A l'occasion du récent dévoilement de la charte de la laïcité à l'école, Vincent Peillon, le sémillant et philosophe ministre français de l'éducation, a souhaité que les Valeurs de la République inspirent nos comportements.
Celles-ci sont brillamment synthétisées par la devise qui orne le fronton de la plupart des mairies : Liberté, Égalité, Fraternité.
Pouvoir sur ce blog me gausser de ministres en exercice ou publier des statistiques religieuses sans craindre d'être tiré matutinalement du lit par l'équivalent tricolore de la Stasi prouve que le rayon Liberté est très correctement achalandé.
La Fraternité est plus difficile à évaluer. Ce sentiment très personnel n'est pas aisé à détecter. De surcroît, sa mise en œuvre pose quelques problèmes. Être fraternel envers son conjoint ou ses enfants ne serait-ce pas pratiquer une sorte d'inceste inversé ?
Par contre, l'Égalité a le bon goût d'être mathématiquement mesurable.
Aussi afin d'éclairer la lanterne de Vincent Peillon et de ses collègues du gouvernement, je me suis attelé à vérifier si les revenus en France respectaient ou non nos sacro-saintes Valeurs Républicaines.
Pour ce faire, j'ai repris la classification établie par Thomas Piketty, économiste de renom dont les travaux ont inspiré François Hollande durant la primaire socialiste mais aucunement guidé son action présidentielle.
Ce spécialiste de l'étude des salaires, de la fiscalité et des patrimoines répartit les français en 4 catégories dans l'ordre croissant des revenus.
Les classes populaires sont constituées de la moitié la plus pauvre des français. Suivent ensuite, les classes moyennes avec les 40% de personnes situées au "milieu". Enfin, les français les plus riches se partagent entre le dernier pourcent qui forme les classes "très" aisées et les classes "simplement" aisées qui occupent les 9% précédents.
L'écart de revenu entre ces catégories est gigantesque.
Les 5 millions de personnes les plus défavorisées récupèrent moins de 900 € par mois.
Le revenu moyen net, après impôts et transferts sociaux, d'un adulte des classes populaires est de 1 500 € mensuels.
Les classes moyennes gagnent sensiblement le double et les classes aisées le quadruple.
Les 500 000 personnes très aisées émargent chacune à 30 000 € par mois, 33 fois plus que leurs concitoyens moins bien lotis. En 2 ans, ils gagnent autant qu'un travailleur des classes populaires en une vie professionnelle complète.
Les 5 millions de français les plus riches ont sensiblement le même revenu cumulé que les 25 millions les moins fortunés.
Afin de rendre notre situation encore plus palpable, voici ce que serait la France si ces inégalités, en plus d'être sociales, devenaient aussi géographiques.
Le nord de la Loire, grosso modo les anciens pays de langue d’oïl, regrouperait les catégories populaires avec un revenu moyen de 1 500 € mensuels par personne.
Les classes moyennes, autour de 3 000 € par mois, se mettraient à l'occitan et occuperaient le sud de la Loire.
La bande littorale provençale de Marseille à Nice serait mise à disposition des français aisés disposant de 6 000 € mensuels.
L'agglomération de Grenoble, qu'il faudrait ceindre de fossés et de barbelés, serait transformée en ghetto pour ultra-riches touchant presque 400 000 € chaque année. Cette nouvelle principauté opterait pour le patois dauphinois comme langue officielle aussitôt son indépendance acquise.
Ces chiffres permettent aussi de comprendre pourquoi seules les grosses pièces de 1 et 2 € portent la devise de la république française. La faire figurer sur la menue monnaie pourrait passer pour de la publicité mensongère vis à vis des citoyens plus pauvres.
Inégalement votre
Références et compléments
Les données, que j'ai arrondi pour faciliter leur compréhension, proviennent :
. du livre de 2011 de Thomas Piketty, Camille Landais et Emmanuel Saez "Pour une révolution fiscale - Un impôt sur le revenu pour le XXIème siècle" accessible gratuitement en ligne en suivant ce lien ;
. de l'observatoire des inégalités qui fournit de très nombreuses statistiques sur les disparités de la société française.
Celles-ci sont brillamment synthétisées par la devise qui orne le fronton de la plupart des mairies : Liberté, Égalité, Fraternité.
Pouvoir sur ce blog me gausser de ministres en exercice ou publier des statistiques religieuses sans craindre d'être tiré matutinalement du lit par l'équivalent tricolore de la Stasi prouve que le rayon Liberté est très correctement achalandé.
La Fraternité est plus difficile à évaluer. Ce sentiment très personnel n'est pas aisé à détecter. De surcroît, sa mise en œuvre pose quelques problèmes. Être fraternel envers son conjoint ou ses enfants ne serait-ce pas pratiquer une sorte d'inceste inversé ?
Par contre, l'Égalité a le bon goût d'être mathématiquement mesurable.
Aussi afin d'éclairer la lanterne de Vincent Peillon et de ses collègues du gouvernement, je me suis attelé à vérifier si les revenus en France respectaient ou non nos sacro-saintes Valeurs Républicaines.
Pour ce faire, j'ai repris la classification établie par Thomas Piketty, économiste de renom dont les travaux ont inspiré François Hollande durant la primaire socialiste mais aucunement guidé son action présidentielle.
Ce spécialiste de l'étude des salaires, de la fiscalité et des patrimoines répartit les français en 4 catégories dans l'ordre croissant des revenus.
Les classes populaires sont constituées de la moitié la plus pauvre des français. Suivent ensuite, les classes moyennes avec les 40% de personnes situées au "milieu". Enfin, les français les plus riches se partagent entre le dernier pourcent qui forme les classes "très" aisées et les classes "simplement" aisées qui occupent les 9% précédents.
Répartition des classes sociales en France en fonction de leurs effectifs |
Les 5 millions de personnes les plus défavorisées récupèrent moins de 900 € par mois.
Le revenu moyen net, après impôts et transferts sociaux, d'un adulte des classes populaires est de 1 500 € mensuels.
Les classes moyennes gagnent sensiblement le double et les classes aisées le quadruple.
Les 500 000 personnes très aisées émargent chacune à 30 000 € par mois, 33 fois plus que leurs concitoyens moins bien lotis. En 2 ans, ils gagnent autant qu'un travailleur des classes populaires en une vie professionnelle complète.
Les 5 millions de français les plus riches ont sensiblement le même revenu cumulé que les 25 millions les moins fortunés.
Répartition des classes sociales en France en fonction de leurs revenus nets mensuels moyens |
Le nord de la Loire, grosso modo les anciens pays de langue d’oïl, regrouperait les catégories populaires avec un revenu moyen de 1 500 € mensuels par personne.
Les classes moyennes, autour de 3 000 € par mois, se mettraient à l'occitan et occuperaient le sud de la Loire.
La bande littorale provençale de Marseille à Nice serait mise à disposition des français aisés disposant de 6 000 € mensuels.
L'agglomération de Grenoble, qu'il faudrait ceindre de fossés et de barbelés, serait transformée en ghetto pour ultra-riches touchant presque 400 000 € chaque année. Cette nouvelle principauté opterait pour le patois dauphinois comme langue officielle aussitôt son indépendance acquise.
Ces chiffres permettent aussi de comprendre pourquoi seules les grosses pièces de 1 et 2 € portent la devise de la république française. La faire figurer sur la menue monnaie pourrait passer pour de la publicité mensongère vis à vis des citoyens plus pauvres.
Inégalement votre
Références et compléments
Les données, que j'ai arrondi pour faciliter leur compréhension, proviennent :
. du livre de 2011 de Thomas Piketty, Camille Landais et Emmanuel Saez "Pour une révolution fiscale - Un impôt sur le revenu pour le XXIème siècle" accessible gratuitement en ligne en suivant ce lien ;
. de l'observatoire des inégalités qui fournit de très nombreuses statistiques sur les disparités de la société française.