mercredi 20 novembre 2013

En 1918, en pleine guerre des tranchées, un député de gauche voulait détaxer le luxe

Un fidèle lecteur de ces chroniques m'a récemment fait parvenir un extrait de l'Écho de Paris du 8 mai 1918.

Alors que la première guerre mondiale battait son plein et que les allemands étaient à deux doigts de percer le front français, un homonyme phonétique, le député Charles Leboucq, réclamait, toutes affaires cessantes, à la Chambre des Députés d'abolir "la taxe sur les objets de luxe".
Les arguments de ce digne représentant de l'URRRS - l'Union Républicaine Radicale et Radicale-Socialiste, groupe parlementaire de gauche - étaient étrangement semblables à ceux des clubs de football actuels à propos de leur imposition à 75%.
Jugez sur pièces :
Ce jeu est dangereux. Il ne sert que les intérêts de l'étranger. Il menace nos plus belles industries, nos commerces les plus fructueux. [...]
Une industrie est une armature faite autant d'ouvriers que de patrons. C'est le petit qui va souffrir en dernière analyse de l'entrave que nous imposons au commerce national. [...]
Cette loi cause l'exode de la clientèle riche. [...]
Cessons de nous entêter dans une erreur que est funeste tant du point de vue fiscal que du point de vue économique. [...]
Pour appuyer le sérieux de ses dires, Charles Leboucq se faisait photographier par une agence de presse dans son bureau parisien en grand uniforme d'officier avec décorations en sautoir.
Le député Charles Leboucq en uniforme dans son bureau parisien en 1918 (document Gallica)
Dans le même temps, un jeune "poilu" du 4ème Bataillon de Chasseurs à Pied, mon grand-père Pierre Lebouc, peinait dans la terrible boue des tranchées de l'Aisne.
La proposition de son homonyme, à coup sur, suscita chez lui, comme chez l'ensemble des combattants, un enthousiasme irrépressible qui galvanisa leur ardeur guerrière et permit de repousser l'ennemi.
Pierre Lebouc sur un champ de bataille de l'Aisne vers 1917 (à gauche au premier plan)
Parlementairement votre

Références et compléments
- Merci à Jean le détonateur qui a initié cette chronique
- Les photos de Charles Leboucq proviennent de Gallica, le site de la Bibliothèque Nationale de France.