Depuis 25 ans, je circule en voiture en Tunisie.
Si le pays du jasmin n'a jamais été un modèle d'organisation automobile, ces dernières années, les routes sont passées de folkloriques à inquiétantes.
Effet de l'élévation du niveau de vie, le parc automobile tunisien a plus que triplé en un quart de siècle.
Malheureusement, l'hécatombe routière a augmenté encore plus et atteint 4 morts journaliers, 1 500 par an.
En 8 jours seulement, les victimes de la circulation dépassent celles des sinistres salafistes du mont Chaambi.
Ramené à un nombre équivalent de véhicules, ce triste score est 10 fois plus élevé qu'en France.
Si les habitants de l'Hexagone conduisaient comme ceux du l'antique Carthage, 40 000, et non 4 000, décès routiers seraient annuellement à déplorer au pays de Louis Renault.
Il n'y a aucune fatalité dans cette épidémie.
De trop nombreux conducteurs tunisiens - véritables kamikazes routiers - ont décidé de terroriser leurs concitoyens par la pratique délibérée de l'homicide et des blessures volontaires.
La prudence la plus élémentaire - ne parlons pas du code de la route - est méprisée par une large fraction des automobilistes. Vitesses excessives, dépassements sans visibilité, non respect des distances de sécurité et positionnements approximatifs sur la route sont monnaie courante.
Bien évidemment, le terroriste du volant ainsi que ses passagers ont leur petite fierté.
Ils ne consentent qu'exceptionnellement à boucler leur ceinture de sécurité ou à se couvrir d'un casque. Ces accessoires futiles sont juste bons pour les pleutres.
La brutalité automobile est majoritairement acceptée et n'est l'objet d'aucune réelle réprobation sociale.
Les forces de l'ordre - peu motivées pour lutter contre la guérilla routière - ne font même pas semblant de vouloir endiguer le phénomène. Elles pourraient y perdre le peu de popularité qu'il leur reste.
Les policiers et gardes nationaux, postés de façon statique au bord des routes, aux mêmes points depuis plusieurs décennies, regardent, blasés, passer le flot des véhicules.
Tout automobiliste qui consent à rouler au pas à la vue d'une casquette, est de facto autorisé à écraser le champignon partout ailleurs.
Cette barbarie intentionnelle, fruit de l'ignorance et de l'irresponsabilité, est délétère.
Cet été, j'ai été le témoin d'un accident à chaque aller-retour effectué entre Kelibia et Tunis (200 km).
À ce rythme, chaque famille tunisienne aura le sombre privilège de compter au moins un martyr dans ses rangs.
Jusqu'à quand la société supportera ce massacre sans réagir ?
Tuniso-tristement votre
Références et compléments
- La Tunisie, comme n’importe quel pays, ne possède pas que des cotés sombres, loin de là.
Pour contrebalancer cette chronique négative, je suggère la lecture du billet "Petit rayon de soleil en Tunisie".
- D'après Wikipedia, les barbares à poil long retranchés dans le mont Chaambi seraient, à ce jour, responsables de 33 morts parmi les civils et les forces de sécurité.
Si le pays du jasmin n'a jamais été un modèle d'organisation automobile, ces dernières années, les routes sont passées de folkloriques à inquiétantes.
Effet de l'élévation du niveau de vie, le parc automobile tunisien a plus que triplé en un quart de siècle.
Malheureusement, l'hécatombe routière a augmenté encore plus et atteint 4 morts journaliers, 1 500 par an.
En 8 jours seulement, les victimes de la circulation dépassent celles des sinistres salafistes du mont Chaambi.
Ramené à un nombre équivalent de véhicules, ce triste score est 10 fois plus élevé qu'en France.
Si les habitants de l'Hexagone conduisaient comme ceux du l'antique Carthage, 40 000, et non 4 000, décès routiers seraient annuellement à déplorer au pays de Louis Renault.
Il n'y a aucune fatalité dans cette épidémie.
De trop nombreux conducteurs tunisiens - véritables kamikazes routiers - ont décidé de terroriser leurs concitoyens par la pratique délibérée de l'homicide et des blessures volontaires.
La prudence la plus élémentaire - ne parlons pas du code de la route - est méprisée par une large fraction des automobilistes. Vitesses excessives, dépassements sans visibilité, non respect des distances de sécurité et positionnements approximatifs sur la route sont monnaie courante.
Bien évidemment, le terroriste du volant ainsi que ses passagers ont leur petite fierté.
Ils ne consentent qu'exceptionnellement à boucler leur ceinture de sécurité ou à se couvrir d'un casque. Ces accessoires futiles sont juste bons pour les pleutres.
La brutalité automobile est majoritairement acceptée et n'est l'objet d'aucune réelle réprobation sociale.
Les forces de l'ordre - peu motivées pour lutter contre la guérilla routière - ne font même pas semblant de vouloir endiguer le phénomène. Elles pourraient y perdre le peu de popularité qu'il leur reste.
Les policiers et gardes nationaux, postés de façon statique au bord des routes, aux mêmes points depuis plusieurs décennies, regardent, blasés, passer le flot des véhicules.
Tout automobiliste qui consent à rouler au pas à la vue d'une casquette, est de facto autorisé à écraser le champignon partout ailleurs.
Cette barbarie intentionnelle, fruit de l'ignorance et de l'irresponsabilité, est délétère.
Cet été, j'ai été le témoin d'un accident à chaque aller-retour effectué entre Kelibia et Tunis (200 km).
À ce rythme, chaque famille tunisienne aura le sombre privilège de compter au moins un martyr dans ses rangs.
Jusqu'à quand la société supportera ce massacre sans réagir ?
Tuniso-tristement votre
Références et compléments
- La Tunisie, comme n’importe quel pays, ne possède pas que des cotés sombres, loin de là.
Pour contrebalancer cette chronique négative, je suggère la lecture du billet "Petit rayon de soleil en Tunisie".
- D'après Wikipedia, les barbares à poil long retranchés dans le mont Chaambi seraient, à ce jour, responsables de 33 morts parmi les civils et les forces de sécurité.