lundi 20 février 2012

À l'eau, Djerba ?

Humeurs Mondialisées, comme toute production digne de ce nom, accueille désormais des "guest stars".
Voici donc une première chronique djerbienne proposée, non pas par mon épicier favori, mais par mon ami Roland. Espérons qu'il nous en proposera d'autres de la même eau.

Il n'y a pas de sources sur l'île de Djerba. Les troupes espagnoles qui tentèrent en 1510 de prendre possession de l'île en firent l'amère expérience. Sur quinze mille hommes en armes, les deux tiers périrent de soif.

Par la suite les djerbiens (non, on ne dit pas djerbites) creusèrent de nombreux puits pour abreuver hommes et bétail. Ils déployèrent d'ingénieux canaux d'irrigation (seguias) pour faire pousser leurs maigres cultures vivrières.
Les puits s'asséchant tour à tour, on pensa résoudre définitivement le problème en construisant une adduction d'eau potable de fort diamètre, reliant le sud tunisien continental à Djerba par la "chaussée romaine"construite au IIIème siècle avant notre ère, puis bitumée en 1951.

Fort de ce déficit de la nappe aquifère, on pourrait penser que la politique hôtelière Ben Alienne incitât les investisseurs et clients à une utilisation raisonnée, voire économe, du précieux liquide. Las, il n'est pas d'hôtel digne de ce nom qui ne vante les mérites de son centre de thalasso-balnéo-thérapie, faisant passer la consommation d'eau par tête de touriste d'une cinquantaine à  deux cents litres par jour.
Notre hôtel, pourtant construit en 2010, n'échappe pas à cette règle. Bien que "pilote en économie d'énergie" et disposant ostensiblement à l'extérieur de trois poubelles de tri sélectif, il dispense quotidiennement moult bains moussants, hammams et douches énergisantes aux clients pressés d'en finir pour aller jouer au golf 27 trous au gazon bien vert …

Djerbiquement votre

Roland Goutay

Références
- Article Wikipedia sur l'île de Djerba
- Article Wikipedia sur Pedro Navarro, leader des troupes espagnoles ayant tenté de conquérir Djerba en 1510