nues en plâtre est à vendre ...
Les commerces survivants m'ont presque procuré un bain de jouvence.
De nombreux magasins sont des boutiques familiales aux saveurs d'autrefois : drogueries, merceries, chapelleries, "articles de mode", corseterie, bonneterie ...
Disparus en France durant les années 1970 et 1980, ces commerces traditionnels représentent encore sensiblement un bon tiers des magasins basques.
Autre relent traditionnel, le centre de Bilbao est totalement fermé durant la pause de la mi-journée, c'est à dire entre 14 et 16 heures. Du coup, bars et restaurants, très nombreux, sont relativement pleins. Que faire d'autre que de picoler et fumer en attendant que bureaux et boutiques veuillent bien rouvrir ?
Bien entendu, entreprises de grande distribution, chaînes de franchise et marques internationales font nettement plus que pointer le bout de leur nez. En banlieue, les centres commerciaux commencent à succéder aux usines et tentent d'attirer non-stop le chaland.
L'issue de ce combat inégal est connu et risque de prolonger la crise. La transformation, qui a eu lieu en France durant les années de croissance échevelée baptisées trente glorieuses, va survenir en Espagne en période de dépression.
Un seul type de commerce sort bizarrement du lot. Les agences de banques et d'institutions financières sont pléthoriques. Je n'ai pas réussi à en repérer une seule de fermée.
Ces officines, qui sont les responsables majeurs du marasme ambiant, semblent s'être multipliées. J'estime qu'elles sont grosso modo deux à quatre fois plus nombreuses qu'en France.
Heureusement, beaucoup de ces agences sont recouvertes de graffitis et d'affiches syndicaux pointant leurs responsabilités dans le déclenchement de la crise.
Au cœur de Bilbao, une magnifique statue de Mercure trône au sommet d'un bâtiment historique de la banque BBVA. Cette divinité romaine est le dieu du commerce et des voyages. C'est aussi celui des voleurs ...
Criso-basquement votre
Exceptées deux ou trois artères de l'hyper-centre, chaque rue possède son lot de commerces fermés, à louer ou à vendre. Les banlieues ouvrières ont des allures de villes sinistrées et même les villages de campagne ne respirent pas la santé.
Beaucoup d'appartements et de maison sont aussi à céder.
Sur la côte cantabrique, de nombreuses constructions récentes ont pris la place des anciennes mines de fer et défigurent la façade maritime de la route de Compostelle.
Des pavillons et des chalets aux dimensions cossues ont poussé un peu partout, y compris devant des décharges ou des usines chimiques qui, elles aussi, contemplent la baie de Biscaye.
Plusieurs de ces hameaux d'un nouveau style sont entièrement inoccupés. A l'entrée de ces lotissements fantômes, petit à petit, la pluie lessive les affiches aux promesses fallacieuses des promoteurs immobiliers.
Le port de Bilbao, pourtant très étendu le long d'un estuaire, a une activité anémique. Peu de bateaux sont à quai, beaucoup de zones de stockage sont vides et les grues de chargement sont à l'arrêt.
Les parages, jadis couverts d'usines, sont désormais des friches industrielles. Le grand site sidérurgique, dont une partie appartient à Mittal, agonise : parkings désertés, façades défraîchies et peu de fumées.
Même les bordels kitsch - pourtant grande spécialité ibérique - piquent du nez. Au milieu des usines fermées, un château-fort en carton-pâte défendu par des naïades nues en plâtre est à vendre ...
Les commerces survivants m'ont presque procuré un bain de jouvence.
De nombreux magasins sont des boutiques familiales aux saveurs d'autrefois : drogueries, merceries, chapelleries, "articles de mode", corseterie, bonneterie ...
Disparus en France durant les années 1970 et 1980, ces commerces traditionnels représentent encore sensiblement un bon tiers des magasins basques.
Autre relent traditionnel, le centre de Bilbao est totalement fermé durant la pause de la mi-journée, c'est à dire entre 14 et 16 heures. Du coup, bars et restaurants, très nombreux, sont relativement pleins. Que faire d'autre que de picoler et fumer en attendant que bureaux et boutiques veuillent bien rouvrir ?
Bien entendu, entreprises de grande distribution, chaînes de franchise et marques internationales font nettement plus que pointer le bout de leur nez. En banlieue, les centres commerciaux commencent à succéder aux usines et tentent d'attirer non-stop le chaland.
L'issue de ce combat inégal est connu et risque de prolonger la crise. La transformation, qui a eu lieu en France durant les années de croissance échevelée baptisées trente glorieuses, va survenir en Espagne en période de dépression.
Un seul type de commerce sort bizarrement du lot. Les agences de banques et d'institutions financières sont pléthoriques. Je n'ai pas réussi à en repérer une seule de fermée.
Ces officines, qui sont les responsables majeurs du marasme ambiant, semblent s'être multipliées. J'estime qu'elles sont grosso modo deux à quatre fois plus nombreuses qu'en France.
Heureusement, beaucoup de ces agences sont recouvertes de graffitis et d'affiches syndicaux pointant leurs responsabilités dans le déclenchement de la crise.
Au cœur de Bilbao, une magnifique statue de Mercure trône au sommet d'un bâtiment historique de la banque BBVA. Cette divinité romaine est le dieu du commerce et des voyages. C'est aussi celui des voleurs ...
Criso-basquement votre