lundi 2 juillet 2012

Bosnie, Bâmiyân, Tombouctou ...


Outre leurs cortèges terribles de morts et de blessés, les guerre civiles menées au nom d'un "isme" – national-isme, islam-isme, commun-isme – génèrent des viols à grande échelle et la destruction systématique du patrimoine religieux et culturel.
Depuis les années 1970, des brutes, à poil généralement long, ont rasé sanctuaires zoroastriens en Iran ; pagodes et musées au Cambodge ; églises, monastères, mosquées et synagogues dans l'ex-Yougoslavie ; Bouddhas de Bâmiyân en Afghanistan et, depuis la semaine dernière, mausolées musulmans de Tombouctou.

Les tenants des "ismes" ont en commun de démontrer leur supériorité immanente en déniant toute humanité, voire même toute existence, à ceux qu'il se sont choisis comme adversaires.
Quoi de plus efficace qu'un viol pour déshumaniser ?
Quoi de plus spectaculaire qu'une profanation pour dévaloriser une foi ?

A court terme, cette barbarie traumatise et démoralise les malheureux qui se retrouvent sous le joug d'un "isme". Meurtres, emprisonnements, viols et destructions déstructurent une société et permettent sa sujétion.
Mais à plus longue échéance, cette violence acharnée contre les populations, leurs cultures et leurs religions est, paradoxalement, un ferment formidable d'espoir et de résistance.
En effet, les types – ce sont rarement des femmes – qui violent et saccagent pour défendre leurs idées prouvent que celles-ci sont sacrément faiblardes, sinon ils argumenteraient ! Dans la durée, c'est plus efficace et nettement moins éreintant.
L'immense force des démocraties – qui, jusqu'ici, ont surmonté tous les "ismes" – c'est de civiliser les conflits en institutionnalisant rhétorique et dialectique.
Si je suis convaincu que mes pensées sont excellentes et méritent d'être appliquées, je vais devoir les charpenter et les présenter de façon convaincante. Ceux que mes propositions hérisseraient, à leur tour, seront forcés de structurer une réfutation étayée.
Ce processus, malgré ses mutations génétiques et ses imperfections, est incroyablement sélectif. Seules les meilleures idées survivent !

Les bachi-bouzouks iconoclastes qui se sont emparés du Nord Mali croient défendre leur version de la religion en montrant au monde leur capacité à déglinguer de vieux murs en terre crue et à fouetter mères célibataires et buveurs d'alcool.
Les dommages qu'ils infligent aux habitants et au patrimoine sont irréparables mais leur triomphe durera moins longtemps que les mausolées qu'il mettent à bas.
Leur dénomination – Ansar Dine – ne doit rien à une foi ancestrale et respectable. Cette appellation provient du poisson qui lui est proche phonétiquement : des êtres sans têtes qui s'obligent vivre confinés dans un univers stérile et gluant par peur du grand large et de l'air libre ...

No pasaran !

Compléments
- Sur ce même thème des "ismes", de la barbarie et de la résistance, les chroniques "Bras croisés ou salut nazi ?" et "Barbus des ténèbres ou barbus du boson ?".