La chaîne de valeur du livre papier est très déséquilibrée et ouvre un boulevard à son homologue électronique.
Prenons l'exemple d'un bouquin vendu 20 € en librairie.
L'auteur ne touche pas plus de 10% soit 2 €, assez souvent nettement moins.
Le second étage de la fusée, l'éditeur, couvre ses frais et sa prise de risques avec une vingtaine de pourcents, environ 4.3 €.
L'imprimeur est rémunéré autant que l'auteur. Le système de distribution engrange pratiquement le double.
L'état, grand défenseur de la Culture, a la magnanimité de ne taxer l'écrit qu'à 5.5%.
Enfin, le libraire se voit octroyer un bon tiers du prix de vente, c'est à dire 7 €, plus que l'auteur et l'éditeur réunis.
Les vendeurs de livres ne sont pas spécialement rapaces, ils sont juste confrontés à des frais colossaux.
Pour être attractive, une librairie doit disposer de nombreux ouvrages. Cela suppose de financer un stock conséquent et de disposer d'une surface de vente confortable.
Un tiers de ce que nous payons dans un bouquin est la possibilité de pouvoir fureter, avant l'achat, dans de copieux rayonnages.
Le livre électronique bouscule cette équation établie de longue date.
Les coûts d'impression et de librairie - une bonne moitié de la valeur d'un ouvrage papier - s'évaporent purement et simplement.
Les grandes plateformes de l'internet font payer leur prestation de diffusion sensiblement un quart du prix de vente.
En reprenant l'exemple ci-dessus et en supposant l'auteur et l'éditeur rémunérés à l'identique, l'e-book peut-être vendu à 9 € au lieu de 20 € pour sa version en papier.
Ce prix massacré inclut, de surcroît, un service amélioré. Les librairies en ligne sont ouvertes en permanence, ne nécessitent aucun déplacement et livrent dans l'instant, y compris les ouvrages rarissimes.
Le livre électronique peut-être rendu encore moins coûteux par une remise en cause du rôle de l'éditeur.
De nombreuses initiatives - auto-édition et édition agile - surgissent et vont, à n'en pas douter, secouer terriblement les acteurs traditionnels dans un futur proche. Les technologies informatiques, en ce domaine comme dans beaucoup d'autres, contribuent à abaisser les coûts et les délais de sortie.
Un seule illustration : le best-seller mondial du moment, le roman érotique "50 nuances de Grey" de E. L. James, a d'abord été exclusivement un e-book auto-édité avec plusieurs versions successives remaniées avant d'être repris en papier par un éditeur traditionnel qui a du concéder à l'écrivain des droits auteurs très au-dessus des usages.
Dans l'hypothèse d'une auto-édition, l'exemple servant de fil rouge à cette chronique devient un livre électronique à 4 € - le prix psychologique de beaucoup d'applications pour smartphone - tout en rapportant 40% de plus, 2.8 €, à son concepteur.
Je ne connais pas d'exemple historique de ruptures technologiques baissant drastiquement les coûts et améliorant les services rendus qui n'aient pas fini par s'imposer, y compris face à de fortes résistances initiales au changement.
Habituellement, de telles innovations se diffusent très lentement puis brusquement s'emballent et balaient leurs concurrents traditionnels.
L'avis de tempête sur les mondes de l'édition, de l'imprimerie et de la librairie est plus que jamais d'actualité
Livresquement votre
Références et compléments
- Dans la même veine, les chroniques "j'ai tué la librairie Arthaud de Grenoble", "le coût de l'écrit s'effondre" et "l'édition s'industrialise".
- Quelques échantillons de nouvelles pratiques d'édition :
. Leanpub entreprise canadienne qui applique les principes du lean manufacturing à l'édition (en anglais)
. Blurb plateforme d'auto-édition papier et électronique
. Les éditions Akibooks
. Le roman Continuum de Victor Déguérande (excellent au demeurant) que vous payez après l'avoir lu si l'ouvrage vous a satisfait
- L'article Wikipedia sur l'incontournable et très rébarbatif roman pseudo-pornographique "50 nuances de Grey" d'E.L. James
Prenons l'exemple d'un bouquin vendu 20 € en librairie.
L'auteur ne touche pas plus de 10% soit 2 €, assez souvent nettement moins.
Le second étage de la fusée, l'éditeur, couvre ses frais et sa prise de risques avec une vingtaine de pourcents, environ 4.3 €.
L'imprimeur est rémunéré autant que l'auteur. Le système de distribution engrange pratiquement le double.
L'état, grand défenseur de la Culture, a la magnanimité de ne taxer l'écrit qu'à 5.5%.
Enfin, le libraire se voit octroyer un bon tiers du prix de vente, c'est à dire 7 €, plus que l'auteur et l'éditeur réunis.
Les vendeurs de livres ne sont pas spécialement rapaces, ils sont juste confrontés à des frais colossaux.
Pour être attractive, une librairie doit disposer de nombreux ouvrages. Cela suppose de financer un stock conséquent et de disposer d'une surface de vente confortable.
Un tiers de ce que nous payons dans un bouquin est la possibilité de pouvoir fureter, avant l'achat, dans de copieux rayonnages.
Le livre électronique bouscule cette équation établie de longue date.
Les coûts d'impression et de librairie - une bonne moitié de la valeur d'un ouvrage papier - s'évaporent purement et simplement.
Les grandes plateformes de l'internet font payer leur prestation de diffusion sensiblement un quart du prix de vente.
En reprenant l'exemple ci-dessus et en supposant l'auteur et l'éditeur rémunérés à l'identique, l'e-book peut-être vendu à 9 € au lieu de 20 € pour sa version en papier.
Ce prix massacré inclut, de surcroît, un service amélioré. Les librairies en ligne sont ouvertes en permanence, ne nécessitent aucun déplacement et livrent dans l'instant, y compris les ouvrages rarissimes.
Le livre électronique peut-être rendu encore moins coûteux par une remise en cause du rôle de l'éditeur.
De nombreuses initiatives - auto-édition et édition agile - surgissent et vont, à n'en pas douter, secouer terriblement les acteurs traditionnels dans un futur proche. Les technologies informatiques, en ce domaine comme dans beaucoup d'autres, contribuent à abaisser les coûts et les délais de sortie.
Un seule illustration : le best-seller mondial du moment, le roman érotique "50 nuances de Grey" de E. L. James, a d'abord été exclusivement un e-book auto-édité avec plusieurs versions successives remaniées avant d'être repris en papier par un éditeur traditionnel qui a du concéder à l'écrivain des droits auteurs très au-dessus des usages.
Dans l'hypothèse d'une auto-édition, l'exemple servant de fil rouge à cette chronique devient un livre électronique à 4 € - le prix psychologique de beaucoup d'applications pour smartphone - tout en rapportant 40% de plus, 2.8 €, à son concepteur.
Comparaison des facteurs de coût entre un livre papier à 20 €, un livre électronique "traditionnel" à 9 € et un e-book auto-édité à 4 € |
Habituellement, de telles innovations se diffusent très lentement puis brusquement s'emballent et balaient leurs concurrents traditionnels.
L'avis de tempête sur les mondes de l'édition, de l'imprimerie et de la librairie est plus que jamais d'actualité
Livresquement votre
Références et compléments
- Dans la même veine, les chroniques "j'ai tué la librairie Arthaud de Grenoble", "le coût de l'écrit s'effondre" et "l'édition s'industrialise".
- Quelques échantillons de nouvelles pratiques d'édition :
. Leanpub entreprise canadienne qui applique les principes du lean manufacturing à l'édition (en anglais)
. Blurb plateforme d'auto-édition papier et électronique
. Les éditions Akibooks
. Le roman Continuum de Victor Déguérande (excellent au demeurant) que vous payez après l'avoir lu si l'ouvrage vous a satisfait
- L'article Wikipedia sur l'incontournable et très rébarbatif roman pseudo-pornographique "50 nuances de Grey" d'E.L. James