Prince, n’enquerrez de sepmaine
Où elles sont, ne de cest an,
Qu’à ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d’antan ?
François Villon - La Ballade des Dames du Temps Jadis
Autant le dire nettement, les résultats du premier tour de l'élection présidentielle française m'ont déçu.
Ce vote a vu le parti de l'ordre et l'esprit de géométrie triompher sur le parti du mouvement et l'esprit de finesse.
Un raz de marée conservateur - François Hollande, Nicolas Sarkozy et M. L. P. réunis - a emporté près de trois quarts des suffrages, 73.71% pour être précis.
Je vous surprend peut être, mais Fanfan, Nico et Marine sont plus proches qu'il n'y parait. Ils symbolisent tous les trois une profonde aversion au changement.
Le conservatisme du premier, rose et compassé, évoque la nostalgie de Mitterrand. Celui du second, bleu et agité, celle de Pompidou.
Quant à la sinistre troisième, brune et xénophobe, elle se réfère à un passé mythique, comme autrefois le bon Maréchal Pétain.
Nicolas Sarkozy, en 2007, incarnait le mouvement. Après Giscard et Chirac, il décapait (karcherisait ?) la droite et bousculait les énarques. Hélas, en cinq ans, fautes de comportement, crispations politiques, erreurs de casting, usure du pouvoir et effets des crises l'ont fait basculer du coté statique de la force.
De même, Ségolène Royal, avec ses tentatives de démocratie participative, esquissait un renouvellement de la gauche. Son ex est revenu aux bonnes vieilles méthodes d'appareil, hurle dans les meetings et ne veut surtout déplaire à personne.
Deux symptômes microscopiques, parmi une myriade d'autres, illustrent le conservatisme de deux finalistes :
- Plusieurs millions d'internautes ont pris hier connaissance sur un mode "Radio Londres" des résultats dès 17 heures. Néanmoins, le gouvernement sarkoziste a refusé aujourd'hui d'harmoniser l'heure de fermeture des bureaux de vote au prétexte "qu'on ne change pas les règles du jeu entre deux tours d'une même élection". Exactement comme en football, où l'on ne change jamais une équipe qui perd.
- François Hollande s'oppose aux trois débats demandés par son adversaire, au nom d'une "tradition républicaine" qui ne compte pourtant que cinq joutes oratoires.
Les sept autres candidats - le camp du changement - qui ne rassemblent tous ensemble qu'un gros quart des voix, avaient le mérite de se placer dans une perspective de moyen ou de long terme.
Ils ont, chacun avec des options très différentes, proposé des évolutions, voire des révolutions, significatives.
Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou et Eva Joly ont abordé des thèmes autrement plus alléchants que la viande halal, le permis de conduire, le jour de paiement des retraites et le nombre de postes d'enseignants. Cela n'a malheureusement séduit qu'une minorité d'électeurs.
Un pays, pour avancer, a besoin de ses deux jambes. Si l'excès de novation peut conduire à la pagaille, immobilisme et souhaits de retour en arrière mènent immanquablement au déclin.
Dans un monde devenu "mondial" et en perpétuel changement, nous n'avons plus le luxe du repli et de l'attente. Il y a de nombreuses façons d'affronter cette réalité dérangeante. Les sept battus en soumettaient plusieurs à nos suffrages, aucune n'a réussi à rejoindre le podium.
Toute crise peut être appréhendée suivant deux angles : une maladie grave dont il faut se re-mettre le plus vite possible, ou bien, une transition pénible vers une situation nouvelle. Seul le second point de vue est porteur d'avenir.
Espérons que le fond d'optimisme de la France, démontré par notre forte natalité, reprenne rapidement vigueur, nous fasse oublier cette lamentable élection et mette François-Nicolas Sarkollande sous pression.
Du passé faisons table rase !
Electoralement votre
Où elles sont, ne de cest an,
Qu’à ce refrain ne vous remaine :
Mais où sont les neiges d’antan ?
François Villon - La Ballade des Dames du Temps Jadis
Autant le dire nettement, les résultats du premier tour de l'élection présidentielle française m'ont déçu.
Ce vote a vu le parti de l'ordre et l'esprit de géométrie triompher sur le parti du mouvement et l'esprit de finesse.
Un raz de marée conservateur - François Hollande, Nicolas Sarkozy et M. L. P. réunis - a emporté près de trois quarts des suffrages, 73.71% pour être précis.
Je vous surprend peut être, mais Fanfan, Nico et Marine sont plus proches qu'il n'y parait. Ils symbolisent tous les trois une profonde aversion au changement.
Le conservatisme du premier, rose et compassé, évoque la nostalgie de Mitterrand. Celui du second, bleu et agité, celle de Pompidou.
Quant à la sinistre troisième, brune et xénophobe, elle se réfère à un passé mythique, comme autrefois le bon Maréchal Pétain.
Nicolas Sarkozy, en 2007, incarnait le mouvement. Après Giscard et Chirac, il décapait (karcherisait ?) la droite et bousculait les énarques. Hélas, en cinq ans, fautes de comportement, crispations politiques, erreurs de casting, usure du pouvoir et effets des crises l'ont fait basculer du coté statique de la force.
De même, Ségolène Royal, avec ses tentatives de démocratie participative, esquissait un renouvellement de la gauche. Son ex est revenu aux bonnes vieilles méthodes d'appareil, hurle dans les meetings et ne veut surtout déplaire à personne.
Deux symptômes microscopiques, parmi une myriade d'autres, illustrent le conservatisme de deux finalistes :
- Plusieurs millions d'internautes ont pris hier connaissance sur un mode "Radio Londres" des résultats dès 17 heures. Néanmoins, le gouvernement sarkoziste a refusé aujourd'hui d'harmoniser l'heure de fermeture des bureaux de vote au prétexte "qu'on ne change pas les règles du jeu entre deux tours d'une même élection". Exactement comme en football, où l'on ne change jamais une équipe qui perd.
- François Hollande s'oppose aux trois débats demandés par son adversaire, au nom d'une "tradition républicaine" qui ne compte pourtant que cinq joutes oratoires.
Les sept autres candidats - le camp du changement - qui ne rassemblent tous ensemble qu'un gros quart des voix, avaient le mérite de se placer dans une perspective de moyen ou de long terme.
Ils ont, chacun avec des options très différentes, proposé des évolutions, voire des révolutions, significatives.
Jean-Luc Mélenchon, François Bayrou et Eva Joly ont abordé des thèmes autrement plus alléchants que la viande halal, le permis de conduire, le jour de paiement des retraites et le nombre de postes d'enseignants. Cela n'a malheureusement séduit qu'une minorité d'électeurs.
Un pays, pour avancer, a besoin de ses deux jambes. Si l'excès de novation peut conduire à la pagaille, immobilisme et souhaits de retour en arrière mènent immanquablement au déclin.
Dans un monde devenu "mondial" et en perpétuel changement, nous n'avons plus le luxe du repli et de l'attente. Il y a de nombreuses façons d'affronter cette réalité dérangeante. Les sept battus en soumettaient plusieurs à nos suffrages, aucune n'a réussi à rejoindre le podium.
Toute crise peut être appréhendée suivant deux angles : une maladie grave dont il faut se re-mettre le plus vite possible, ou bien, une transition pénible vers une situation nouvelle. Seul le second point de vue est porteur d'avenir.
Espérons que le fond d'optimisme de la France, démontré par notre forte natalité, reprenne rapidement vigueur, nous fasse oublier cette lamentable élection et mette François-Nicolas Sarkollande sous pression.
Du passé faisons table rase !
Electoralement votre
Compléments et références
- Sur un thème connexe, voir aussi ma récente chronique "Recréons Radio Londres"
- L'extrait de la Ballade des Dames du Temps Jadis de François Villon (qui je rappelle a été mis en musique par Georges Brassens) provient de Wikipedia. J'ai respecté soigneusement la graphie issue d'une édition de 1873.
- La citation concernant les heures de fermeture des bureaux de vote maintenues provient du Figaro. Pour faire bonne mesure, celle à propos des débat d'entre deux tours est issue de Libération.
- D'après le directeur des rédactions de la RTBF, interviewé sur France Info, son site a reçu hier après midi environ un million de visites depuis la France. En ajoutant l'audience d'autres médias belges ainsi que Twitter et Facebook, on peut, sans risque, avancer le chiffre de plusieurs millions de français informés du sort des urnes avant la fin du scrutin.
- "Du passé faisons table rase" est un extrait de l'Internationale, chant révolutionnaire composé entre 1871 et 1888 par les français Eugène Potier et Pierre Degeyter. Pierre Degeyter a pompé les célèbres quatre premières mesures "Debout ! les damnés de la terre !" dans un opéra d'Offenbach.