La récente chronique où je comparais le taux moyen de 14.7 élèves par enseignant au discours médiatique sur les classes surchargées a suscité beaucoup de réactions.
J'ai donc cherché à approfondir l'analyse mais je me suis heurté à un mur peu pénétrable.
Pourtant mes recherches avaient bien débuté. Les statistiques officielles du ministère de l'Éducation nationale annoncent que les classes en France comptaient en moyenne 24.1 élèves en 2009.
Les lois de l'arithmétique étant sans appel, il est aisé d'en déduire que les surcharges à "plus de 35 élèves" mises en avant dans les gazettes s'accompagnent obligatoirement de classes en sous-effectif notable.
Toutefois de 24.1 à 14.7, il y a une différence conséquente que j'ai tenté de décortiquer.
Les lecteurs de ce blog m'ont suggéré cinq raisons pouvant expliquer qu'en moyenne le nombre d'élèves par enseignant est inférieur à l'effectif des classes. Passons les en revue.
- 1) Il faut tenir compte du personnel d'encadrement
C'est déjà fait dans les statistiques du ministère qui mettent à part les 171 000 "non enseignants" employés par le système éducatif.
- 2) L'absentéisme des enseignants serait stratosphérique
Les chiffres dans le domaine sont presque tabou. La gestion des ressources humaines de la fonction publique ne pratique vraiment pas l'open data.
Les seules données que j'ai pu trouver sont celles d'un rapport confidentiel concernant les instituteurs en 2007-2008 et ayant fuité dans la presse. Le taux d'absentéisme était alors de 5.7%, une fois et demie le taux moyen du secteur privé, mais suffisamment faible pour ne pas changer les ordres de grandeur.
- 3) Certains enseignants travaillent à temps partiel
C'est exact. Malheureusement, il n'y a pas plus de données ouvertes sur ce thème que sur le précédent.
- 4) Certains cours sont dédoublés
Toujours exact mais là encore pas de valeurs accessibles.
- 5) Le temps de travail des enseignants est inférieur à celui des élèves
Vaste sujet recoupant des cas très divers sur lequel, une fois de plus, le service dit "public" est muet.
Il est vrai qu'en maternelle et en primaire, cette objection n'a pas lieu d'être puisqu'il y a un instituteur par classe et une classe par instituteur.
Mais au collège et au lycée, la situation est plus compliquée car les élèves ont plusieurs professeurs et les professeurs plusieurs classes. De surcroît, le temps de travail hors classe, tant pour les jeunes que pour leurs enseignants, varie beaucoup d'une matière et d'une filière à l'autre.
A défaut de chiffres dument étayés, risquons-nous à un exercice d'ordre de grandeur tel que me l'ont appris mes professeurs de physique du siècle dernier.
Chacun peut dire ce qu'il souhaite sur les effectifs du système éducatif français puisqu'aucune thèse n'est factuellement réfutable.
Inutile de s'étonner qu'avec une telle opacité, les débats, et même les décisions, sur l'éducation soient dignes du café du commerce.
Opendata-iquement votre
Références et compléments
- La chronique "classes surchargées, j'aimerais comprendre" ainsi que le déchiffrage "dans le Peillon, tout est bidon !"
- Sources :
. Les statistiques officielles du ministère : "l'Éducation nationale en chiffres"
. Articles du JDD du 29 juin 2009 "les instits sèchent-ils l'école ?" et de la Croix du 14 février 2011 "les personnels de l'Éducation nationale".
. Baromètre de l'absentéisme d'Alma Consulting Group
- Article Wikipedia sur les "données ouvertes / open data".
J'ai donc cherché à approfondir l'analyse mais je me suis heurté à un mur peu pénétrable.
Pourtant mes recherches avaient bien débuté. Les statistiques officielles du ministère de l'Éducation nationale annoncent que les classes en France comptaient en moyenne 24.1 élèves en 2009.
Les lois de l'arithmétique étant sans appel, il est aisé d'en déduire que les surcharges à "plus de 35 élèves" mises en avant dans les gazettes s'accompagnent obligatoirement de classes en sous-effectif notable.
Toutefois de 24.1 à 14.7, il y a une différence conséquente que j'ai tenté de décortiquer.
Les lecteurs de ce blog m'ont suggéré cinq raisons pouvant expliquer qu'en moyenne le nombre d'élèves par enseignant est inférieur à l'effectif des classes. Passons les en revue.
- 1) Il faut tenir compte du personnel d'encadrement
C'est déjà fait dans les statistiques du ministère qui mettent à part les 171 000 "non enseignants" employés par le système éducatif.
- 2) L'absentéisme des enseignants serait stratosphérique
Les chiffres dans le domaine sont presque tabou. La gestion des ressources humaines de la fonction publique ne pratique vraiment pas l'open data.
Les seules données que j'ai pu trouver sont celles d'un rapport confidentiel concernant les instituteurs en 2007-2008 et ayant fuité dans la presse. Le taux d'absentéisme était alors de 5.7%, une fois et demie le taux moyen du secteur privé, mais suffisamment faible pour ne pas changer les ordres de grandeur.
- 3) Certains enseignants travaillent à temps partiel
C'est exact. Malheureusement, il n'y a pas plus de données ouvertes sur ce thème que sur le précédent.
- 4) Certains cours sont dédoublés
Toujours exact mais là encore pas de valeurs accessibles.
- 5) Le temps de travail des enseignants est inférieur à celui des élèves
Vaste sujet recoupant des cas très divers sur lequel, une fois de plus, le service dit "public" est muet.
Il est vrai qu'en maternelle et en primaire, cette objection n'a pas lieu d'être puisqu'il y a un instituteur par classe et une classe par instituteur.
Mais au collège et au lycée, la situation est plus compliquée car les élèves ont plusieurs professeurs et les professeurs plusieurs classes. De surcroît, le temps de travail hors classe, tant pour les jeunes que pour leurs enseignants, varie beaucoup d'une matière et d'une filière à l'autre.
A défaut de chiffres dument étayés, risquons-nous à un exercice d'ordre de grandeur tel que me l'ont appris mes professeurs de physique du siècle dernier.
. Un élève de première générale est censé assister à environ 30 heures de cours par semaine. En ajoutant une quarantaine de minutes de travail personnel par heure de classe, notre lycéen-type est occupé sensiblement 50 heures par semaine.Néanmoins, le manque de données accessibles empêche de tirer des conclusions fiables de ces analyses à peine ébauchées.
. Ses professeurs doivent 15 heures de "service" s'ils sont agrégés, 18 heures s'ils n'ont pas le bonheur de l'être. Le doublement de ces valeurs pour prendre en compte préparations et corrections amène à un temps de travail moyen entre 30 et 40 heures hebdomadaires.
. Donc, grosso modo, un lycéen travaille 40% de plus que ses profs !
Chacun peut dire ce qu'il souhaite sur les effectifs du système éducatif français puisqu'aucune thèse n'est factuellement réfutable.
Inutile de s'étonner qu'avec une telle opacité, les débats, et même les décisions, sur l'éducation soient dignes du café du commerce.
Opendata-iquement votre
Références et compléments
- La chronique "classes surchargées, j'aimerais comprendre" ainsi que le déchiffrage "dans le Peillon, tout est bidon !"
- Sources :
. Les statistiques officielles du ministère : "l'Éducation nationale en chiffres"
. Articles du JDD du 29 juin 2009 "les instits sèchent-ils l'école ?" et de la Croix du 14 février 2011 "les personnels de l'Éducation nationale".
. Baromètre de l'absentéisme d'Alma Consulting Group
- Article Wikipedia sur les "données ouvertes / open data".