samedi 26 octobre 2013

Nos données personnelles sont une mine d'or pour les géants de l'internet

Régulièrement, experts et médias, relayant le lobby de la presse papier et des éditeurs, s'émeuvent que les services gratuits disponibles sur internet transforment chacun d'entre nous en produit.
Nos données personnelles collectées par ces sites web seraient une mine d'or avec laquelle Bill Gates, Larry Page, Marc Zuckerberg et quelques autres magnats du web feraient un beurre bien crémeux.
Fidèle à la tradition de ce blog et soucieux de vous laisser juger sur pièces, je me suis livré à un petit test.

Une grande partie de ma vie numérique est hébergée par Google.
J'utilise les applications de la firme de Mountain View pour, entre autres, effectuer des recherches sur le web, lire et expédier mes mails personnels, regarder des vidéos, stocker et partager mes photos et même pour publier ces Humeurs Mondialisées.
Google possède donc une masse considérable d'informations sur ma petite personne. À en croire les gazettes, celles-ci sont revendues à des annonceurs qui les utilisent pour ajuster leurs messages promotionnels à mes goûts et attentes.

Afin de vérifier l'efficacité de ce dispositif, j'ai observé attentivement les publicités que Google affiche dans son service de courrier électronique après que ses automates aient analysé le contenu des messages que je reçois.
Voici les résultats.

Un hôtel d'Amsterdam me confirme la réservation que j'ai effectué.
Google m'incite à envisager un séjour dans un "Hôtel Saint-Tropez". J'ignorais jusqu'alors qu'on trouvait sur les rivages méditerranéens les mêmes types de végétaux fumables et de vitrines qu'à proximité des polders.

Leanpub, l'éditeur en ligne qui a publié mon dernier livre Humeurs Économiques, m'adresse sa lettre d'informations.
Google pense que je devrais changer de forfait téléphonique "dès 2.99 €/mois".

Mon fils, actuellement étudiant à l'étranger, me donne de ses nouvelles.
Google me pousse à comparer les tarifs des mutuelles.

Un des mes "amis" de Facebook et ci-devant producteur de musique "m'invite" à payer ma place au prochain concert qu'il organise.
Google estime que je ferais mieux de me plonger dans le "Magazine Apnea, tout sur l'apnée et la pêche sous-marine".

Mon syndicat préféré envoie son dernier tract sur la situation sociale dans l'entreprise où je travaille.
Google conjecture que "8 heures pour tout savoir sur le trading" me sont nécessaires.

Un site de généalogie en ligne suspecte m'avoir dégotté de nouveaux ancêtres.
Google m'encourage à me rendre illico au "Salon Baby à Grenoble" pour "profiter des Conseils, ateliers, échantillons".
J'ai, une fois n'est pas coutume, cliqué sur le lien conseillé. Il s'agit d'une publicité mensongère. Dans le programme détaillé, il n'est absolument pas question de distribuer des échantillons d'enfants aux visiteurs.

Ma dernière tête de turc en date, le club de rugby grenoblois FCG, m'incite à venir remplir dare dare ses caisses percées.
Google est persuadé que je ferais mieux de me rendre au Brésil l'été prochain à l'occasion de la Coupe du Monde de Football grâce à des "Packs Exclusifs".

L'université où je donne quelques cours m'informe d'un changement d'emploi du temps.
Google me suggère un "Loueur Meublé" et de "récupérer jusqu'à 19.6% de la TVA", soit sensiblement 3.8%.

La société d'autoroutes qui dessert le Dauphiné aimerait augmenter son chiffre d'affaire via son badge de télépéage en me poussant à aller visiter une exposition en Ardèche.
Google, obstinément, insiste au sujet de la location meublée.

L'excellent site meteo-grenoble.com m'expédie son bulletin quotidien de prévision et annonce 23°C cet après-midi.
Google, au mieux de sa forme, persiste à vouloir me refourguer un meublé.

Twitter me signale qu'un de mes gazouillis a été repris par d'autres twittonautes.
Google, dont le magasin digital semble fort peu achalandé, s'acharne à me jeter dans les bras de son "Loueur Meublé".

Ma fille, présentement en déplacement, me demande des nouvelles sur la crise politique et sécuritaire qui secoue la Tunisie.
Google, tel Toinette dans le Malade Imaginaire, s'exclame une fois de plus "Loueur Meublé" !
Finalement, face à tant de sollicitations si soigneusement ciblées, je vais me décider à signer un bail pour une ou deux cages à lapins dûment équipées.
Rached Ghannouchi, Ali Larayedh et leurs consorts d'Ennadha pourront venir y trouver un asile que les tunisiens ont bien mérité !

Personnellement votre

Références et compléments (euphémismes pour auto-publicité)
- Les chroniques "Rugby opaque et dans le rouge à Grenoble" et "le Malade Twimaginaire"
- Mon nouveau livre "Humeurs Économiques - Déchiffrer nos mutations"
Mes chroniques sur la Tunisie
- Test réalisé dans la matinée du samedi 26 octobre 2013 avec des courriels que j'ai reçu via le service Gmail. Les citations entre guillemets sont strictement authentiques, y compris l'excès de majuscules qui fait ressembler la graphie de Molière à celle de Goethe.