Depuis dimanche dernier, comme la plupart des habitants de l'agglomération de Grenoble, je suis à la fois heureux et exaspéré.
Malgré la rentrée scolaire, la capitale du Dauphiné croule littéralement sous les visiteurs. Hôtels et restaurants sont complets, les délais d'attente pour accéder au musée ou au téléphérique de la Bastille dépassent deux heures. Rocade et boulevards sont embouteillés encore plus que de coutume et la gare est quasi-inaccessible.
Plus étonnant, la chambre de commerce et les différentes institutions de recherche ont, dans l'urgence, embauché des standardistes et du personnel d'accueil pour faire face à l'afflux de demandes de renseignements professionnels et de projets d'implantations dans la région.
Cela augure d'une activité économique soutenue dans mon bassin d'emploi préféré mais rend le quotidien pénible, les déplacements et l'accès aux commerces étant devenu très difficiles.
La cause de cette affluence massive dans l'Y grenoblois est une campagne de communication très efficace menée par les élus de la communauté d'agglomération, plaisamment baptisée Métro.
L'audacieux président métropolitain, entouré de ses 20 vice-présidents, de ses 12 conseillers délégués et des 42 conseillers communautaires ordinaires, a eu la riche idée d'utiliser les deniers publics qu'il gère pour parrainer le match de rugby Grenoble-Toulon du 31 août.
Le slogan imaginé pour cette occasion était particulièrement percutant "avancer ensemble pour gagner ensemble".
Cette sentence indépassable, couplée au logo ornithologique emblème officiel de l'agglomération dauphinoise, a été affichée régulièrement au cours durant la rencontre.
L'effet a été immédiat. L'immense cohorte de téléspectateurs de la chaîne payante qui retransmettait l’événement, éblouie par tant de hardiesse communicante et d'esthétique d'avant-garde, n'a eu de cesse, une fois le match remporté par l'équipe iséroise, de se précipiter dans la ville de Lesdiguières, pour tourisme, affaires et plus si affinités.
Perpétuellement soucieux du développement économique de ma région, je tiens à remercier ses élus pour leur vision, leur hardiesse et leur efficacité.
En cette période de l'année où les feuilles d'impôts se succèdent à rythme soutenu, je constate avec plaisir et satisfaction qu'au moins mes taxes d'habitation et foncières ne sont pas dépensées en pure perte au sein d'une bureaucratie grisâtre mais investies au service d'une véritable stratégie de soutien à l'activité locale.
Bien sur, cette ardeur de la Métro a aussi pour conséquences quelques menus travers qu'il serait injuste de ne pas tolérer. Toute omelette nécessite le bris de quelques œufs.
Totalement engagés au service du bien commun, les 75 dirigeants et les 850 employés de la communauté de communes n'ont guère de temps disponible pour mettre à jour leur site web.
Ainsi le budget de près de 350 millions d'euros, grosso modo 900 € annuels par grenoblois, y est expédié en 8 petites lignes dans lesquelles la communication et le sponsoring n'apparaissent pas. Cela n'a guère d'importance vu le succès incroyable de ces démarches.
De même, je comprends que le FCG, club de rugby grenoblois, soit soucieux de ne pas mettre ses parrains en porte-faux avec des pages internet plus informatives que celles de la Métro. Aussi, bien que recevant de l'argent public, prudemment, il se garde bien de publier le moindre état financier.
J'approuve aussi qu'édiles et dirigeants sportifs, dans un souci de rayonnement de Grenoble, entretiennent imperturbablement deux grands stades afin que les fiers rugbymen rouges et bleus ne prennent pas le risque de marcher sur les pieds de l'équipe de football pensionnaire de division 4.
Pour conclure, j'espère, un peu égoïstement, que la Métro, sur sa lancée, ne répétera pas la même opération de promotion avec les équipes de volley-ball ou de badminton de Meylan et des autres communes de banlieue.
L'affluence dans l'agglomération risquerait de continuer à croître, ce qui me forcerait à coucher au boulot pour éviter la thrombose de la rocade.
Fiscalo-rugbystiquement votre
Références et compléments
- Cette chronique, sous une forme légèrement remaniée, fait désormais partie du recueil disponible en ligne "Humeurs Économiques".
- Une excellente vidéo d'une conférence du Réseau Citoyen de Grenoble décortiquait en 2013 les subventions de la municipalité de Grenoble (et non pas de la Métro). Le sport professionnel arrivait en tête, le ruban bleu revenant au GF38 club de football de division 4 dont les maillots de joueurs devait être recouverts de platine rhodié.
- J'ai reçu l'image présentée dans cette chronique le 30 août 2013 dans un mail promotionnel envoyé par le FCG qui m'incitait à acheter une place pour la rencontre Grenoble-Toulon en mettant bizarrement en avant le sponsoring de la Métro.
- Site web de la Métro, communauté d'agglomération Grenoble-Alpes Métropole, avec sa description budgétaire très sommaire et la présentation de sa gouvernance qui fait pâlir d'envie les forces armées du Mexique.
- Site web du FCG Grenoble Rugby, dans lequel je n'ai pas réussi à dégoter un quelconque élément financier.
Fort heureusement, le soutien fiscal aux rugbymen grenoblois leur a au moins permis de battre les champions d'Europe toulonnais 28 à 26.
- Comme à chaque fois que j'alpague des politiques sur ce blog, je rappelle que ces colonnes leur sont ouvertes pour un droit de réponse.
De même, si par extraordinaire, le FCG souhaitait publier ses états financiers, je me ferai un devoir de les reproduire.
Malgré la rentrée scolaire, la capitale du Dauphiné croule littéralement sous les visiteurs. Hôtels et restaurants sont complets, les délais d'attente pour accéder au musée ou au téléphérique de la Bastille dépassent deux heures. Rocade et boulevards sont embouteillés encore plus que de coutume et la gare est quasi-inaccessible.
Plus étonnant, la chambre de commerce et les différentes institutions de recherche ont, dans l'urgence, embauché des standardistes et du personnel d'accueil pour faire face à l'afflux de demandes de renseignements professionnels et de projets d'implantations dans la région.
Cela augure d'une activité économique soutenue dans mon bassin d'emploi préféré mais rend le quotidien pénible, les déplacements et l'accès aux commerces étant devenu très difficiles.
La cause de cette affluence massive dans l'Y grenoblois est une campagne de communication très efficace menée par les élus de la communauté d'agglomération, plaisamment baptisée Métro.
L'audacieux président métropolitain, entouré de ses 20 vice-présidents, de ses 12 conseillers délégués et des 42 conseillers communautaires ordinaires, a eu la riche idée d'utiliser les deniers publics qu'il gère pour parrainer le match de rugby Grenoble-Toulon du 31 août.
Le slogan imaginé pour cette occasion était particulièrement percutant "avancer ensemble pour gagner ensemble".
Cette sentence indépassable, couplée au logo ornithologique emblème officiel de l'agglomération dauphinoise, a été affichée régulièrement au cours durant la rencontre.
L'effet a été immédiat. L'immense cohorte de téléspectateurs de la chaîne payante qui retransmettait l’événement, éblouie par tant de hardiesse communicante et d'esthétique d'avant-garde, n'a eu de cesse, une fois le match remporté par l'équipe iséroise, de se précipiter dans la ville de Lesdiguières, pour tourisme, affaires et plus si affinités.
Perpétuellement soucieux du développement économique de ma région, je tiens à remercier ses élus pour leur vision, leur hardiesse et leur efficacité.
En cette période de l'année où les feuilles d'impôts se succèdent à rythme soutenu, je constate avec plaisir et satisfaction qu'au moins mes taxes d'habitation et foncières ne sont pas dépensées en pure perte au sein d'une bureaucratie grisâtre mais investies au service d'une véritable stratégie de soutien à l'activité locale.
Bien sur, cette ardeur de la Métro a aussi pour conséquences quelques menus travers qu'il serait injuste de ne pas tolérer. Toute omelette nécessite le bris de quelques œufs.
Totalement engagés au service du bien commun, les 75 dirigeants et les 850 employés de la communauté de communes n'ont guère de temps disponible pour mettre à jour leur site web.
Ainsi le budget de près de 350 millions d'euros, grosso modo 900 € annuels par grenoblois, y est expédié en 8 petites lignes dans lesquelles la communication et le sponsoring n'apparaissent pas. Cela n'a guère d'importance vu le succès incroyable de ces démarches.
De même, je comprends que le FCG, club de rugby grenoblois, soit soucieux de ne pas mettre ses parrains en porte-faux avec des pages internet plus informatives que celles de la Métro. Aussi, bien que recevant de l'argent public, prudemment, il se garde bien de publier le moindre état financier.
J'approuve aussi qu'édiles et dirigeants sportifs, dans un souci de rayonnement de Grenoble, entretiennent imperturbablement deux grands stades afin que les fiers rugbymen rouges et bleus ne prennent pas le risque de marcher sur les pieds de l'équipe de football pensionnaire de division 4.
Pour conclure, j'espère, un peu égoïstement, que la Métro, sur sa lancée, ne répétera pas la même opération de promotion avec les équipes de volley-ball ou de badminton de Meylan et des autres communes de banlieue.
L'affluence dans l'agglomération risquerait de continuer à croître, ce qui me forcerait à coucher au boulot pour éviter la thrombose de la rocade.
Fiscalo-rugbystiquement votre
Références et compléments
- Cette chronique, sous une forme légèrement remaniée, fait désormais partie du recueil disponible en ligne "Humeurs Économiques".
- Une excellente vidéo d'une conférence du Réseau Citoyen de Grenoble décortiquait en 2013 les subventions de la municipalité de Grenoble (et non pas de la Métro). Le sport professionnel arrivait en tête, le ruban bleu revenant au GF38 club de football de division 4 dont les maillots de joueurs devait être recouverts de platine rhodié.
- Site web de la Métro, communauté d'agglomération Grenoble-Alpes Métropole, avec sa description budgétaire très sommaire et la présentation de sa gouvernance qui fait pâlir d'envie les forces armées du Mexique.
- Site web du FCG Grenoble Rugby, dans lequel je n'ai pas réussi à dégoter un quelconque élément financier.
Fort heureusement, le soutien fiscal aux rugbymen grenoblois leur a au moins permis de battre les champions d'Europe toulonnais 28 à 26.
- Comme à chaque fois que j'alpague des politiques sur ce blog, je rappelle que ces colonnes leur sont ouvertes pour un droit de réponse.
De même, si par extraordinaire, le FCG souhaitait publier ses états financiers, je me ferai un devoir de les reproduire.