Philippe Varin, présentement futur-ex PDG de la maison automobile Peugeot Citroën, à l'issue d'un lynchage syndicalo-politico-médiatique, a été contraint, cette semaine, de renoncer à une pension dite chapeau que la famille gouvernant l'entreprise s'était engagé à lui verser.
Trop peu de voix se sont élevées pour défendre cet infortuné patron.
Refusant de me joindre au chœur des hyènes, je vais tenter, à ma façon, de plaider la cause de cet éminent polytechnicien en vous proposant de vous mettre dans la peau de Philippe Varin et d'imaginer l'extrême complication de sa vie professionnelle mais aussi personnelle.
En 2009, ayant restructuré et vendu à un conglomérat indien la dernière compagnie sidérurgique européenne indépendante, Philippe Varin est recruté par la tribu Peugeot pour diriger ses fabriques de voitures.
Il prend alors la tête d'une entreprise dans la tourmente dont les pertes avoisinent 1 000 000 000 €.
Très rapidement, son action est couronnée de succès. En 2010 et 2011, les marques au lion ou aux chevrons repassent dans le vert.
Toutefois, le 8 août 2012, franchissant le cap symbolique de la soixantaine, Philippe Varin se met à envisager sa retraite.
Mu par un sens aigu de la moralité et de la probité tout à son honneur, il se met en ordre de bataille pour rendre la société à ses actionnaires dans l'état où il l'avait trouvé en y arrivant : en déficit !
Compétiteur dans l'âme et perfectionniste compulsif, ce PDG réussit même à exploser la pâle performance de son prédécesseur et termine l'année avec un trou total de 5 000 000 000 €, 25 000 € par salarié.
Creuser aussi rapidement et aussi profondément suppose une activité hors pair, un excellente agilité intellectuelle et une mobilisation de tous les instants.
Au regard de tous ces efforts, le salaire annuel de 1 300 000 € de Philippe Varin me parait plus qu'amplement justifié. Les critiques de ce type de rémunération méconnaissent l'ampleur des défis auxquels sont confrontés les dirigeants des grands groupes.
Malheureusement pour eux, les top managers ne doivent pas se contenter d'exploits professionnels. Leurs trop rares moments de loisirs ne leur appartiennent guère.
Recevoir une rémunération de 3 500 € par jour, dimanches et jours fériés inclus, est aisé. La dépenser est une autre paire de manches !
Prenons quelques instants la place de ce pauvre Philippe Varin, chaque soir vers 22 heures, après une journée harassante consacrée à imaginer comment fermer usines ou services et faire racheter sa boîte par des chinois sans qu'Arnaud Montebourg et les Peugeot y trouvent à redire.
Au lieu de nous affaler dans notre canapé et de siroter une camomille au Canderel en regardant un épisode du commissaire Navarro récupéré sur YouTube, nous voilà forcé de planifier comment, le lendemain, notre famille et nous-même allons pouvoir claquer plus de trois SMIC mensuels et demi avant le coucher du soleil. Cette tâche est d'autant plus ardue que notre contrat de travail nous interdit l'achat de BMW, Porsche et autres Rolls-Royce et que notre entreprise finance l'essentiel de nos repas, voyages et hébergements.
Au bord du burnout, Philippe Varin aurait confié cette semaine à ses confrères du MEDEF qu'il avait accueilli la hollandaise et arlésienne taxe à 75% avec soulagement et qu'il regrettait même son taux bien trop faible et sa mise tardive en application.
Richement votre.
Références et compléments
- Voir aussi les chroniques "hôpital Montebourg vs charité PSA ?" et "face au CAC, le SMIC prend une claque !".
Le billet "les constructeurs automobiles devraient cesser de faire des voitures" revient sur la méforme actuelle des constructeurs automobiles français.
- Mes remerciements chaleureux et amicaux aux deux détonateurs de cette chronique consacrée aux malheurs des riches, Alain et Jean, très élégant dans sa nouvelle nuisette.
- Les chiffres, arrondis pour faciliter la compréhension, sont issus des rapports financiers officiels de la maison PSA Peugeot Citroën.
- D'après Wikipedia, Philippe Varin serait né le 8 août 1952 à Reims.
Trop peu de voix se sont élevées pour défendre cet infortuné patron.
Refusant de me joindre au chœur des hyènes, je vais tenter, à ma façon, de plaider la cause de cet éminent polytechnicien en vous proposant de vous mettre dans la peau de Philippe Varin et d'imaginer l'extrême complication de sa vie professionnelle mais aussi personnelle.
En 2009, ayant restructuré et vendu à un conglomérat indien la dernière compagnie sidérurgique européenne indépendante, Philippe Varin est recruté par la tribu Peugeot pour diriger ses fabriques de voitures.
Il prend alors la tête d'une entreprise dans la tourmente dont les pertes avoisinent 1 000 000 000 €.
Très rapidement, son action est couronnée de succès. En 2010 et 2011, les marques au lion ou aux chevrons repassent dans le vert.
Toutefois, le 8 août 2012, franchissant le cap symbolique de la soixantaine, Philippe Varin se met à envisager sa retraite.
Mu par un sens aigu de la moralité et de la probité tout à son honneur, il se met en ordre de bataille pour rendre la société à ses actionnaires dans l'état où il l'avait trouvé en y arrivant : en déficit !
Compétiteur dans l'âme et perfectionniste compulsif, ce PDG réussit même à exploser la pâle performance de son prédécesseur et termine l'année avec un trou total de 5 000 000 000 €, 25 000 € par salarié.
Creuser aussi rapidement et aussi profondément suppose une activité hors pair, un excellente agilité intellectuelle et une mobilisation de tous les instants.
Au regard de tous ces efforts, le salaire annuel de 1 300 000 € de Philippe Varin me parait plus qu'amplement justifié. Les critiques de ce type de rémunération méconnaissent l'ampleur des défis auxquels sont confrontés les dirigeants des grands groupes.
Malheureusement pour eux, les top managers ne doivent pas se contenter d'exploits professionnels. Leurs trop rares moments de loisirs ne leur appartiennent guère.
Recevoir une rémunération de 3 500 € par jour, dimanches et jours fériés inclus, est aisé. La dépenser est une autre paire de manches !
Prenons quelques instants la place de ce pauvre Philippe Varin, chaque soir vers 22 heures, après une journée harassante consacrée à imaginer comment fermer usines ou services et faire racheter sa boîte par des chinois sans qu'Arnaud Montebourg et les Peugeot y trouvent à redire.
Au lieu de nous affaler dans notre canapé et de siroter une camomille au Canderel en regardant un épisode du commissaire Navarro récupéré sur YouTube, nous voilà forcé de planifier comment, le lendemain, notre famille et nous-même allons pouvoir claquer plus de trois SMIC mensuels et demi avant le coucher du soleil. Cette tâche est d'autant plus ardue que notre contrat de travail nous interdit l'achat de BMW, Porsche et autres Rolls-Royce et que notre entreprise finance l'essentiel de nos repas, voyages et hébergements.
Au bord du burnout, Philippe Varin aurait confié cette semaine à ses confrères du MEDEF qu'il avait accueilli la hollandaise et arlésienne taxe à 75% avec soulagement et qu'il regrettait même son taux bien trop faible et sa mise tardive en application.
Richement votre.
Références et compléments
- Voir aussi les chroniques "hôpital Montebourg vs charité PSA ?" et "face au CAC, le SMIC prend une claque !".
Le billet "les constructeurs automobiles devraient cesser de faire des voitures" revient sur la méforme actuelle des constructeurs automobiles français.
- Mes remerciements chaleureux et amicaux aux deux détonateurs de cette chronique consacrée aux malheurs des riches, Alain et Jean, très élégant dans sa nouvelle nuisette.
- Les chiffres, arrondis pour faciliter la compréhension, sont issus des rapports financiers officiels de la maison PSA Peugeot Citroën.
- D'après Wikipedia, Philippe Varin serait né le 8 août 1952 à Reims.