Au risque de vous surprendre, en France, l'action conjointe de la gendarmerie, de la police, de la justice, de Claude G. et de ses prédécesseurs au Ministère de l'Intérieur est remarquable.
En quinze ans, les "atteintes volontaires à l'intégrité physique" ou "aux biens" ont diminué de près de 20%. En 1996, les gardiens de l'ordre avaient enregistré 51.6 "faits" pour mille habitants. En 2011, ce ratio a chuté à 41.4.
Pourtant, notre perception est très différente, la délinquance nous parait stable voire croissante.
Pourquoi une telle divergence entre réalité statistique et ressenti quotidien ?
Pour tenter de comprendre, prenons l'exemple d'un foyer standard de français dits moyens : un couple avec deux enfants. Cette famille possède un cercle de connaissances d'au moins deux cent personnes :
- Une quarantaine de relations familiales.
- Au moins dix couples d'amis ou de voisins, soit environ quarante personnes en incluant leurs familles.
- Les deux enfants de ce foyer fréquentent une dizaine de copains proches, c'est à dire une autre quarantaine de personnes.
- Ajoutons une dizaine de relations de travail et autant dans les activités sportives ou associatives, ce qui vient rajouter de l'ordre de quatre-vingt personnes.
Cela signifie qu'en 2011, notre famille-type a eu connaissance d'environ huit faits de délinquance, un toutes les six semaines !
En 1996, les connaissances de ce même foyer auraient été victimes de dix actes délictueux, soit un toutes les cinq semaines.
Nous attachons beaucoup d'importance à l'intégrité et à la sécurité de nos proches. Aussi lorsqu'un membre de notre entourage subit une agression, un vol ou une dégradation, nous le savons très vite, nous en parlons autour de nous et surtout nous nous souvenons de cet évènement pendant de nombreux mois voire années.
En prenant l'hypothèse d'une mémorisation d'un an, nous avons en permanence à l'esprit une huitaine d'actes de délinquance. En 1996, nous en avions une dizaine. La différence n'est pas flagrante, compte tenu de la non régularité de ces évènements.
Pour que l'action de la police et de la justice devienne perceptible, il faudrait, a minima, une diminution de moitié des faits délictueux, obtenue en moins de trois ans, afin que notre mémoire puisse être "vidée" rapidement.
Le même type d'impression persistante existe à propos des retards de train ou d'avion et des pannes de voiture ou d'ordinateur. Seules des divisions rapides par plus de deux ou trois des taux "de défaut" permettent de changer notre ressenti.
Pauvre Claude G., tant d'efforts pour si peu de reconnaissance !
Peut-être, afin de gagner un peu de reconnaissance bien méritée, notre futur ex-ministre de l'Intérieur devrait-il migrer vers une civilisation préférant les statistiques aux perceptions. Je lui recommande, notamment, de choisir la civilisation arabe qui a, au Moyen-Age, popularisé en Europe l'usage et la manipulation des grands nombres ...
Délictueusement votre ...
En quinze ans, les "atteintes volontaires à l'intégrité physique" ou "aux biens" ont diminué de près de 20%. En 1996, les gardiens de l'ordre avaient enregistré 51.6 "faits" pour mille habitants. En 2011, ce ratio a chuté à 41.4.
Pourtant, notre perception est très différente, la délinquance nous parait stable voire croissante.
Pourquoi une telle divergence entre réalité statistique et ressenti quotidien ?
Pour tenter de comprendre, prenons l'exemple d'un foyer standard de français dits moyens : un couple avec deux enfants. Cette famille possède un cercle de connaissances d'au moins deux cent personnes :
- Une quarantaine de relations familiales.
- Au moins dix couples d'amis ou de voisins, soit environ quarante personnes en incluant leurs familles.
- Les deux enfants de ce foyer fréquentent une dizaine de copains proches, c'est à dire une autre quarantaine de personnes.
- Ajoutons une dizaine de relations de travail et autant dans les activités sportives ou associatives, ce qui vient rajouter de l'ordre de quatre-vingt personnes.
Cela signifie qu'en 2011, notre famille-type a eu connaissance d'environ huit faits de délinquance, un toutes les six semaines !
En 1996, les connaissances de ce même foyer auraient été victimes de dix actes délictueux, soit un toutes les cinq semaines.
Nous attachons beaucoup d'importance à l'intégrité et à la sécurité de nos proches. Aussi lorsqu'un membre de notre entourage subit une agression, un vol ou une dégradation, nous le savons très vite, nous en parlons autour de nous et surtout nous nous souvenons de cet évènement pendant de nombreux mois voire années.
En prenant l'hypothèse d'une mémorisation d'un an, nous avons en permanence à l'esprit une huitaine d'actes de délinquance. En 1996, nous en avions une dizaine. La différence n'est pas flagrante, compte tenu de la non régularité de ces évènements.
Pour que l'action de la police et de la justice devienne perceptible, il faudrait, a minima, une diminution de moitié des faits délictueux, obtenue en moins de trois ans, afin que notre mémoire puisse être "vidée" rapidement.
Le même type d'impression persistante existe à propos des retards de train ou d'avion et des pannes de voiture ou d'ordinateur. Seules des divisions rapides par plus de deux ou trois des taux "de défaut" permettent de changer notre ressenti.
Pauvre Claude G., tant d'efforts pour si peu de reconnaissance !
Peut-être, afin de gagner un peu de reconnaissance bien méritée, notre futur ex-ministre de l'Intérieur devrait-il migrer vers une civilisation préférant les statistiques aux perceptions. Je lui recommande, notamment, de choisir la civilisation arabe qui a, au Moyen-Age, popularisé en Europe l'usage et la manipulation des grands nombres ...
Délictueusement votre ...
Références
- Bulletin pour l’année 2011 de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales - Criminalité et délinquance enregistrées en 2011 cité sur le site web du ministère français de l'Intérieur, de l'Outre-Mer, des Collectivités Territoriales et de l'Immigration.