Autant le dire de but en blanc, je déteste, j'abomine, j'exècre le bricolage.
Aucun mot n'est assez fort pour exprimer ma répugnance viscérale envers cette activité pour laquelle je n'ai ni ni goût, ni talent.
Toutefois, les nécessités pratiques et économiques faisant loi, je suis malheureusement obligé de sacrifier, de temps à autres, à ce qui serait le loisir préféré des français.
Il y a grosso modo un quart de siècle, Ikea fut, dans ce domaine honni, une évolution remarquable.
L'entreprise suédoise était la première à proposer des meubles à livrer et monter soi-même, de qualité correcte, de prix abordable et dont conception & notices permettaient au gauche gaucher que je suis, de s'en sortir, si ce n'est avec les honneurs, à tout le moins honorablement.
Ainsi, une part importante de mon logis familial est équipée des créations de la firme d'Älmhult.
À l'issue de cette campagne réussie, mon amour plus que modéré pour l'assemblage de kits m'a conduit à me placer en mode pause pendant une quinzaine d'années.
Mais, le temps ayant fait son œuvre, j'ai du me résoudre à reprendre - un bon mois avant la nomination du nouveau premier ministre - les travaux manuels.
Tout naturellement et sans trop réfléchir, je me suis à nouveau tourné vers Ikea.
J'ai eu la désagréable surprise de découvrir que cette world company n'avait pas changé d'un iota en plusieurs décennies.
Visiter l'enseigne bleue et jaune est un voyage dans le temps qui ramène à la charnière des années 1980-1990.
Chaque magasin continue de présenter le même arrangement immuable.
Le client doit d'abord surmonter l'épreuve du labyrinthe en enchaînant des halls d'exposition dont l'ordre ne varie jamais. Jusqu'alors j'ignorais que Dédale appartenait à la mythologie viking.
Vient ensuite la traversée interminable d'un libre-service tout aussi zigzaguant où s'empilent les objets les plus improbables.
Enfin, la sortie n'est autorisée qu'après le franchissement d'un sinistre hall de stockage à l'étiquetage nécessitant une vision bionique.
Bien entendu, Ikea a fait semblant de se mettre à la page internet et possède désormais un site web.
J'y ai tenté de choisir une armoire à l'aide d'une application à l'ergonomie et à la stabilité laissant plus qu'à désirer.
Je conseille au lecteur tenté par cette expérience d'étudier attentivement la technologie des meubles suédois préalablement au passage de toute commande et de ne pas se fier à l'automate ikéen qui place allègrement des tiroirs au cœur des charnières.
De surcroît, la livraison, assez onéreuse, est proposée avec des délais dépassant la semaine pour des articles en stock à 5 km de mon domicile.
Dans le magasin, la configuration sur ordinateur n'est guère plus aisée.
La version du logiciel mise à disposition des clients ayant triomphé du labyrinthe vérifie la position des charnières mais ne permet pas de réaliser l'armoire de démonstration placée juste devant l'écran.
Fort heureusement, de sympathiques vendeuses vous aident à définir le placard de vos rêves. Dotées d'une informatique hors d'âge, elles établissent, tant bien que mal, la liste, longue comme un jour sans pain à la cannelle, des composants à acheter ou à récupérer soi-même.
Rentré chez moi, j'ai découvert que 2 tiroirs ainsi que les poignées de porte étaient restés enfouis au cœur du système d'information viking. Je n'ai pu obtenir les manquants qu'après une nouvelle épreuve du labyrinthe
Quant au montage, inutile de s'étendre. Les gauches gauchers sont manifestement sortis de la cible des successeurs d'Ingvar Kamprad.
La pose des glissières et charnières a été un grand moment de solitude où je me suis senti très gond.
À l'issue de cet épisode, je n'ai toujours pas l'amour du bricolage chevillé au corps.
Novateur lors de son installation en France, Ikea semble s'être figé sur son modèle d'offre très standardisée et de magasin massif dans lequel le client est retenu, souvent contre son gré, le plus longtemps possible.
A l'heure du web, de la fabrication flexible et de la logistique du dernier kilomètre, ce business très fordiste est de moins en moins en phase avec l'air du temps et ne devrait pas tarder de s'essouffler.
Le colosse suédois repose sur des pieds en sciure.
K(r)itiquement votre
Aucun mot n'est assez fort pour exprimer ma répugnance viscérale envers cette activité pour laquelle je n'ai ni ni goût, ni talent.
Toutefois, les nécessités pratiques et économiques faisant loi, je suis malheureusement obligé de sacrifier, de temps à autres, à ce qui serait le loisir préféré des français.
Il y a grosso modo un quart de siècle, Ikea fut, dans ce domaine honni, une évolution remarquable.
L'entreprise suédoise était la première à proposer des meubles à livrer et monter soi-même, de qualité correcte, de prix abordable et dont conception & notices permettaient au gauche gaucher que je suis, de s'en sortir, si ce n'est avec les honneurs, à tout le moins honorablement.
Ainsi, une part importante de mon logis familial est équipée des créations de la firme d'Älmhult.
À l'issue de cette campagne réussie, mon amour plus que modéré pour l'assemblage de kits m'a conduit à me placer en mode pause pendant une quinzaine d'années.
Mais, le temps ayant fait son œuvre, j'ai du me résoudre à reprendre - un bon mois avant la nomination du nouveau premier ministre - les travaux manuels.
Tout naturellement et sans trop réfléchir, je me suis à nouveau tourné vers Ikea.
J'ai eu la désagréable surprise de découvrir que cette world company n'avait pas changé d'un iota en plusieurs décennies.
Visiter l'enseigne bleue et jaune est un voyage dans le temps qui ramène à la charnière des années 1980-1990.
Chaque magasin continue de présenter le même arrangement immuable.
Le client doit d'abord surmonter l'épreuve du labyrinthe en enchaînant des halls d'exposition dont l'ordre ne varie jamais. Jusqu'alors j'ignorais que Dédale appartenait à la mythologie viking.
Vient ensuite la traversée interminable d'un libre-service tout aussi zigzaguant où s'empilent les objets les plus improbables.
Enfin, la sortie n'est autorisée qu'après le franchissement d'un sinistre hall de stockage à l'étiquetage nécessitant une vision bionique.
Bien entendu, Ikea a fait semblant de se mettre à la page internet et possède désormais un site web.
J'y ai tenté de choisir une armoire à l'aide d'une application à l'ergonomie et à la stabilité laissant plus qu'à désirer.
Je conseille au lecteur tenté par cette expérience d'étudier attentivement la technologie des meubles suédois préalablement au passage de toute commande et de ne pas se fier à l'automate ikéen qui place allègrement des tiroirs au cœur des charnières.
De surcroît, la livraison, assez onéreuse, est proposée avec des délais dépassant la semaine pour des articles en stock à 5 km de mon domicile.
Le configurateur en ligne des armoires Ikea autorise le placement de tiroirs dans des charnières (mars - avril 2014, les croix rouges ont été ajoutées par l'auteur). |
La version du logiciel mise à disposition des clients ayant triomphé du labyrinthe vérifie la position des charnières mais ne permet pas de réaliser l'armoire de démonstration placée juste devant l'écran.
Fort heureusement, de sympathiques vendeuses vous aident à définir le placard de vos rêves. Dotées d'une informatique hors d'âge, elles établissent, tant bien que mal, la liste, longue comme un jour sans pain à la cannelle, des composants à acheter ou à récupérer soi-même.
Rentré chez moi, j'ai découvert que 2 tiroirs ainsi que les poignées de porte étaient restés enfouis au cœur du système d'information viking. Je n'ai pu obtenir les manquants qu'après une nouvelle épreuve du labyrinthe
Quant au montage, inutile de s'étendre. Les gauches gauchers sont manifestement sortis de la cible des successeurs d'Ingvar Kamprad.
La pose des glissières et charnières a été un grand moment de solitude où je me suis senti très gond.
À l'issue de cet épisode, je n'ai toujours pas l'amour du bricolage chevillé au corps.
Novateur lors de son installation en France, Ikea semble s'être figé sur son modèle d'offre très standardisée et de magasin massif dans lequel le client est retenu, souvent contre son gré, le plus longtemps possible.
A l'heure du web, de la fabrication flexible et de la logistique du dernier kilomètre, ce business très fordiste est de moins en moins en phase avec l'air du temps et ne devrait pas tarder de s'essouffler.
Le colosse suédois repose sur des pieds en sciure.
K(r)itiquement votre