À en croire le témoignage du transfuge américain Edward Snowden, une administration de l'Oncle Sam, la NSA, capterait l'essentiel des communications électroniques mondiales dans un but de lutte contre le terrorisme.
Aucune de nos actions sur les réseaux de télécommunications - mails, SMS, Facebook, Twitter, appels téléphoniques, parcours de sites web - n'échapperait aux grandes oreilles américaines. Barack Obama serait devenu une sorte de super Prince Charles planétaire, en passe de concurrencer l'éléphant Dumbo.
Dernier épisode en date, une paisible famille de New York aurait reçu la visite d'une unité spéciale de la police après avoir successivement cherché sur Google les expressions cocotte-minute puis sac à dos, reproduisant ainsi virtuellement le modus operandi des frères tchétchènes de Boston.
Personnellement, je ne suis guère inquiet à propos du secret de ma correspondance et du respect de ma vie privée.
Alors que chaque jour, j'ai toutes les peines du monde à lire et à traiter les mails que je reçois tant personnellement que professionnellement, je me demande comment une bureaucratie de l'espionnage peut s'y prendre pour prendre connaissance des 500 milliards de mails émis quotidiennement, 70 messages par jour et par humain.
"Ils ont des logiciels !" est la réponse la plus immédiate à cette interrogation.
Certes, mais je doute de l'efficacité des outils de la NSA.
La valeur commerciale d'un système qui, non seulement détecterait les spams sans coup férir, mais aussi classerait intelligemment le courrier serait gigantesque.
Si de tels engins existaient, il y a une sacrée lurette que les petits génies les ayant mis au point auraient quitté James Bond et OSS117, non pas pour rejoindre Vladimir Poutine, mais pour faire fortune à leur compte.
Pour illustrer l'ampleur de la tâche, prenons la phrase très simple "Toulouse explose Grenoble".
Un programme d'analyse de messages doit réussir à déterminer si je parle d'activistes occitans armés partis à l'assaut du Dauphiné, de comparaison des performances professionnelles d'établissements de l'entreprise où je travaille ou du score fleuve de la dernière rencontre de rugby entre mes 2 équipes de cœur.
Le djihadiste écrivant dans l'anglais de la reine étant devenu une espèce rare, ces logiciels doivent aussi interpréter correctement toutes les langues et alphabets, y compris les argots, les écritures phonétiques, les fautes de grammaire ou d'orthographe, sans compter le prétérit et l'imparfait du subjonctif.
Pourtant, traduire le seul mot avocat de la langue de Molière à celle de Shakespeare est moins simple qu'il n'y parait. Avons-nous à faire au juriste lawyer ou au fruit avocado ?
Cerise sur le pain de plastic, toute cette hypothétique puissance de calcul peut-être aisément contournée grâce à la bonne vieille méthode dite du code Radio Londres.
Un petit coup de "sanglots longs des violons de l'automne", je répète, un petit coup de "sanglots longs des violons de l'automne", et les analystes de la NSA sont persuadés que je verse dans la poésie alors que je viens de réveiller mes agents dormants.
Pour vérifier mes dires, je vous suggère d'effectuer une petite expérience en envoyant à plusieurs de vos connaissances un mail leur suggérant de récupérer la bombe à l'endroit convenu, de la placer dans une cocotte-minute au fond d'un sac à dos et de se retrouver sur l'objectif.
Vous omettrez, bien entendu, d'indiquer qu'il s'agit d'une bombe glacée commandée chez un pâtissier, que le sac à dos devra être rempli de poches de glaçons et que vous envisagez d'amener en bon état un dessert rafraîchissant à une fête amicale surprise.
Une fois ce message expédié, vous n'avez plus qu'à attendre, avec sérénité, la venue à votre domicile des agents de la DCRI, la Direction de la Congélation Rapide et Idéale.
Bombiquement votre
Références et compléments
- Voir aussi la chronique "Recréons Radio Londres - 10 tweets pour braver la loi"
- Afin de booster l'audience de ce blog, j'ai ajouté dans le texte et les libellés de cette chronique quelques mots-clef améliorant sa visibilité auprès de la NSA.
Aucune de nos actions sur les réseaux de télécommunications - mails, SMS, Facebook, Twitter, appels téléphoniques, parcours de sites web - n'échapperait aux grandes oreilles américaines. Barack Obama serait devenu une sorte de super Prince Charles planétaire, en passe de concurrencer l'éléphant Dumbo.
Dernier épisode en date, une paisible famille de New York aurait reçu la visite d'une unité spéciale de la police après avoir successivement cherché sur Google les expressions cocotte-minute puis sac à dos, reproduisant ainsi virtuellement le modus operandi des frères tchétchènes de Boston.
Personnellement, je ne suis guère inquiet à propos du secret de ma correspondance et du respect de ma vie privée.
Alors que chaque jour, j'ai toutes les peines du monde à lire et à traiter les mails que je reçois tant personnellement que professionnellement, je me demande comment une bureaucratie de l'espionnage peut s'y prendre pour prendre connaissance des 500 milliards de mails émis quotidiennement, 70 messages par jour et par humain.
"Ils ont des logiciels !" est la réponse la plus immédiate à cette interrogation.
Certes, mais je doute de l'efficacité des outils de la NSA.
La valeur commerciale d'un système qui, non seulement détecterait les spams sans coup férir, mais aussi classerait intelligemment le courrier serait gigantesque.
Si de tels engins existaient, il y a une sacrée lurette que les petits génies les ayant mis au point auraient quitté James Bond et OSS117, non pas pour rejoindre Vladimir Poutine, mais pour faire fortune à leur compte.
Pour illustrer l'ampleur de la tâche, prenons la phrase très simple "Toulouse explose Grenoble".
Un programme d'analyse de messages doit réussir à déterminer si je parle d'activistes occitans armés partis à l'assaut du Dauphiné, de comparaison des performances professionnelles d'établissements de l'entreprise où je travaille ou du score fleuve de la dernière rencontre de rugby entre mes 2 équipes de cœur.
Le djihadiste écrivant dans l'anglais de la reine étant devenu une espèce rare, ces logiciels doivent aussi interpréter correctement toutes les langues et alphabets, y compris les argots, les écritures phonétiques, les fautes de grammaire ou d'orthographe, sans compter le prétérit et l'imparfait du subjonctif.
Pourtant, traduire le seul mot avocat de la langue de Molière à celle de Shakespeare est moins simple qu'il n'y parait. Avons-nous à faire au juriste lawyer ou au fruit avocado ?
Cerise sur le pain de plastic, toute cette hypothétique puissance de calcul peut-être aisément contournée grâce à la bonne vieille méthode dite du code Radio Londres.
Un petit coup de "sanglots longs des violons de l'automne", je répète, un petit coup de "sanglots longs des violons de l'automne", et les analystes de la NSA sont persuadés que je verse dans la poésie alors que je viens de réveiller mes agents dormants.
Pour vérifier mes dires, je vous suggère d'effectuer une petite expérience en envoyant à plusieurs de vos connaissances un mail leur suggérant de récupérer la bombe à l'endroit convenu, de la placer dans une cocotte-minute au fond d'un sac à dos et de se retrouver sur l'objectif.
Vous omettrez, bien entendu, d'indiquer qu'il s'agit d'une bombe glacée commandée chez un pâtissier, que le sac à dos devra être rempli de poches de glaçons et que vous envisagez d'amener en bon état un dessert rafraîchissant à une fête amicale surprise.
Une fois ce message expédié, vous n'avez plus qu'à attendre, avec sérénité, la venue à votre domicile des agents de la DCRI, la Direction de la Congélation Rapide et Idéale.
Bombiquement votre
Références et compléments
- Voir aussi la chronique "Recréons Radio Londres - 10 tweets pour braver la loi"
- Afin de booster l'audience de ce blog, j'ai ajouté dans le texte et les libellés de cette chronique quelques mots-clef améliorant sa visibilité auprès de la NSA.