Hercule - héros mythologique schizophrène qui peinait à aller de l'avant - a désormais quitté sa Grèce natale pour les Alpes.
Pour preuve, trois exemplaires de la même statue de ce travailleur compulsif trônent simultanément dans le musée et le jardin de ville à Grenoble ainsi que dans le parc du château de Vizille.
Ce bronze représente un athlétique barbu au regard fuyant, dans le plus simple appareil - la mythologie est la mère du naturisme - et portant négligemment un gourdin sur son épaule droite.
Un vague tissu s'enroule en haut d'une de ses cuisses pour préserver une décence de bon aloi.
La main gauche recèle deux objets arrondis indéfinis, visibles uniquement lorsqu'on observe le personnage par l'arrière.
Deux explications contradictoires se concurrencent pour décrypter les symboles de cette sculpture.
Les historiens d'art patentés attribuent l'œuvre à un anonyme de la Renaissance italienne qui aurait honoré une commande de François de Bonne Duc de Lesdiguières, militaire protestant et gouverneur du Dauphiné sous Henri IV et Louis XIII.
Le chiffon entourant la jambe d'Hercule serait la dépouille du lion de Némée dont le safari fut le premier des douze travaux accomplis en CDD pour Eurysthée, le roi d'Argolide.
Quant à la main gauche, elle tiendrait deux pommes d'or du Jardin d'Hespérides que le héros infanticide avait été chargé de cueillir du côté de Gibraltar, malgré les patrouilles d'un serpent et d'un dragon.
Si les interprétations des spécialistes sont exactes alors les fruits mythologiques sont très surfaits. Je me demande quelle mouche a piqué Eurysthée pour qu'il expédie son plus fidèle garde du corps à l'autre bout du bassin méditerranéen afin de récupérer des goldens n'ayant même pas la taille de mandarines.
La tradition orale, que j'ai découverte en arrivant à Grenoble comme étudiant au début des années 1980, préfère une toute autre thèse.
Le Duc de Lesdiguières n'était pas seulement un militaire hardi. C'était aussi un politicien roué, un affairiste de haut-vol et un coureur de jupons invétéré. Un synthèse, en quelque sorte, du général Bigeard, de Jérôme Cahuzac et de DSK ...
Devenu gouverneur du Dauphiné, aveuglé par le pouvoir et l'argent, François de Bonne se serait lancé dans une spéculation encore plus risquée qu'à l'ordinaire. Pour rassurer son entourage, inquiet de sa hardiesse financière, il paria qui si son deal échouait, il procéderait illico à l'ablation de ses bijoux de famille.
Malheureusement pour le capitaine huguenot reconverti en golden boy, les vents du Dow Jones et du CAC 40 d'alors ne lui furent pas favorables. Soucieux de ne pas ajouter du scandale au scandale, de respecter sa parole et de conserver intacte la partie la plus intime de son anatomie, il choisit d'effectuer en effigie l'opération de soustraction de sa masculinité, en se faisant représenter sous les traits d'un Hercule musclé et maussade.
Le voile pudique couvrant le bas-ventre du héros grec a évité au sculpteur de sombrer dans le graveleux et l'explicite.
Quant aux sphères présentes dans la paume gauche, Georges Brassens nous dirait "vous avez deviné j'espère !" ...
Gauloisement votre
Références et compléments
- Page décrivant la statue d'Hercule sur le site du musée de Grenoble, avec une photo de face.
- Article sur François de Bonne Duc de Lesdiguières sur Wikipedia
- Finalement, Grenoble et Bergamo / Bergame sont des villes assez similaires. Comprend qui peut !
Pour preuve, trois exemplaires de la même statue de ce travailleur compulsif trônent simultanément dans le musée et le jardin de ville à Grenoble ainsi que dans le parc du château de Vizille.
Ce bronze représente un athlétique barbu au regard fuyant, dans le plus simple appareil - la mythologie est la mère du naturisme - et portant négligemment un gourdin sur son épaule droite.
Un vague tissu s'enroule en haut d'une de ses cuisses pour préserver une décence de bon aloi.
La main gauche recèle deux objets arrondis indéfinis, visibles uniquement lorsqu'on observe le personnage par l'arrière.
Deux explications contradictoires se concurrencent pour décrypter les symboles de cette sculpture.
Les historiens d'art patentés attribuent l'œuvre à un anonyme de la Renaissance italienne qui aurait honoré une commande de François de Bonne Duc de Lesdiguières, militaire protestant et gouverneur du Dauphiné sous Henri IV et Louis XIII.
Le chiffon entourant la jambe d'Hercule serait la dépouille du lion de Némée dont le safari fut le premier des douze travaux accomplis en CDD pour Eurysthée, le roi d'Argolide.
Quant à la main gauche, elle tiendrait deux pommes d'or du Jardin d'Hespérides que le héros infanticide avait été chargé de cueillir du côté de Gibraltar, malgré les patrouilles d'un serpent et d'un dragon.
Si les interprétations des spécialistes sont exactes alors les fruits mythologiques sont très surfaits. Je me demande quelle mouche a piqué Eurysthée pour qu'il expédie son plus fidèle garde du corps à l'autre bout du bassin méditerranéen afin de récupérer des goldens n'ayant même pas la taille de mandarines.
La tradition orale, que j'ai découverte en arrivant à Grenoble comme étudiant au début des années 1980, préfère une toute autre thèse.
Le Duc de Lesdiguières n'était pas seulement un militaire hardi. C'était aussi un politicien roué, un affairiste de haut-vol et un coureur de jupons invétéré. Un synthèse, en quelque sorte, du général Bigeard, de Jérôme Cahuzac et de DSK ...
Devenu gouverneur du Dauphiné, aveuglé par le pouvoir et l'argent, François de Bonne se serait lancé dans une spéculation encore plus risquée qu'à l'ordinaire. Pour rassurer son entourage, inquiet de sa hardiesse financière, il paria qui si son deal échouait, il procéderait illico à l'ablation de ses bijoux de famille.
Malheureusement pour le capitaine huguenot reconverti en golden boy, les vents du Dow Jones et du CAC 40 d'alors ne lui furent pas favorables. Soucieux de ne pas ajouter du scandale au scandale, de respecter sa parole et de conserver intacte la partie la plus intime de son anatomie, il choisit d'effectuer en effigie l'opération de soustraction de sa masculinité, en se faisant représenter sous les traits d'un Hercule musclé et maussade.
Le voile pudique couvrant le bas-ventre du héros grec a évité au sculpteur de sombrer dans le graveleux et l'explicite.
Quant aux sphères présentes dans la paume gauche, Georges Brassens nous dirait "vous avez deviné j'espère !" ...
Je laisse chaque lecteur méditer sur les motifs qui ont pu pousser le sculpteur de l'Hercule de Grenoble à déposer dans la main gauche - pourtant celle du cœur - des fruits flétris ou bien les restes d'une virilité mise à mal par la cupidité.
Gauloisement votre
Références et compléments
- Page décrivant la statue d'Hercule sur le site du musée de Grenoble, avec une photo de face.
- Article sur François de Bonne Duc de Lesdiguières sur Wikipedia
- Finalement, Grenoble et Bergamo / Bergame sont des villes assez similaires. Comprend qui peut !