vendredi 2 août 2013

Ich bin ein Tunesier

Il y a 50 ans, John Fitzgerald Kennedy, au meilleur de sa forme, prononçait son célèbre Ich bin ein Berliner.
Sous les effets conjugués des événements récents et de l'hypoglycémie ramadanesque, j'ai imaginé un Kennedy ayant échappé aux balles de Lee Harvey Oswald, sortant de sa retraite bien méritée et reprenant du service pour venir exalter les tunisiens actuellement rassemblés tous les soirs parvis du Bardo à Tunis.
Voici en exclusivité pour les lecteurs du blog Humeurs Mondialisées, ce nouveau discours historique.

Je suis fier d'être ici, parmi vous, à Tunis, cette ville qui symbolise aux yeux du monde, depuis le 14 janvier 2011, la liberté, la démocratie et le progrès.

Il y a 2000 ans, la fierté suprême était de dire civis romanus sum.
Aujourd'hui, dans notre ère de liberté, la fierté suprême est de proclamer Ich bin ein Tunesier أنا تونسي 

Excusez-moi, mais à mon âge, j'ai tendance à mélanger les langues allemandes et arabes !

Il y a beaucoup de personnes de part le monde qui ne comprennent pas, ou disent ne pas comprendre, quel est le problème entre la liberté et le sectarisme.
Qu'ils viennent à Tunis ! يأتون إلى تونس 

Il y en a aussi qui proclament que le sectarisme nous ouvre le futur.
Qu'ils viennent à Tunis ! يأتون إلى تونس 

Il y en a d'autres qui disent qu'en Méditerranée et ailleurs, nous pouvons coopérer avec les tenants du sectarisme.
Qu'ils viennent à Tunis ! يأتون إلى تونس 

Il y en a même quelques uns qui disent qu'il est exact que le sectarisme est un mauvais système, mais qu'il permet de résorber les injustices socio-économiques.
Qu'ils viennent à Tunis ! Laßt sie nach Tunis kommen ! أتون إلى تونس 

La liberté rencontre de nombreux obstacles et la démocratie n'est jamais parfaite.
Mais, en démocratie, il n'est nul besoin de violence, de meurtres et d'intimidations policières pour obtenir le soutien des citoyens.

Vous êtes aux avant-postes du combat pour la liberté et vous avez payé un lourd tribut.
Malgré tout, je vous demande de regarder, par delà les dangers d'aujourd'hui, en direction des espoirs de demain et d'envisager, au delà de la liberté de la seule Tunisie, les avancées de la liberté partout dans le monde.

La liberté est indivisible.
Si un seul homme est entravé alors personne n'est libre.
Quand la démocratie sera durablement installée, ici à Tunis, et que la liberté aura progressé partout, vous pourrez, tunisiennes et tunisiens, avoir la satisfaction tranquille des personnes qui ont fait, en première ligne, ce que leur cœur leur commandait.

Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont aujourd'hui, et pour longtemps, citoyens de Tunisie.
Aussi, en homme libre, je suis fier de proclamer ici, sur le parvis du Bardo à Tunis, Ich bin ein Tunesier أنا تونسي 

Toujours tunisiquement votre

Références et compléments
- Chronique très spécialement dédiée à Majdi Khan @MajdiKhan le plus valeureux des twittonautes tunisiens. Si vous ne le suivez pas encore, précipitez-vous !
- Dans le discours original, après s'être exclamé "Ich bin ein Berliner", Kennedy enchaînait par "I appreciate my interpreter translating my German!".
Aujourd'hui le twittonaute Zarzouki @ja3far2012 a rempli cette fonction et m'a suggéré de modifier mon titre afin qu'il soit plus agréable à des yeux et des oreilles germanophones. Danke schön !
- Refusant les prises d'otages sémantiques, j'ai volontairement préféré le vocable sectarisme à celui d'islamisme.
L'Islam est une des grandes religions de l'Humanité que l'islamisme dévoie à des fins politiques et sectaires.
- L'expression latine civis romanus sum signifie je suis citoyen romain.
- L'original, en anglais, du discours "Ich bin ein Berliner" de John Fitzgerald Kennedy le 26 juin 1963 à Berlin.