Nombre d'analyses de la consommation en France se focalisent exclusivement sur les pourcentages.
Leurs auteurs peuvent ainsi nous expliquer doctement que nos dépenses d'alimentation et d'habillement s'écroulent alors que celles consacrées aux télécommunications et aux loisirs explosent.
À les croire, les entreprises de victuailles ou de textile devraient dare-dare se reconvertir dans l'internet ou, à défaut, mettre la clef sous la porte.
La réalité est plus subtile. Je propose que nous l'examinions ensemble.
Actuellement, nous approchons des 1 200 € par français.
Hors inflation des prix, en moins de deux générations, nous avons multiplié par 2 nos achats.
En 1960, 210 € suffisaient. À l'époque, cela équivalait à un gros tiers des dépenses des ménages. L'expression "gagner son pain" conservait alors tout son sens.
Un demi-siècle plus tard, nous ne mangeons pas plus mais notre alimentation est devenue plus élaborée et plus diverse.
Un cinquième de nos dépenses, 220 € par mois et par personne, sert à nous abriter de la pluie et des embruns.
En 1960, s'abriter coûtait 80 € mensuels, mais le confort actuel et d'alors sont-ils comparables ?
Un sixième de nos achats sert nous transbahuter, 200 € par mois et par tête de pipe.
Soit le triple qu'en 1960, l'automobile mais aussi aux transports collectifs nous ont donné la bougeotte.
Actuellement, ces valeurs ont presque doublé. Pas si mal pour des montants soit-disant en recul !
En 2007, téléphonie mobile, ordinateurs et internet obligent, cette somme s'était envolée à 70 €.
Depuis la progression n'a pas cessé et ne semble pas décidée à stopper.
Toutes catégories confondues, un petit tiers de nos achats est devenu immatériel.
De toutes les rubriques détaillées suivies par la comptabilité nationale française, une seule a diminué en volume depuis 1960, la réparation des biens de consommation courante. Nous préférons désormais jeter plutôt que de retaper.
Toutefois, certains produits ou services tirent mieux leur épingle du jeu que d'autres. Même avec beaucoup de bonne volonté, il est vraiment difficile de manger deux fois plus, par contre notre soif d'information - au sens étymologique - est potentiellement illimitée.
La stratégie des entreprises doit s'adapter à cette donne.
Ainsi, le secteur agro-alimentaire doit rechercher l'augmentation de la valeur de ses productions alors que télécommunications & informatique ont intérêt, pour l'instant, à être obsédées par les volumes.
Consumériquement votre
Références et compléments
- Voir aussi les chroniques :
- Tous les valeurs proposées dans ce billet sont issues, directement ou après recalcul, du dossier de l'INSEE, l'institut français de statistiques économiques, "la consommation des ménages depuis 50 ans" publié sur la base de données de 2007.
Ce sont, malheureusement, les chiffres détaillés les plus récents que j'ai réussi à dégoter.
Les valeurs sont exprimées, hors inflation, en euros constants de 2007.
Il s'agit de la consommation et non pas des revenus. Impôts, cotisations sociales et épargne viennent s'intercaler entre ces deux agrégats.
La catégorie santé recouvre exclusivement les cotisations aux mutuelles ainsi que les dépenses non remboursées.
Les chiffres ont été arrondis pour faciliter la compréhension.
Leurs auteurs peuvent ainsi nous expliquer doctement que nos dépenses d'alimentation et d'habillement s'écroulent alors que celles consacrées aux télécommunications et aux loisirs explosent.
À les croire, les entreprises de victuailles ou de textile devraient dare-dare se reconvertir dans l'internet ou, à défaut, mettre la clef sous la porte.
La réalité est plus subtile. Je propose que nous l'examinions ensemble.
En 50 ans, notre consommation a doublé
Vers 1960, la génération de mes parents - une fois soustraits impôts et épargne - dépensait en moyenne mensuelle un peu moins de 600 € (valeur 2007) par personne.Actuellement, nous approchons des 1 200 € par français.
Hors inflation des prix, en moins de deux générations, nous avons multiplié par 2 nos achats.
Dépenses mensuelles de consommation en France en euros constants (valeur 2007) par personne |
La bouffe toujours largement en tête
Un quart de notre consommation est consacré à manger, boire et fumer, 300 € mensuels par bouche à nourrir.En 1960, 210 € suffisaient. À l'époque, cela équivalait à un gros tiers des dépenses des ménages. L'expression "gagner son pain" conservait alors tout son sens.
Un demi-siècle plus tard, nous ne mangeons pas plus mais notre alimentation est devenue plus élaborée et plus diverse.
Avoir un toit nuit gravement à son portefeuille
Juste après le couvert, le gîte est le second adversaire de nos comptes en banque.Un cinquième de nos dépenses, 220 € par mois et par personne, sert à nous abriter de la pluie et des embruns.
En 1960, s'abriter coûtait 80 € mensuels, mais le confort actuel et d'alors sont-ils comparables ?
De plus en en plus mobiles
Aujourd'hui, comme durant les trente glorieuses, les transports en tous genres constituent le troisième poste de nos dépenses.Un sixième de nos achats sert nous transbahuter, 200 € par mois et par tête de pipe.
Soit le triple qu'en 1960, l'automobile mais aussi aux transports collectifs nous ont donné la bougeotte.
Habillement et loisirs progressent gentiment
Vers 1960, un français consacrait de l'ordre de 60 € mensuels à chacun de ces deux types de consommations.Actuellement, ces valeurs ont presque doublé. Pas si mal pour des montants soit-disant en recul !
Télécommunications et informatique arrivent de nulle part
Lorsque la moitié de la France attendait sa ligne téléphonique et l'autre moitié la tonalité, les dépenses de communication se limitaient à l'achat de timbres et de papier à lettre, soit à peine 1 € mensuel par personne.En 2007, téléphonie mobile, ordinateurs et internet obligent, cette somme s'était envolée à 70 €.
Depuis la progression n'a pas cessé et ne semble pas décidée à stopper.
De plus en plus de services
Santé, éducation, assurances, finances ... toutes ces activités contribuent à trouer notre porte-monnaie de 180 € chaque mois. Deux fois et demi plus qu'en 1960.Toutes catégories confondues, un petit tiers de nos achats est devenu immatériel.
Toujours plus ?
N'en déplaise aux prophètes grisâtres, malgré les vicissitudes et surtout les inégalités, en moyenne, notre consommation ne cesse de croître.De toutes les rubriques détaillées suivies par la comptabilité nationale française, une seule a diminué en volume depuis 1960, la réparation des biens de consommation courante. Nous préférons désormais jeter plutôt que de retaper.
Toutefois, certains produits ou services tirent mieux leur épingle du jeu que d'autres. Même avec beaucoup de bonne volonté, il est vraiment difficile de manger deux fois plus, par contre notre soif d'information - au sens étymologique - est potentiellement illimitée.
La stratégie des entreprises doit s'adapter à cette donne.
Ainsi, le secteur agro-alimentaire doit rechercher l'augmentation de la valeur de ses productions alors que télécommunications & informatique ont intérêt, pour l'instant, à être obsédées par les volumes.
Consumériquement votre
Références et compléments
- Voir aussi les chroniques :
- "Liberté, Inégalité, Fraternité" qui détaille les disparités très fortes de revenu en France
- "Cochonou vs éleveurs : dans le cochon tout est bon mais tout n'a pas la même valeur !" sur les rapports compliqués entre agriculture, alimentation et économie
- Tous les valeurs proposées dans ce billet sont issues, directement ou après recalcul, du dossier de l'INSEE, l'institut français de statistiques économiques, "la consommation des ménages depuis 50 ans" publié sur la base de données de 2007.
Ce sont, malheureusement, les chiffres détaillés les plus récents que j'ai réussi à dégoter.
Les valeurs sont exprimées, hors inflation, en euros constants de 2007.
Il s'agit de la consommation et non pas des revenus. Impôts, cotisations sociales et épargne viennent s'intercaler entre ces deux agrégats.
La catégorie santé recouvre exclusivement les cotisations aux mutuelles ainsi que les dépenses non remboursées.
Les chiffres ont été arrondis pour faciliter la compréhension.