La démocratie parlementaire représentative qui, au fil de l’histoire, s'est imposée en Europe, en Amérique du Nord et dans bon nombre d’autres pays est désormais à bout de souffle. La montée généralisée des populismes en est le symptôme le plus flagrant.
Ce système, après de longues prémisses en Islande et surtout en Angleterre, s'est généralisé au XVIIIème siècle à partir de la Suède, des tous neufs États-Unis et de la France.
Sa forme actuelle a émergé grosso modo entre 1720 et 1800. Le XIXème siècle a raffiné et stabilisé les modes de fonctionnement qui n’ont plus guère évolué par la suite.
Beaucoup d'états, à l’instar de la France, ont connu plusieurs constitutions successives.
Toutefois, ces différentes moutures ont toujours conservé l'architecture générale du parlementarisme, se contentant de modifier à la marge les modes de scrutin et la répartition exacte des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires.
Vers 1780, lors de la naissance des régimes parlementaires, l’Europe était encore très proche du Moyen-Âge.
L'économie, essentiellement agricole, reposait sur les grands propriétaires fonciers et les corporations.
Le capitalisme moderne restait encore balbutiant et la Révolution Industrielle n'avait véritablement commencé qu’en Grande-Bretagne.
Les médias se limitaient aux gazettes et aux livres, à la diffusion lente et coûteuse.
En France, ils ne pouvaient toucher que 4 hommes et 2 femmes sur 10. Le reste de la population ne savait ni lire, ni écrire.
Moins d'un homme sur 100 accédait à ce que nous nommons aujourd'hui l'éducation supérieure.
Le cheval et la diligence étaient les seuls moyens de transport sur longue distance. Lyon et Marseille se situaient alors respectivement à 5 et 9 jours de Paris. Les communications étaient limitées à la malle-poste qui utilisait les même moyens d’acheminement.
La France comptait alors entre 20 et 25 millions d’habitants, dont plus de 4 sur 5 vivaient à la campagne. Désormais, 5 français sur 6 habitent en zone urbaine.
L'espérance de vie à la naissance oscillait entre 30 et 40 ans, contre presque 85 maintenant.
Dans les familles, épouse et enfants se soumettaient à l’autorité du chef de famille qui décidait de la vie de tous ceux qui logeaient sous son toit.
Domesticité ainsi que fermages et métayages aux conditions très dures mettaient plus des deux tiers des français en situation de sujétion et de dépendance.
Si la Révolution Française a beaucoup fait évoluer le droit dans ces domaines, elle n'a que peu changé la réalité quotidienne. Ce n'est qu’au XXème siècle que le salariat et le travail industriel sont devenus majoritaires.
Dans les années 1800, la réunion d’assemblées parlementaires en sessions régulières et leurs mécanismes d'élection, d'élaboration des textes législatifs, de décision et de censure représentaient une vraie modernité bien adaptée à la société et au rythme d'alors.
Ils mirent fin, avec beaucoup de cahots et de chaos, à l'absolutisme féodal et permirent aux libertés et aux protections sociales de se développer.
Aujourd'hui, nous évoluons dans un univers très différent, en mutation constante, marqué par l’explosion urbaine, l'universalité du capitalisme, l'abolition des distances, l'accélération du temps, l'abondance de l’information et la montée de l’individu.
L'ADN du parlementarisme traditionnel ne recèle que peu de maillons aptes à relever ces défis.
Une mise à jour en profondeur du code génétique de nos institutions s'avère indispensable.
Je souhaite de tout cœur que la génération des “digital natives” ne se limite pas à mettre notre société cul par dessus tête mais en profite aussi pour inventer, dare-dare, de nouvelles organisations politiques adaptées à notre temps. Nous en avons un urgent besoin.
Démofuturiquement votre
Références et compléments
- Voir aussi les chroniques :
. Une voiture est-elle moins chère qu'un cheval sous Louis XV ?
. La nourriture est-elle moins chère que sous Louis XV ?
. Généalogie de la croissance. Quand l'histoire familiale raconte l'économie et la démographie
. Quelles sont les professions menacées par la troisième révolution industrielle ?
. Quelles sont les racines de l'extrême-droite populiste ? Comment la faire reculer ?
Ce système, après de longues prémisses en Islande et surtout en Angleterre, s'est généralisé au XVIIIème siècle à partir de la Suède, des tous neufs États-Unis et de la France.
Sa forme actuelle a émergé grosso modo entre 1720 et 1800. Le XIXème siècle a raffiné et stabilisé les modes de fonctionnement qui n’ont plus guère évolué par la suite.
Beaucoup d'états, à l’instar de la France, ont connu plusieurs constitutions successives.
Toutefois, ces différentes moutures ont toujours conservé l'architecture générale du parlementarisme, se contentant de modifier à la marge les modes de scrutin et la répartition exacte des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires.
Vers 1780, lors de la naissance des régimes parlementaires, l’Europe était encore très proche du Moyen-Âge.
L'économie, essentiellement agricole, reposait sur les grands propriétaires fonciers et les corporations.
Le capitalisme moderne restait encore balbutiant et la Révolution Industrielle n'avait véritablement commencé qu’en Grande-Bretagne.
Les médias se limitaient aux gazettes et aux livres, à la diffusion lente et coûteuse.
En France, ils ne pouvaient toucher que 4 hommes et 2 femmes sur 10. Le reste de la population ne savait ni lire, ni écrire.
Moins d'un homme sur 100 accédait à ce que nous nommons aujourd'hui l'éducation supérieure.
Le cheval et la diligence étaient les seuls moyens de transport sur longue distance. Lyon et Marseille se situaient alors respectivement à 5 et 9 jours de Paris. Les communications étaient limitées à la malle-poste qui utilisait les même moyens d’acheminement.
La France comptait alors entre 20 et 25 millions d’habitants, dont plus de 4 sur 5 vivaient à la campagne. Désormais, 5 français sur 6 habitent en zone urbaine.
L'espérance de vie à la naissance oscillait entre 30 et 40 ans, contre presque 85 maintenant.
Dans les familles, épouse et enfants se soumettaient à l’autorité du chef de famille qui décidait de la vie de tous ceux qui logeaient sous son toit.
Domesticité ainsi que fermages et métayages aux conditions très dures mettaient plus des deux tiers des français en situation de sujétion et de dépendance.
Si la Révolution Française a beaucoup fait évoluer le droit dans ces domaines, elle n'a que peu changé la réalité quotidienne. Ce n'est qu’au XXème siècle que le salariat et le travail industriel sont devenus majoritaires.
Dans les années 1800, la réunion d’assemblées parlementaires en sessions régulières et leurs mécanismes d'élection, d'élaboration des textes législatifs, de décision et de censure représentaient une vraie modernité bien adaptée à la société et au rythme d'alors.
Ils mirent fin, avec beaucoup de cahots et de chaos, à l'absolutisme féodal et permirent aux libertés et aux protections sociales de se développer.
Aujourd'hui, nous évoluons dans un univers très différent, en mutation constante, marqué par l’explosion urbaine, l'universalité du capitalisme, l'abolition des distances, l'accélération du temps, l'abondance de l’information et la montée de l’individu.
L'ADN du parlementarisme traditionnel ne recèle que peu de maillons aptes à relever ces défis.
Une mise à jour en profondeur du code génétique de nos institutions s'avère indispensable.
Je souhaite de tout cœur que la génération des “digital natives” ne se limite pas à mettre notre société cul par dessus tête mais en profite aussi pour inventer, dare-dare, de nouvelles organisations politiques adaptées à notre temps. Nous en avons un urgent besoin.
Démofuturiquement votre
Références et compléments
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