La défiance des français pour les institutions est devenue si forte que beaucoup d'entre nous n'éprouvent plus le besoin de comparaître devant Monsieur le Maire et Monsieur le Curé pour officialiser, à la ville et au monde, leur union.
Tout au plus, certains consentent à se présenter subrepticement à un greffier de tribunal d'instance pour enregistrer leur pacte civil de solidarité, mieux connu sous son acronyme PACS.
Ces changements sociologiques profonds ont des conséquences lexicales insoupçonnées.
Personne ne parle plus de concubinage.
Ce terme vieillot a notoirement succombé à ses connotations péjoratives. Qui oserait encore désigner l'homme ou la femme de sa vie (de couple, du moment) avec les termes concubins et concubines ?
Malgré l'évocatrice expression camarade de jeux et une origine commune avec le mot chambre, le et la camarade sont partis avec le Mur de Berlin et l'URSS peupler les poubelles de l'Histoire.
Dommage, car ce terme, invariable quel que soit le genre, est porteur d'une symétrie homme-femme très moderne.
Pour sa part, connaissance, vieilli et biblique, a subi les lents et irrémédiables déclins de la noblesse française et de l'imparfait du subjonctif.
Conjoint, très juridique, est réservé à certains formulaires ou actes administratifs où, manque de place et politiquement correct aidant, ce vocable a le bon goût d'afficher une neutralité du meilleur aloi.
Son féminin, conjointe, peine à se faire une place en dehors des analyses statistiques et du Scrabble.
Le PACS n'a pacs suscité d'autres néologismes que lui-même et l'hideux verbe se pacser.
Pourtant, mutualiser gîte, couvert et couche avec une pacsette, une pacssoire, un pacssif ou un pacssant constitue un palpitant objectif de vie.
Les jeunes couples allergiques aux greffiers de tribunaux d'instance optent résolument pour les termes copain et copine précédés d'un déterminant possessif.
Manifestement, l'intimité avec sa copine est plus prononcée qu'avec une copine quelconque.
Le terme copain est issu du latin cum panis, celui avec qui l'on partage le pain. Par voie de conséquences, je me suis toujours interrogé sur l'étymologie du mot copine, surtout si cette dernière est employée par un centre équestre.
Ami et amie, bien que toujours usités, tendent à revenir vers leur acception originelle et platonique.
Petit ami et petite amie sont franchement ringards. Bonne amie, définitivement datée, s'enfonce dans la désuétude.
Ces appellations métaphoriques s'avèrent trop fleur bleue pour notre époque décomplexée.
Le seul intérêt des termes amant et amante est de garantir un coup de vieux.
Évoquer son amant ou son amante vous inscrit d'office au fan club d'Honoré de Balzac ou de Stendahl.
Ces deux vocables sont désormais réservés aux échange strictement horizontaux et inavoués, donc inavouables.
Maîtresse les a précédé dans le magasin des accessoires hors d'usage.
Au fil de la vie, le copinage fait place au compagnonnage. L'âge aidant, la copine devient compagne et le copain compagnon.
Étrangement, la compagnonne ne fait pacs recette. Serait-ce parce que la gent masculine préfère ses partenaires en pagne plutôt que lionnes ?
Dans mon entourage, aucune paire notoire ayant franchi le cap de la quarantaine n'utilise plus les expressions mon copain et ma copine.
Toutefois, même si cette séparation sémantique est nette, je n'ai pacs réussi à déterminer la date de péremption de copine.
Y aurait-il, un jour précis, une cérémonie initiatique, dans l'intimité de l'alcôve, durant laquelle la femme se débarrasserait de ses oripeaux usés de copine en un strip-tease torride pendant que son concubin revêtirait une parure neuve et seyante de compagnon ?
N'ayant pacs eu l'opportunité de pratiquer personnellement cette transformation, j'apprécierais que les lecteurs éclairent ma lanterne sur ce point.
Les couples mariés compensent leurs chaînes légales, et parfois religieuses, par une richesse lexicale sans égale. L'ancienneté et le prestige du statut matrimonial officiel confère de menus privilèges qu'il convient de savoir savourer.
Les termes mari, époux, femme, ou épouse, avec ou sans déterminant possessif, sont parfaitement interchangeables.
Fort heureusement, les vocables légitime et bourgeoise n'ont plus cours pour caractériser la moitié du marié.
Néanmoins, dernier reste de machisme ancestral, trop peu d'épouses appellent leur conjoint mon homme.
Copinement votre
Chronique rédigée le lundi de PACS
Tout au plus, certains consentent à se présenter subrepticement à un greffier de tribunal d'instance pour enregistrer leur pacte civil de solidarité, mieux connu sous son acronyme PACS.
Ces changements sociologiques profonds ont des conséquences lexicales insoupçonnées.
Personne ne parle plus de concubinage.
Ce terme vieillot a notoirement succombé à ses connotations péjoratives. Qui oserait encore désigner l'homme ou la femme de sa vie (de couple, du moment) avec les termes concubins et concubines ?
Malgré l'évocatrice expression camarade de jeux et une origine commune avec le mot chambre, le et la camarade sont partis avec le Mur de Berlin et l'URSS peupler les poubelles de l'Histoire.
Dommage, car ce terme, invariable quel que soit le genre, est porteur d'une symétrie homme-femme très moderne.
Pour sa part, connaissance, vieilli et biblique, a subi les lents et irrémédiables déclins de la noblesse française et de l'imparfait du subjonctif.
Conjoint, très juridique, est réservé à certains formulaires ou actes administratifs où, manque de place et politiquement correct aidant, ce vocable a le bon goût d'afficher une neutralité du meilleur aloi.
Son féminin, conjointe, peine à se faire une place en dehors des analyses statistiques et du Scrabble.
Le PACS n'a pacs suscité d'autres néologismes que lui-même et l'hideux verbe se pacser.
Pourtant, mutualiser gîte, couvert et couche avec une pacsette, une pacssoire, un pacssif ou un pacssant constitue un palpitant objectif de vie.
Les jeunes couples allergiques aux greffiers de tribunaux d'instance optent résolument pour les termes copain et copine précédés d'un déterminant possessif.
Manifestement, l'intimité avec sa copine est plus prononcée qu'avec une copine quelconque.
Le terme copain est issu du latin cum panis, celui avec qui l'on partage le pain. Par voie de conséquences, je me suis toujours interrogé sur l'étymologie du mot copine, surtout si cette dernière est employée par un centre équestre.
Ami et amie, bien que toujours usités, tendent à revenir vers leur acception originelle et platonique.
Petit ami et petite amie sont franchement ringards. Bonne amie, définitivement datée, s'enfonce dans la désuétude.
Ces appellations métaphoriques s'avèrent trop fleur bleue pour notre époque décomplexée.
Le seul intérêt des termes amant et amante est de garantir un coup de vieux.
Évoquer son amant ou son amante vous inscrit d'office au fan club d'Honoré de Balzac ou de Stendahl.
Ces deux vocables sont désormais réservés aux échange strictement horizontaux et inavoués, donc inavouables.
Maîtresse les a précédé dans le magasin des accessoires hors d'usage.
Au fil de la vie, le copinage fait place au compagnonnage. L'âge aidant, la copine devient compagne et le copain compagnon.
Étrangement, la compagnonne ne fait pacs recette. Serait-ce parce que la gent masculine préfère ses partenaires en pagne plutôt que lionnes ?
Dans mon entourage, aucune paire notoire ayant franchi le cap de la quarantaine n'utilise plus les expressions mon copain et ma copine.
Toutefois, même si cette séparation sémantique est nette, je n'ai pacs réussi à déterminer la date de péremption de copine.
Y aurait-il, un jour précis, une cérémonie initiatique, dans l'intimité de l'alcôve, durant laquelle la femme se débarrasserait de ses oripeaux usés de copine en un strip-tease torride pendant que son concubin revêtirait une parure neuve et seyante de compagnon ?
N'ayant pacs eu l'opportunité de pratiquer personnellement cette transformation, j'apprécierais que les lecteurs éclairent ma lanterne sur ce point.
Les couples mariés compensent leurs chaînes légales, et parfois religieuses, par une richesse lexicale sans égale. L'ancienneté et le prestige du statut matrimonial officiel confère de menus privilèges qu'il convient de savoir savourer.
Les termes mari, époux, femme, ou épouse, avec ou sans déterminant possessif, sont parfaitement interchangeables.
Fort heureusement, les vocables légitime et bourgeoise n'ont plus cours pour caractériser la moitié du marié.
Néanmoins, dernier reste de machisme ancestral, trop peu d'épouses appellent leur conjoint mon homme.
Copinement votre
Chronique rédigée le lundi de PACS