Lecteur compulsif, j'ai souvent été confronté au défi de la place et du poids des livres dans mes bagages.
C'est d'abord pour cette raison, bien avant le prix, que je lis rarement des volumes grand format. Trop peu de texte au kilo !
J'ai aussi souvent pesté contre la propension des éditeurs à inutilement épaissir les bouquins avec du blabla : page de copyright expliquant qu'il est vilain de voler l'ouvrage que l'on vient pourtant d'acheter, liste des chefs d'œuvre de l'auteur, promotion d'autres livres, préfaces et postfaces qui paraphrasent le texte ...
Si j'acquiers un livre du regretté Marcel Proust, c'est pour déguster ses madeleines, pas pour ingurgiter de force une indigeste analyse de leur recette ou encore de la réclame pour d'autres pâtisseries
Étonnamment, maintenant que les livres deviennent électroniques, la sale manie des éditeurs d'enrober leurs productions de mauvaise graisse perdure.
Les e-books officiels, à l’instar de leurs frères en papier, sont remplis de ces fioritures agaçantes alors qu'un simple lien vers un site web suffirait à les remplacer.
De surcroît, l’essentiel des ouvrages numériques vendus par les grands marchands en ligne sont affligés de verrous électroniques plaisamment baptisés DRM qui bloquent deux fonctions ancestrales du livre papier : le prêter ou le montrer à quelqu'un d'autre, le relire plusieurs années après son acquisition.
Beaucoup de DRM inhibent l'usage du bouquin sur plus de 2 à 6 appareils. Vu le rythme soutenu du renouvellement informatique, cela équivaut à rendre l'écrit biodégradable.
À l'inverse, les versions pirates, que quelques clics suffisent à trouver, outre qu'elles ne coûtent rien, sont nettement plus agréables à lire.
Souvent, les personnes qui les mettent en ligne, soucieuses de ne pas ennuyer la communauté, les débarrassent de tout superflu, regroupent parfois les tomes en un seul fichier, arrangent polices et mise en page et, surtout, suppriment les exaspérantes protections.
Dans ce contexte, l'offre dite légale ne se donne aucune chance de succès. Pourquoi payer pour obtenir un usage de moins bonne qualité qu’une version gratuite ?
Ce dilemme est d’abord celui des auteurs.
S’ils souhaitent continuer à vivre - un peu - de leur plume, ils ont l’obligation de s’y intéresser et de songer à des alternatives à l’édition et au livre classiques.
Ensuite, les éditeurs, au lieu de quémander plus de réglementations et une part de nos impôts pour faire face à la déferlante numérique, devraient s'aider eux-mêmes en s'intéressant à ce qui intéresse non seulement leurs clients actuels, les lecteurs, mais aussi leurs très nombreux clients potentiels, les non lecteurs.
Dans de nombreux pays, dont la France, le téléchargement, l'usage et la diffusion d'ouvrages électroniques dits piratés est illégal avec, toutefois, des législations et des appareils répressifs très divers.
J'ignore d'ailleurs le statut juridique d'une personne présente en France qui aurait dans son smartphone un livre "pirate" obtenu dans un pays où la législation ne l'interdit pas.
Vous l'aurez compris, je suis partisan de la suppression de toute propriété intellectuelle contraignante dans les domaines artistiques, mais aussi industriels.
Retarder cette échéance c'est différer la nécessaire adaptation des fournisseurs de contenu. Mener trop longtemps ce combat d'arrière-garde laissera l'Europe, une fois de plus, démunie face aux pays émergents qui n'ont jamais mis réellement en pratique brevets et droits d'auteurs.
Dans un état démocratique, quand la majorité de la population transgresse régulièrement la loi dans un domaine non régalien, c'est aux politiques de faire un effort d'adaptation en cessant de défendre un lobby corporatiste et rétrograde.
En attendant l'abolition de ces réglementations d'un autre siècle, le “piratage”, volontaire ou non, d'œuvres de l'esprit est du domaine de la responsabilité individuelle de chacun vis à vis des lois.
Pirato-électroniquement votre
Références et compléments
- Voir aussi sur des thème connexes les chroniques :
Je les ai inséré, sans trop réfléchir, mu par un désir d'imitation des livres papier.
En paraphrasant Brassens, je promet ferme au marabout de les mettre tabou dans une prochaine version. Leur suppression ne devrait pas me conduire à recourir aux services de l'Armée du Salut.
C'est d'abord pour cette raison, bien avant le prix, que je lis rarement des volumes grand format. Trop peu de texte au kilo !
J'ai aussi souvent pesté contre la propension des éditeurs à inutilement épaissir les bouquins avec du blabla : page de copyright expliquant qu'il est vilain de voler l'ouvrage que l'on vient pourtant d'acheter, liste des chefs d'œuvre de l'auteur, promotion d'autres livres, préfaces et postfaces qui paraphrasent le texte ...
Si j'acquiers un livre du regretté Marcel Proust, c'est pour déguster ses madeleines, pas pour ingurgiter de force une indigeste analyse de leur recette ou encore de la réclame pour d'autres pâtisseries
Étonnamment, maintenant que les livres deviennent électroniques, la sale manie des éditeurs d'enrober leurs productions de mauvaise graisse perdure.
Les e-books officiels, à l’instar de leurs frères en papier, sont remplis de ces fioritures agaçantes alors qu'un simple lien vers un site web suffirait à les remplacer.
De surcroît, l’essentiel des ouvrages numériques vendus par les grands marchands en ligne sont affligés de verrous électroniques plaisamment baptisés DRM qui bloquent deux fonctions ancestrales du livre papier : le prêter ou le montrer à quelqu'un d'autre, le relire plusieurs années après son acquisition.
Beaucoup de DRM inhibent l'usage du bouquin sur plus de 2 à 6 appareils. Vu le rythme soutenu du renouvellement informatique, cela équivaut à rendre l'écrit biodégradable.
À l'inverse, les versions pirates, que quelques clics suffisent à trouver, outre qu'elles ne coûtent rien, sont nettement plus agréables à lire.
Souvent, les personnes qui les mettent en ligne, soucieuses de ne pas ennuyer la communauté, les débarrassent de tout superflu, regroupent parfois les tomes en un seul fichier, arrangent polices et mise en page et, surtout, suppriment les exaspérantes protections.
Dans ce contexte, l'offre dite légale ne se donne aucune chance de succès. Pourquoi payer pour obtenir un usage de moins bonne qualité qu’une version gratuite ?
Ce dilemme est d’abord celui des auteurs.
S’ils souhaitent continuer à vivre - un peu - de leur plume, ils ont l’obligation de s’y intéresser et de songer à des alternatives à l’édition et au livre classiques.
Ensuite, les éditeurs, au lieu de quémander plus de réglementations et une part de nos impôts pour faire face à la déferlante numérique, devraient s'aider eux-mêmes en s'intéressant à ce qui intéresse non seulement leurs clients actuels, les lecteurs, mais aussi leurs très nombreux clients potentiels, les non lecteurs.
Dans de nombreux pays, dont la France, le téléchargement, l'usage et la diffusion d'ouvrages électroniques dits piratés est illégal avec, toutefois, des législations et des appareils répressifs très divers.
J'ignore d'ailleurs le statut juridique d'une personne présente en France qui aurait dans son smartphone un livre "pirate" obtenu dans un pays où la législation ne l'interdit pas.
Vous l'aurez compris, je suis partisan de la suppression de toute propriété intellectuelle contraignante dans les domaines artistiques, mais aussi industriels.
Retarder cette échéance c'est différer la nécessaire adaptation des fournisseurs de contenu. Mener trop longtemps ce combat d'arrière-garde laissera l'Europe, une fois de plus, démunie face aux pays émergents qui n'ont jamais mis réellement en pratique brevets et droits d'auteurs.
Dans un état démocratique, quand la majorité de la population transgresse régulièrement la loi dans un domaine non régalien, c'est aux politiques de faire un effort d'adaptation en cessant de défendre un lobby corporatiste et rétrograde.
En attendant l'abolition de ces réglementations d'un autre siècle, le “piratage”, volontaire ou non, d'œuvres de l'esprit est du domaine de la responsabilité individuelle de chacun vis à vis des lois.
Pirato-électroniquement votre
Références et compléments
- Voir aussi sur des thème connexes les chroniques :
- J'ai tué la librairie Arthaud de Grenoble (qui d'ailleurs pour l'instant a réussi à survivre),
- Le coût de l'écrit s'effondre
- L'irrésistible attrait du livre électronique
- L'édition s'industrialise
- Un monde sans droits d'auteur, ni brevets, ni marques
Je les ai inséré, sans trop réfléchir, mu par un désir d'imitation des livres papier.
En paraphrasant Brassens, je promet ferme au marabout de les mettre tabou dans une prochaine version. Leur suppression ne devrait pas me conduire à recourir aux services de l'Armée du Salut.