Lors de sa récente visite en France, Moncef Marzouki, le provisoire et binoclard président de la république tunisienne, a déclaré en réponse à une interrogation sur l'importance économique du tourisme, "il ne faut plus venir bronzer idiot en Tunisie".
Jusqu'alors, naïvement, je pensais que la priorité de la "troïka" - coalition tripartite issue des premières élections libres de l'automne 2011 - était de créer le plus possible d'emplois pour résorber le chômage massif. Il n'en est rien, le bien-être des hôtes du pays du jasmin ne saurait céder le pas à aucune autre préoccupation !
Les consignes présidentielles sont claires.
Dans chaque aéroport, les agents en charge du contrôle des passeports questionneront chaque touriste fraichement débarqué sur son projet de vacances.
Si son intention est de se relaxer et de mettre ses neurones au repos, il sera immédiatement mis à l'ombre par la police nouvellement démocratique. Les forces de l'ordre lui éviteront ainsi mélanomes et autres maladies de peau induites par une exposition prolongée aux ultra-violets. Pour ce faire, les sinistres brigades d'intervention seront bientôt dotées de parasols, beaucoup plus efficaces pour abriter les visiteurs que les boucliers anti-émeutes.
A l'inverse, le vacancier souhaitant utiliser son séjour tunisien pour écluser quelques romans policiers ou écrire des chroniques sera sommé par la même police récemment réformée d'aller illico sur une plage en plein cagnard. Désormais plus question de bouquiner sous les claies ombragées de Jammoulti - le bistrot de la plage de Kelibia - le bronzage intelligent, fruit de la volonté populaire, s'impose !
Après la saillie marzoukienne, la saison touristique tunisienne, contrairement aux discours officiels, s'annonce difficile.
Les amateurs de plage qui n'apprécient pas plus que n'importe qui de se faire traiter d'idiots, préfèreront probablement aller combler la dette de la Grèce, de Chypre ou de l'Espagne plutôt que celle de la Tunisie.
Quant à moi, j'appréhende mon prochain départ vers le Cap Bon.
Moncef Marzouki va-t-il réussir là où Habib Bourguiba et Zine el Abidine Ben Ali alliés à l'ensemble de ma famille ont piteusement échoué ?
Vais-je, démocratiquement mais fermement, être obligé de passer mon séjour durablement allongé au soleil sur le sable du "Petit Paris" ou du "Belge" ?
Idiotiquement votre
Post Scriptum du 24 juillet 2012 :
J'ai reçu de Marc, fidèle lecteur des Humeurs Mondialisées, la photo ci-dessous prise en juin de cette année à Djerba qui illustre parfaitement le bronzage idiot en Tunisie avant l'ultimatum présidentiel.
Références et compléments
- Je dédie cette chronique à Roland, Brigitte, Françoise et Benoît qui ont eu la chance de visiter la Tunisie cette année avant l'injonction de Moncef Marzouki sur le bronzage idiot.
- "Petit Paris" et le "Belge" sont les sobriquets de deux des plages de Kelibia. Pour en savoir un peu plus sur ces plages, je vous recommande les chroniques "Mieux vaut p'tard que jamais" et "Sabotage belge".
- Désormais, de nombreuses chroniques de ce blog ont pris Moncef Marzouki et ses lunettes comme sujet de prédilection.
- L'interview où Moncef Marzouki s'oppose au bronzage idiot est parue dans le journal français La Provence le 20 juillet 2012.
Jusqu'alors, naïvement, je pensais que la priorité de la "troïka" - coalition tripartite issue des premières élections libres de l'automne 2011 - était de créer le plus possible d'emplois pour résorber le chômage massif. Il n'en est rien, le bien-être des hôtes du pays du jasmin ne saurait céder le pas à aucune autre préoccupation !
Les consignes présidentielles sont claires.
Dans chaque aéroport, les agents en charge du contrôle des passeports questionneront chaque touriste fraichement débarqué sur son projet de vacances.
Si son intention est de se relaxer et de mettre ses neurones au repos, il sera immédiatement mis à l'ombre par la police nouvellement démocratique. Les forces de l'ordre lui éviteront ainsi mélanomes et autres maladies de peau induites par une exposition prolongée aux ultra-violets. Pour ce faire, les sinistres brigades d'intervention seront bientôt dotées de parasols, beaucoup plus efficaces pour abriter les visiteurs que les boucliers anti-émeutes.
A l'inverse, le vacancier souhaitant utiliser son séjour tunisien pour écluser quelques romans policiers ou écrire des chroniques sera sommé par la même police récemment réformée d'aller illico sur une plage en plein cagnard. Désormais plus question de bouquiner sous les claies ombragées de Jammoulti - le bistrot de la plage de Kelibia - le bronzage intelligent, fruit de la volonté populaire, s'impose !
Après la saillie marzoukienne, la saison touristique tunisienne, contrairement aux discours officiels, s'annonce difficile.
Les amateurs de plage qui n'apprécient pas plus que n'importe qui de se faire traiter d'idiots, préfèreront probablement aller combler la dette de la Grèce, de Chypre ou de l'Espagne plutôt que celle de la Tunisie.
Quant à moi, j'appréhende mon prochain départ vers le Cap Bon.
Moncef Marzouki va-t-il réussir là où Habib Bourguiba et Zine el Abidine Ben Ali alliés à l'ensemble de ma famille ont piteusement échoué ?
Vais-je, démocratiquement mais fermement, être obligé de passer mon séjour durablement allongé au soleil sur le sable du "Petit Paris" ou du "Belge" ?
Idiotiquement votre
Post Scriptum du 24 juillet 2012 :
J'ai reçu de Marc, fidèle lecteur des Humeurs Mondialisées, la photo ci-dessous prise en juin de cette année à Djerba qui illustre parfaitement le bronzage idiot en Tunisie avant l'ultimatum présidentiel.
- Je dédie cette chronique à Roland, Brigitte, Françoise et Benoît qui ont eu la chance de visiter la Tunisie cette année avant l'injonction de Moncef Marzouki sur le bronzage idiot.
- "Petit Paris" et le "Belge" sont les sobriquets de deux des plages de Kelibia. Pour en savoir un peu plus sur ces plages, je vous recommande les chroniques "Mieux vaut p'tard que jamais" et "Sabotage belge".
- Désormais, de nombreuses chroniques de ce blog ont pris Moncef Marzouki et ses lunettes comme sujet de prédilection.
- L'interview où Moncef Marzouki s'oppose au bronzage idiot est parue dans le journal français La Provence le 20 juillet 2012.