En France, les attentats ont rallumé le débat sur les religions et l'ethnicité.
Depuis le mitraillage à Charlie Hebdo, "musulman" est devenu un terme tendance dont on ne sait s'il représente les croyants ou les pratiquants de l'islam ou encore les personnes venues de pays à majorité musulmane, voire ceux dont un ancêtre, à un degré mal défini, aurait frayé dans ces lointaines contrées.
Je vous propose, conformément aux habitudes de ce blog, d'envisager ces questions avec le regard froid et dépassionné des statistiques et de vous laisser vous forger votre propre opinion.
De surcroît, en France, légalement, la liberté de conscience est absolue et nul n'est tenu de proclamer sa bonne ou sa mauvaise foi.
Imaginons quelques instants un sociologue souhaitant s'enquérir de mes convictions religieuses.
Techniquement, je suis catholique car j'ai été baptisé et mon prénom figure toujours sur les registres ecclésiaux.
Toutefois, à l'exclusion de quelques mariages ou enterrements, je ne vais jamais à la messe.
Quant à mes connaissances des textes sacrés, de leurs commandements et de leur morale ainsi que mes croyances envers les divinités et l'au-delà, ce blog n'étant pas un confessionnal, vous n'en saurez rien et le sondeur non plus !
Histoire de brouiller les pistes, j'ai même déjà expérimenté le divin plaisir de me faire passer pour un adorateur de Satan auprès d'un intégriste devenu aussi effarouché qu'une première communiante.
Le même enquêteur est confronté à de plus grandes difficultés face aux personnes possiblement musulmanes. Les marqueurs statistiques les plus faciles à relever n'existent pas ou peu. L'islam ne comporte pas de sacrements et la prière à la mosquée, quoique recommandée, n'est en rien une obligation. De surcroît, à l'instar du protestantisme, le clergé n'a pas de structure définie et hiérarchique.
La mesure du bouddhisme ou de l'hindouisme n'est pas plus aisée.
Pas étonnant dans ces conditions que les rares sondages et enquêtes sociologiques sur les religions affichent des résultats encore plus flous et contradictoires que les enquêtes politiques.
Afin de surmonter cette difficulté et de complaire à mes fidèles lecteurs, j'ai procédé suivant la méthode dite du comptage des manifestants, consistant à moyenner et à comparer les chiffres de différentes provenances.
Bizarrement, dans cette enquête, l'institut de sondage n'a pas jugé utile de prévoir l'option “ne sais pas”, les agnostiques sont priés de ne plus douter.
Lorsque le sujet est abordé de manière moins binaire, la population de notre bel Hexagone se répartit grosso modo en 3 tiers.
Un peu plus d'une personne sur 3 se déclare religieuse, 29% s'affirment athées et le tiers restant non religieux.
Cette statistique varie beaucoup avec l'âge. Plusieurs résultats concordants indiquent que pas loin de la moitié des moins de 30 ans s'affirment athées ou sans religion. Il semblerait que les clergés de tout poil aient un problème de positionnement stratégique.
Tous comptes faits, la France compte environ 24 millions d'ouailles de toutes sensibilités qui s'affirment concernées par le religieux, de l’ordre d'une personne sur 3.
Dans le même temps, 42 millions d’hexagonaux se mettent hors religion.
Sensiblement un quart des français - 17 millions de personnes soit 2 croyants sur 3 - y adhère avec une pratique minimale.
Toutefois la messe hebdomadaire n'est suivie que par quelques pourcents de la population, entre un sixième et un dixième des catholiques suivant les sources.
L'islam décroche la médaille d'argent, mais sans avoir participé à la course au titre.
En conservant le critère de croyance associée à une pratique minimale, 3% à 6% des résidents français s'affirment musulmans, soit environ un sur 20 à 25, approximativement 2.5 à 3 millions de personnes. Grosso modo, un croyant sur 8.
Une enquête, avec des gages raisonnables de sérieux, a montré que les personnes vivant en France issues de familles pratiquant la foi musulmane se répartissaient en trois groupes sensiblement égaux : des musulmans se disant croyants et pratiquants, des personnes s'identifiant comme musulmanes mais sans pratique religieuse et des personnes se déclarant sans religion.
À bien y regarder, des affirmations peu éloignées de celles des personnes élevées dans d'autres fois.
Toujours chez les personnes se déclarant religieuses, le protestantisme, en groupant toutes ses obédiences, concerne de l'ordre de 3 à 4 hexagonaux sur 100, c'est à dire de 2 à un petit 3 millions de croyants.
Le judaïsme ferme la marche autour d'un sur 100, voire moins, assez nettement en dessous de la barre symbolique du million.
À ces chiffres microscopiques, il convient d'adjoindre, pour faire bonne mesure, 2% à 3% d'autres religions aussi diverses que variées, environ 2 millions de personnes rétives aux leaders du marché du Ciel.
#JesuisCharlie c'est à dire athéico-agnostico-catholico-islamico-protestantico-judaïco-diversico-laïquement votre
Références et compléments
- Voir aussi :
Depuis le mitraillage à Charlie Hebdo, "musulman" est devenu un terme tendance dont on ne sait s'il représente les croyants ou les pratiquants de l'islam ou encore les personnes venues de pays à majorité musulmane, voire ceux dont un ancêtre, à un degré mal défini, aurait frayé dans ces lointaines contrées.
Je vous propose, conformément aux habitudes de ce blog, d'envisager ces questions avec le regard froid et dépassionné des statistiques et de vous laisser vous forger votre propre opinion.
L'impossible mesure du religieux
Déterminer les parts de marché des différentes religions dans un pays donné est une question délicate car la foi est de l'ordre de l'intime et nombreux sont ceux sans opinions et pratiques théologiques tranchées.De surcroît, en France, légalement, la liberté de conscience est absolue et nul n'est tenu de proclamer sa bonne ou sa mauvaise foi.
Imaginons quelques instants un sociologue souhaitant s'enquérir de mes convictions religieuses.
Techniquement, je suis catholique car j'ai été baptisé et mon prénom figure toujours sur les registres ecclésiaux.
Toutefois, à l'exclusion de quelques mariages ou enterrements, je ne vais jamais à la messe.
Quant à mes connaissances des textes sacrés, de leurs commandements et de leur morale ainsi que mes croyances envers les divinités et l'au-delà, ce blog n'étant pas un confessionnal, vous n'en saurez rien et le sondeur non plus !
Histoire de brouiller les pistes, j'ai même déjà expérimenté le divin plaisir de me faire passer pour un adorateur de Satan auprès d'un intégriste devenu aussi effarouché qu'une première communiante.
Le même enquêteur est confronté à de plus grandes difficultés face aux personnes possiblement musulmanes. Les marqueurs statistiques les plus faciles à relever n'existent pas ou peu. L'islam ne comporte pas de sacrements et la prière à la mosquée, quoique recommandée, n'est en rien une obligation. De surcroît, à l'instar du protestantisme, le clergé n'a pas de structure définie et hiérarchique.
La mesure du bouddhisme ou de l'hindouisme n'est pas plus aisée.
Pas étonnant dans ces conditions que les rares sondages et enquêtes sociologiques sur les religions affichent des résultats encore plus flous et contradictoires que les enquêtes politiques.
Afin de surmonter cette difficulté et de complaire à mes fidèles lecteurs, j'ai procédé suivant la méthode dite du comptage des manifestants, consistant à moyenner et à comparer les chiffres de différentes provenances.
Quel est le poids du religieux en France ?
À la question directe "croyez-vous en Dieu ?", une grosse moitié des français interrogés répond oui et une petite non.Bizarrement, dans cette enquête, l'institut de sondage n'a pas jugé utile de prévoir l'option “ne sais pas”, les agnostiques sont priés de ne plus douter.
Pourcentage de personnes résidant en France vis à vis de la croyance en Dieu |
Lorsque le sujet est abordé de manière moins binaire, la population de notre bel Hexagone se répartit grosso modo en 3 tiers.
Un peu plus d'une personne sur 3 se déclare religieuse, 29% s'affirment athées et le tiers restant non religieux.
Cette statistique varie beaucoup avec l'âge. Plusieurs résultats concordants indiquent que pas loin de la moitié des moins de 30 ans s'affirment athées ou sans religion. Il semblerait que les clergés de tout poil aient un problème de positionnement stratégique.
Pourcentage de personnes résidant en France vis à vis de la religion |
Tous comptes faits, la France compte environ 24 millions d'ouailles de toutes sensibilités qui s'affirment concernées par le religieux, de l’ordre d'une personne sur 3.
Dans le même temps, 42 millions d’hexagonaux se mettent hors religion.
Pourcentage de personnes religieuses ou hors religion résidant en France |
Quel est le poids des religions en France ?
Parmi le tiers religieux, le catholicisme occupe, de très loin, au sommet du podium.Sensiblement un quart des français - 17 millions de personnes soit 2 croyants sur 3 - y adhère avec une pratique minimale.
Toutefois la messe hebdomadaire n'est suivie que par quelques pourcents de la population, entre un sixième et un dixième des catholiques suivant les sources.
L'islam décroche la médaille d'argent, mais sans avoir participé à la course au titre.
En conservant le critère de croyance associée à une pratique minimale, 3% à 6% des résidents français s'affirment musulmans, soit environ un sur 20 à 25, approximativement 2.5 à 3 millions de personnes. Grosso modo, un croyant sur 8.
Une enquête, avec des gages raisonnables de sérieux, a montré que les personnes vivant en France issues de familles pratiquant la foi musulmane se répartissaient en trois groupes sensiblement égaux : des musulmans se disant croyants et pratiquants, des personnes s'identifiant comme musulmanes mais sans pratique religieuse et des personnes se déclarant sans religion.
À bien y regarder, des affirmations peu éloignées de celles des personnes élevées dans d'autres fois.
Toujours chez les personnes se déclarant religieuses, le protestantisme, en groupant toutes ses obédiences, concerne de l'ordre de 3 à 4 hexagonaux sur 100, c'est à dire de 2 à un petit 3 millions de croyants.
Le judaïsme ferme la marche autour d'un sur 100, voire moins, assez nettement en dessous de la barre symbolique du million.
À ces chiffres microscopiques, il convient d'adjoindre, pour faire bonne mesure, 2% à 3% d'autres religions aussi diverses que variées, environ 2 millions de personnes rétives aux leaders du marché du Ciel.
Pourcentage d'adhésion aux religions des personnes résidant en France |
#JesuisCharlie c'est à dire athéico-agnostico-catholico-islamico-protestantico-judaïco-diversico-laïquement votre
Références et compléments
- Voir aussi :
- "2 français sur 3 hors religion" : les mêmes données mais avec un angle de vue plus général
- la chronique faisant sensiblement les mêmes comptes au niveau mondial “Les religions, combien de divisions ? Statistiques de la foi”
- une autre vision statistique sur un thème proche "combien d'immigrés musulmans en France ?"
- Sondages CSA & IFOP de 2013, tous deux intitulés “le catholicisme en France”
- Sondage WinGallup & REDC de 2012 “global index of religion and atheism”
- Sondage IFOP de 2011 “les français et la croyance religieuse”
- Sondage IFOP de 2009 “étude sur l'implantation et l'évolution de l'islam en France”
- Sondage CSA de 2004 “les français et la religion”