En ces temps de crise aiguë et de déficit public abyssal, j'ai empoigné le petit bout de la lorgnette pour analyser les finances de Meylan, la sympathique commune où je réside, à proximité de Grenoble dans le département de l'Isère.
Fidèle aux us et coutumes de ce blog, je me suis rendu sur le site de la mairie pour tenter de récupérer des données du budget 2014.
À l'instar de la communauté de communes "la Métro" alpaguée dans une précédente chronique, les informations financières communales sont pour le moins fractionnées et filandreuses. Le document de présentation du budget comporte plus de texte que de chiffres.
Meylan, qui ne compte pourtant que 17 500 habitants, dispose quand même de 4 budgets distincts : un pour le "fonctionnement", un pour les "investissements", un pour des opérations immobilières dans une zone d'activités économiques et un petit dernier pour l'eau potable.
Sensiblement 1 euro sur 5 dépensés par la mairie est répertorié dans des "annexes".
À croire que la municipalité sortante souhaite entourer sa gestion d'un écran de fumée.
Dans un souci de clarté, j'ai donc effectué les additions jugées inutiles par les élus de la majorité comme de l'opposition et regroupé les finances meylanaises en un seul compte.
Emporté par mon élan, j'ai aussi commis quelques divisions afin d'exprimer les valeurs en euros mensuels par meylanais afin de pouvoir les comparer à des revenus et dépenses familiales.
Le budget 2014 de Meylan est légèrement inférieur à 37 millions d'euros.
Cette somme représente pour chaque habitant, 2 100 €, soit 2 SMIC mensuels, environ 175 € par mois.
Les recettes municipales proviennent à quatre cinquièmes de notre fiscalité, 140 € mensuels par meylanais.
Les impôts dits locaux fournissent la plus grosse part, 120 € par mois.
Les 20 € restants sont assurés par des dotations de l'état et quelques très menues subventions, dont le financement, ne l'oublions jamais, est aussi fiscal.
20% des recettes, 35 € mensuels par tête, sont issus des ventes de services ou de biens effectuées par la mairie.
La rémunération du personnel communal représente la moitié des dépenses, 90 € mensuels par habitant.
Les achats ainsi que les dépenses inclassables sont le second poste, un petit tiers du budget, 50 € mensuels par habitant.
Les véritables investissements ne pèsent qu'un dixième des dépenses communales, 20 € par mois.
Ils sont suivis de près par les intérêts d'emprunt, 12 € mensuels par meylanais, et par le remboursement de la dette communale, 6 € par mois.
La dette de Meylan s'élève à environ 25 millions d'euros, 1 400 € par tête, un mois et demi de SMIC.
Le budget étant légèrement excédentaire, ces emprunts devraient baisser d'environ 1 million en 2014, après un accroissement d'un quart depuis 2008.
Les emprunts municipaux représentent 8 mois des recettes de la ville, à comparer à l'ensemble de la dette publique française qui culmine presque deux ans d'impôts et cotisations.
L'éducation, essentiellement maternelle et primaire, est la première dépense municipale, un gros cinquième du budget, 40 € mensuel par habitant.
Immédiatement derrière vient le fonctionnement de la mairie, ce que l'on nomme dans les entreprises frais généraux ou frais de structure.
Tous les mois, chaque meylanais fournit 35 € - un peu plus d'un euro par jour - pour assurer la marche des services municipaux.
La mairie de Meylan auto-consomme un cinquième de ses recettes.
En troisième et quatrième position arrivent les aménagements urbains et la culture avec 25 et 20 € par mois et par tête.
Le développement économique n'est guère une priorité. Il ne représente qu'un quatorzième du budget de Meylan, 12 € mensuels par habitant.
Le sport suit de près avec 9 € par mois.
La sécurité, l'action sociale et l'habitat sont les parents pauvres des finances communales avec respectivement 7, 5 et 4 euros par mois et par meylanais. Moins de 10% de l'activité communale pour l'ensemble de ces trois politiques !
Les élections municipales approchant à grands pas, j'espère que ces quelques données économiques permettront à chacun de préciser son opinion sur le mandat de l'équipe sortante et sur les propositions des futurs candidats à la mairie de Meylan.
Meylanaisement votre
Références et compléments
- Chronique rédigée et publiée début janvier 2014.
- Voir aussi d'autres chroniques
Les valeurs ont été arrondies dans un souci de lisibilité.
- L'auteur, citoyen libre, est totalement indépendant, n'est membre d'aucune formation politique et ne soutient aucun candidat aux élections municipales de Meylan.
Les 4 graphiques de ce billet ne sont pas libres de droit et ne peuvent, en aucun cas, être utilisés sans autorisation à des fins électorales ou journalistiques.
Le texte de la chronique y compris ses chiffres sont mis à disposition conformément à un contrat de licence Creative Commons 2.0 (paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique). Le respect de cette licence libre est particulièrement impératif en cas d'usage électoral ou journalistique.
- Comme à chaque fois que j'épingle des politiques sur ce blog, je rappelle que ces colonnes leur sont ouvertes pour un droit de réponse.
Fidèle aux us et coutumes de ce blog, je me suis rendu sur le site de la mairie pour tenter de récupérer des données du budget 2014.
À l'instar de la communauté de communes "la Métro" alpaguée dans une précédente chronique, les informations financières communales sont pour le moins fractionnées et filandreuses. Le document de présentation du budget comporte plus de texte que de chiffres.
Meylan, qui ne compte pourtant que 17 500 habitants, dispose quand même de 4 budgets distincts : un pour le "fonctionnement", un pour les "investissements", un pour des opérations immobilières dans une zone d'activités économiques et un petit dernier pour l'eau potable.
Sensiblement 1 euro sur 5 dépensés par la mairie est répertorié dans des "annexes".
À croire que la municipalité sortante souhaite entourer sa gestion d'un écran de fumée.
Dans un souci de clarté, j'ai donc effectué les additions jugées inutiles par les élus de la majorité comme de l'opposition et regroupé les finances meylanaises en un seul compte.
Emporté par mon élan, j'ai aussi commis quelques divisions afin d'exprimer les valeurs en euros mensuels par meylanais afin de pouvoir les comparer à des revenus et dépenses familiales.
Le budget 2014 de Meylan est légèrement inférieur à 37 millions d'euros.
Cette somme représente pour chaque habitant, 2 100 €, soit 2 SMIC mensuels, environ 175 € par mois.
Les recettes municipales proviennent à quatre cinquièmes de notre fiscalité, 140 € mensuels par meylanais.
Les impôts dits locaux fournissent la plus grosse part, 120 € par mois.
Les 20 € restants sont assurés par des dotations de l'état et quelques très menues subventions, dont le financement, ne l'oublions jamais, est aussi fiscal.
20% des recettes, 35 € mensuels par tête, sont issus des ventes de services ou de biens effectuées par la mairie.
Recettes municipales 2014 de Meylan en euros mensuels par habitant |
Les achats ainsi que les dépenses inclassables sont le second poste, un petit tiers du budget, 50 € mensuels par habitant.
Les véritables investissements ne pèsent qu'un dixième des dépenses communales, 20 € par mois.
Ils sont suivis de près par les intérêts d'emprunt, 12 € mensuels par meylanais, et par le remboursement de la dette communale, 6 € par mois.
Dépenses municipales 2014 de Meylan en euros mensuels par habitant |
Le budget étant légèrement excédentaire, ces emprunts devraient baisser d'environ 1 million en 2014, après un accroissement d'un quart depuis 2008.
Les emprunts municipaux représentent 8 mois des recettes de la ville, à comparer à l'ensemble de la dette publique française qui culmine presque deux ans d'impôts et cotisations.
Dette publique de Meylan et de la France exprimée en mois de recettes |
Immédiatement derrière vient le fonctionnement de la mairie, ce que l'on nomme dans les entreprises frais généraux ou frais de structure.
Tous les mois, chaque meylanais fournit 35 € - un peu plus d'un euro par jour - pour assurer la marche des services municipaux.
La mairie de Meylan auto-consomme un cinquième de ses recettes.
En troisième et quatrième position arrivent les aménagements urbains et la culture avec 25 et 20 € par mois et par tête.
Le développement économique n'est guère une priorité. Il ne représente qu'un quatorzième du budget de Meylan, 12 € mensuels par habitant.
Le sport suit de près avec 9 € par mois.
La sécurité, l'action sociale et l'habitat sont les parents pauvres des finances communales avec respectivement 7, 5 et 4 euros par mois et par meylanais. Moins de 10% de l'activité communale pour l'ensemble de ces trois politiques !
Dépenses municipales 2014 de Meylan en euros mensuels par habitant |
Meylanaisement votre
Références et compléments
- Chronique rédigée et publiée début janvier 2014.
- Voir aussi d'autres chroniques
- "La Pravda ressuscite à Meylan" sur la propagande municipale ordinaire et dispendieuse
- "Un trottoir vers nulle part ou comment à Meylan creuser les déficits et le sol simultanément"
- L'ensemble de mes billets sur Meylan
- "Tout savoir (ou presque) sur le déficit public de la France"
- "Merci aux élus locaux et à l'équipe de rugby de Grenoble".
Les valeurs ont été arrondies dans un souci de lisibilité.
- L'auteur, citoyen libre, est totalement indépendant, n'est membre d'aucune formation politique et ne soutient aucun candidat aux élections municipales de Meylan.
Les 4 graphiques de ce billet ne sont pas libres de droit et ne peuvent, en aucun cas, être utilisés sans autorisation à des fins électorales ou journalistiques.
Le texte de la chronique y compris ses chiffres sont mis à disposition conformément à un contrat de licence Creative Commons 2.0 (paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique). Le respect de cette licence libre est particulièrement impératif en cas d'usage électoral ou journalistique.
- Comme à chaque fois que j'épingle des politiques sur ce blog, je rappelle que ces colonnes leur sont ouvertes pour un droit de réponse.