Bien que les temps soient au mariage pour tous, le monde, contrairement aux apparences, n'est pas bi mais tri.
Je parle, bien entendu, des dimensions qui définissent l'espace dans lequel nous évoluons.
Grâce à Clément Ader, aux frères Wright et aux compagnies d'aviation, des personnes de plus en plus nombreuses s'envoient régulièrement en l'air.
A chaque instant, environ 700 000 humains - l'équivalent de l'agglomération de Grenoble - planent au dessus des 7 milliards d'autres scotchés au plancher des vaches.
Avec la complicité active d'Airbus et Boeing, cette nouvelle aristocratie, à l'instar des anciennes hiérarchies féodales, profite de privilèges dont ne peuvent jouir ceux qui, par choix ou obligation, restent au sol.
Pour preuve, un confortable voyage aérien effectué cette semaine dans un appareil affrété par un émir entre la calme Genève et la kitschissime Dubaï.
- Un sympathique apéro a permis aux 300 passagers de surmonter sans effort la crise politique italienne.
- Durant le repas, les Balkans furent avalés sans encombre.
Toutefois à Sarajevo, un attentat fut commis contre la propreté de ma chemise par des gouttelettes de café fuyant à vitesse stratosphérique une cuillère tombée de ma main gauche à l'insu de mon plein gré.
- Le passage en Turquie s'est effectué comme un seul homme.
A l'heure de la sieste, les différences entre Anatolie et Kurdistan ne se remarquent guère. Manifestement, le récent processus de paix a déjà porté ses fruits dans la haute atmosphère.
- Les désordres de la guerre civile syrienne sont très surfaits.
Malgré une observation attentive, je n'ai pas réussi à détecter un seul dommage aux populations civiles ou au patrimoine.
- D'Erbil à Basra, en passant par Bagdad, la traversée de l'Irak fut aussi peu remarquable que celle du pays des Omeyyades.
Le fracas du conflit ethnique et électoral qui ensanglante à nouveau la Mésopotamie n'a pas suffi à troubler la sérénité du cockpit.
- Les pétarades des bolides de Formule 1 et des pétoires de la police de Bahreïn sont strictement inaudibles à 11 000 mètres au dessus du niveau de la mer.
Cela a évité que les cris des victimes de la répression gênent l'équipage peu de temps avant qu'il amorce la descente.
- Le Qatar et sa bonbonne souterraine de gaz ressemblent, d'en haut, à un confetti.
La première syllabe est particulièrement appropriée pour cette dictature d'opérette qui coffre ses poètes et qui finance, en vrac, djihadistes et footballeurs inconstants.
- L'approche finale s'effectue dans le corridor de la démocratie : l'Arabie Saoudite à droite et l'Iran - qui l'eût cru ? - à gauche.
J'ai cru un court instant que le souffle de la Liberté et de l'Humanité secouait l'appareil jusqu'à ce qu'une hôtesse nous mette en garde contre des turbulences.
- Pour finir, l'opulence ostentatoire et gaspilleuse de Dubaï ne se remarque qu'au sol.
Depuis le ciel, les émirats soit disant arabes et unis sont d'abord un gigantesque tas de sable.
Aériennement votre
Je parle, bien entendu, des dimensions qui définissent l'espace dans lequel nous évoluons.
Grâce à Clément Ader, aux frères Wright et aux compagnies d'aviation, des personnes de plus en plus nombreuses s'envoient régulièrement en l'air.
A chaque instant, environ 700 000 humains - l'équivalent de l'agglomération de Grenoble - planent au dessus des 7 milliards d'autres scotchés au plancher des vaches.
Avec la complicité active d'Airbus et Boeing, cette nouvelle aristocratie, à l'instar des anciennes hiérarchies féodales, profite de privilèges dont ne peuvent jouir ceux qui, par choix ou obligation, restent au sol.
Pour preuve, un confortable voyage aérien effectué cette semaine dans un appareil affrété par un émir entre la calme Genève et la kitschissime Dubaï.
- Un sympathique apéro a permis aux 300 passagers de surmonter sans effort la crise politique italienne.
- Durant le repas, les Balkans furent avalés sans encombre.
Toutefois à Sarajevo, un attentat fut commis contre la propreté de ma chemise par des gouttelettes de café fuyant à vitesse stratosphérique une cuillère tombée de ma main gauche à l'insu de mon plein gré.
- Le passage en Turquie s'est effectué comme un seul homme.
A l'heure de la sieste, les différences entre Anatolie et Kurdistan ne se remarquent guère. Manifestement, le récent processus de paix a déjà porté ses fruits dans la haute atmosphère.
- Les désordres de la guerre civile syrienne sont très surfaits.
Malgré une observation attentive, je n'ai pas réussi à détecter un seul dommage aux populations civiles ou au patrimoine.
- D'Erbil à Basra, en passant par Bagdad, la traversée de l'Irak fut aussi peu remarquable que celle du pays des Omeyyades.
Le fracas du conflit ethnique et électoral qui ensanglante à nouveau la Mésopotamie n'a pas suffi à troubler la sérénité du cockpit.
Vol au dessus de Bagdad / بغداد
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- L'émirat du Kuwait a été expédié en quelques minutes.
Si Voltaire avait été à bord de cet avion parti de son ancienne propriété de Ferney, il n'aurait pas manqué de souligner que naguère on s'y battit pour quelques arpents de pétrole.- Les pétarades des bolides de Formule 1 et des pétoires de la police de Bahreïn sont strictement inaudibles à 11 000 mètres au dessus du niveau de la mer.
Cela a évité que les cris des victimes de la répression gênent l'équipage peu de temps avant qu'il amorce la descente.
- Le Qatar et sa bonbonne souterraine de gaz ressemblent, d'en haut, à un confetti.
La première syllabe est particulièrement appropriée pour cette dictature d'opérette qui coffre ses poètes et qui finance, en vrac, djihadistes et footballeurs inconstants.
- L'approche finale s'effectue dans le corridor de la démocratie : l'Arabie Saoudite à droite et l'Iran - qui l'eût cru ? - à gauche.
J'ai cru un court instant que le souffle de la Liberté et de l'Humanité secouait l'appareil jusqu'à ce qu'une hôtesse nous mette en garde contre des turbulences.
- Pour finir, l'opulence ostentatoire et gaspilleuse de Dubaï ne se remarque qu'au sol.
Depuis le ciel, les émirats soit disant arabes et unis sont d'abord un gigantesque tas de sable.
Aériennement votre
Références et compléments
- Chronique rédigée au dessus du Moyen Orient alors qu'un Boeing 777 reliant Genève à Dubaï m'avait envoyé en l'air.
- Voir aussi la chronique frontalière et genevoise "les confins de l'Union".