Je ne doute pas que le jésuite austral Jorge Mario Bergoglio, devenu le nouveau pape François Ier, soit un homme de valeur et que ce pasteur chevronné saura guider la Très Sainte Église Catholique Apostolique et Romaine.
Toutefois, cette grande entreprise religieuse multinationale est confrontée à de nombreux défis stratégiques qu'elle peine à relever.
Sa pénétration est devenue anecdotique dans la région où elle fût fondée, balayée par l'autre grande multinationale qu'est l'Islam.
Au cœur de son implantation historique, les parts de marché du catholicisme s'érodent d'année en année, beaucoup de consommateurs étant devenus rétifs au produit religion, quelle que soit sa marque.
Dans les pays émergents, de nombreuses startups disputent au Vatican son leadership.
De mon point de vue - certes, peu autorisé - seul un véritable chef d'entreprise peut redresser cette situation douloureusement compromise.
Les cardinaux récemment réunis en conclave auraient pu faire un effort car il n'est pas difficile de dégoter un PDG de société cotée clamant, une fois sorti de son conseil d'administration, son attachement irrépressible aux valeurs chrétiennes.
Examinons ensemble, comment l'Église de Rome pourrait évoluer, si un manager professionnel était placé à sa tête, à la place de l'austère argentin aux tempes argentées.
Tout d'abord, comme dans toute entreprise qui se respecte, il est grand temps d'insuffler à la Curie et au clergé l'obsession de la baisse des coûts.
Bien entendu, le catholicisme est déjà en France un grand employeur de main d'œuvre low cost. De plus en plus de prêtres viennent de pays où le travail est payé trois francs six sous. Le curé polonais triomphe, là où son compatriote plombier peine encore à percer.
Mais cela est très loin de suffire pour restaurer des marges de manœuvres, le recours à l'automatisation s'impose, les nouvelles technologies le permettent !
Les églises pourraient être rapidement équipées d'écrans plats retransmettant la même messe dans de multiples paroisses.
La Communion serait donnée aux fidèles par des automates distributeurs d'hosties. Le rendement, très insuffisant, des quêtes s'en trouverait amélioré. Seule l'insertion d'un montant minimal dans un monnayeur permettrait d'obtenir une petite pastille blanche.
Les prêtres devenus surnuméraires seraient incités, dans le cadre d'un Plan de Sauvegarde de la Foi, à quitter volontairement l'Église et à se mettre à leur compte, c'est à dire à fonder des sectes. Si d'aventure, l'une d'entre elles connaissait le succès, une clause de buy back permettrait de ramener ces brebis en voie d'égarement dans le giron miséricordieux du Vatican.
Libérer les capitaux dormants autoriserait le financement d'actions promotionnelles structurées par un plan marketing digne de ce nom. La conversion des prospects serait beaucoup plus efficace que via la traditionnelle évangélisation.
Les églises ne sont réellement employées que le dimanche. Le reste de la semaine, ces investissements onéreux sont notoirement sous-utilisés.
Il est grand temps que le catholicisme propose à ses deux grands concurrents monothéistes une joint venture mettant en commun les capacités de production. Une externalisation des bâtiments cultuels en quelque sorte.
Moyennant de simples précautions architecturales, le même édifice peut servir aisément de mosquée le vendredi, de synagogue le samedi et d'église catholique voire même de temple protestant, le dimanche.
De surcroît, le changement des ornements d'une religion à l'autre pourrait facilement recevoir le soutien d'Ikea, de la Maison du Placard ou du cabaret transformiste Michou.
Le catholicisme souffre aussi d'un panel de fournisseurs insuffisamment diversifié.
Pourquoi limiter les deux éléments principaux de la liturgie exclusivement au pain et au vin ?
Tous les producteurs de boissons sont prêts à faire un effort commercial conséquent pour toucher hebdomadairement un gros milliard de clients potentiels.
Bières, liqueurs en tous genres, eaux minérales, jus de fruits et même sodas pourraient, en fonction des appels des offres, remplacer le sang de la vigne en manque de compétitivité.
Il suffit de constater les sommes dépensées par Coca Cola pour parrainer les Jeux Olympiques pour imaginer ce que la firme d'Atlanta serait prête à débourser pour sponsoriser l'Eucharistie.
De même, la mélamine chinoise, abondante et peu coûteuse, pourrait servir de matière première aux hosties des paroisses populaires en manque de fidèles CSP+.
A l'inverse, dans les quartiers huppés, les catholiques fervents pourraient goûter aux délices des spéculoos ou des galettes Saint-Michel, plutôt que de mâchonner du pain azyme.
Un stand de vente à la sortie de la messe permettrait au diocèse de remplir ses caisses et aux pratiquants de ramener chez eux des friandises susceptibles de nourrir leur parcours spirituel.
Autre faiblesse structurelle, l'Église Catholique laisse en déshérence un portefeuille très fourni de propriété intellectuelle, alors que ni le Protestantisme, ni l'Islam ne le revendiquent.
Notamment, les marques à consonances chrétiennes, comme les fromages Chaussée aux Moines ou Saint-Agur mais aussi les Tapis Saint-Maclou, Javel Lacroix ou encore l'A.S. Saint-Etienne, devraient régulièrement verser au Vatican des royalties du culte sous peine d'excommunication des actionnaires et de recours aux justices terrestres et célestes.
J'arrête là car, à l'issue de cette chronique iconoclaste, il est grand temps que j'aille me confesser.
Religioso-industriellement votre
Références et compléments
- Merci à Joseph (tiens donc !) et Louis qui m'ont aidé, à l'heure où blanchit la campagne, à mettre en route le déconophone devant la machine à café, le surlendemain de l'élection du nouveau souverain pontife François Ier.
- L'article récent du journal Le Monde "Quel est le financement des diocèses ?" montre qu'une part de réalité existe dans cette chronique. L'analyse des dépenses de l'Église Catholique en France présentée en fin d'article n'est pas si éloignée de mes élucubrations.
- Voir aussi les chroniques "Conclave sportif" et "Un monde sans droits d'auteur, ni brevets, ni marques".
- L'idée de remplacer les fades hosties par les très chrétiennes galettes Saint-Michel provient de mon grand-père René Lenoir.
- Le meilleur moyen d'empêcher Coca Cola de coloniser églises et bistrots est encore de boire du vin. Pour ce faire, je vous recommande, avec modération toutefois, les Bordeaux de Regis Chaigne et implore humblement son pardon pour avoir suggéré de bannir son produit favori des lieux de culte.
Toutefois, cette grande entreprise religieuse multinationale est confrontée à de nombreux défis stratégiques qu'elle peine à relever.
Sa pénétration est devenue anecdotique dans la région où elle fût fondée, balayée par l'autre grande multinationale qu'est l'Islam.
Au cœur de son implantation historique, les parts de marché du catholicisme s'érodent d'année en année, beaucoup de consommateurs étant devenus rétifs au produit religion, quelle que soit sa marque.
Dans les pays émergents, de nombreuses startups disputent au Vatican son leadership.
De mon point de vue - certes, peu autorisé - seul un véritable chef d'entreprise peut redresser cette situation douloureusement compromise.
Les cardinaux récemment réunis en conclave auraient pu faire un effort car il n'est pas difficile de dégoter un PDG de société cotée clamant, une fois sorti de son conseil d'administration, son attachement irrépressible aux valeurs chrétiennes.
Examinons ensemble, comment l'Église de Rome pourrait évoluer, si un manager professionnel était placé à sa tête, à la place de l'austère argentin aux tempes argentées.
Tout d'abord, comme dans toute entreprise qui se respecte, il est grand temps d'insuffler à la Curie et au clergé l'obsession de la baisse des coûts.
Bien entendu, le catholicisme est déjà en France un grand employeur de main d'œuvre low cost. De plus en plus de prêtres viennent de pays où le travail est payé trois francs six sous. Le curé polonais triomphe, là où son compatriote plombier peine encore à percer.
Mais cela est très loin de suffire pour restaurer des marges de manœuvres, le recours à l'automatisation s'impose, les nouvelles technologies le permettent !
Les églises pourraient être rapidement équipées d'écrans plats retransmettant la même messe dans de multiples paroisses.
La Communion serait donnée aux fidèles par des automates distributeurs d'hosties. Le rendement, très insuffisant, des quêtes s'en trouverait amélioré. Seule l'insertion d'un montant minimal dans un monnayeur permettrait d'obtenir une petite pastille blanche.
Les prêtres devenus surnuméraires seraient incités, dans le cadre d'un Plan de Sauvegarde de la Foi, à quitter volontairement l'Église et à se mettre à leur compte, c'est à dire à fonder des sectes. Si d'aventure, l'une d'entre elles connaissait le succès, une clause de buy back permettrait de ramener ces brebis en voie d'égarement dans le giron miséricordieux du Vatican.
Libérer les capitaux dormants autoriserait le financement d'actions promotionnelles structurées par un plan marketing digne de ce nom. La conversion des prospects serait beaucoup plus efficace que via la traditionnelle évangélisation.
Les églises ne sont réellement employées que le dimanche. Le reste de la semaine, ces investissements onéreux sont notoirement sous-utilisés.
Il est grand temps que le catholicisme propose à ses deux grands concurrents monothéistes une joint venture mettant en commun les capacités de production. Une externalisation des bâtiments cultuels en quelque sorte.
Moyennant de simples précautions architecturales, le même édifice peut servir aisément de mosquée le vendredi, de synagogue le samedi et d'église catholique voire même de temple protestant, le dimanche.
De surcroît, le changement des ornements d'une religion à l'autre pourrait facilement recevoir le soutien d'Ikea, de la Maison du Placard ou du cabaret transformiste Michou.
Le catholicisme souffre aussi d'un panel de fournisseurs insuffisamment diversifié.
Pourquoi limiter les deux éléments principaux de la liturgie exclusivement au pain et au vin ?
Tous les producteurs de boissons sont prêts à faire un effort commercial conséquent pour toucher hebdomadairement un gros milliard de clients potentiels.
Bières, liqueurs en tous genres, eaux minérales, jus de fruits et même sodas pourraient, en fonction des appels des offres, remplacer le sang de la vigne en manque de compétitivité.
Il suffit de constater les sommes dépensées par Coca Cola pour parrainer les Jeux Olympiques pour imaginer ce que la firme d'Atlanta serait prête à débourser pour sponsoriser l'Eucharistie.
De même, la mélamine chinoise, abondante et peu coûteuse, pourrait servir de matière première aux hosties des paroisses populaires en manque de fidèles CSP+.
A l'inverse, dans les quartiers huppés, les catholiques fervents pourraient goûter aux délices des spéculoos ou des galettes Saint-Michel, plutôt que de mâchonner du pain azyme.
Un stand de vente à la sortie de la messe permettrait au diocèse de remplir ses caisses et aux pratiquants de ramener chez eux des friandises susceptibles de nourrir leur parcours spirituel.
Autre faiblesse structurelle, l'Église Catholique laisse en déshérence un portefeuille très fourni de propriété intellectuelle, alors que ni le Protestantisme, ni l'Islam ne le revendiquent.
Notamment, les marques à consonances chrétiennes, comme les fromages Chaussée aux Moines ou Saint-Agur mais aussi les Tapis Saint-Maclou, Javel Lacroix ou encore l'A.S. Saint-Etienne, devraient régulièrement verser au Vatican des royalties du culte sous peine d'excommunication des actionnaires et de recours aux justices terrestres et célestes.
J'arrête là car, à l'issue de cette chronique iconoclaste, il est grand temps que j'aille me confesser.
Religioso-industriellement votre
Références et compléments
- Merci à Joseph (tiens donc !) et Louis qui m'ont aidé, à l'heure où blanchit la campagne, à mettre en route le déconophone devant la machine à café, le surlendemain de l'élection du nouveau souverain pontife François Ier.
- L'article récent du journal Le Monde "Quel est le financement des diocèses ?" montre qu'une part de réalité existe dans cette chronique. L'analyse des dépenses de l'Église Catholique en France présentée en fin d'article n'est pas si éloignée de mes élucubrations.
- Voir aussi les chroniques "Conclave sportif" et "Un monde sans droits d'auteur, ni brevets, ni marques".
- L'idée de remplacer les fades hosties par les très chrétiennes galettes Saint-Michel provient de mon grand-père René Lenoir.
- Le meilleur moyen d'empêcher Coca Cola de coloniser églises et bistrots est encore de boire du vin. Pour ce faire, je vous recommande, avec modération toutefois, les Bordeaux de Regis Chaigne et implore humblement son pardon pour avoir suggéré de bannir son produit favori des lieux de culte.