mardi 2 novembre 2010

Tokyo capitale francophone

Tous comptes faits, inutile de maîtriser l'une des trois graphies nippones pour se sentir à l'aise dans la capitale du Japon.

L'alphabet latin est omniprésent : pas une marque qui ne s'affiche avec les caractères servant à rédiger cette chronique.
Ainsi, les immeubles de bureau devant l'hôtel portent fièrement les enseignes "d'AIU Insurance Company", de "BIC", de "Suntory" et de "Mory Trust". Et les taxis qui montent la garde devant la porte écrivent sur leurs flancs "Oikawa Taxis" ou "Nihon Kotzu Group".

L'inénarrable Eric Besson - le chantre essoufflé de l'identité nationale de la France - devrait venir se ressourcer au Japon car la langue de Molière y est du dernier chic.
Le français semble être un support commercial efficace, au moins pour la nourriture et la mode. Jugez sur pièces.

Le centre commercial devant la fenêtre s'appelle "belle Vie" alors qu'une boutique de croissants installée dans le métro aguiche l'usager avec un tricolore "Vie de France".

Bien entendu, il est possible de se restaurer dans de multiples "bistro" tantôt "lyonnais", tantôt à "vins et charcuterie". La palme étant détenue par le "bistrot de nord allée d'accès au temple".
A en croire les publicités dans le métro, ces "bistro" devraient connaître leur jour de gloire le 18 Novembre (et non pas le 7) avec l'arrivée annoncée du "Beaujolais Village". Il sera possible d'acheter ce nectar au magasin "Côtes du Rouge".
Dans cette même rubrique gastronomique, un "restaurant régional" accueille ses clients avec un incongru "chien méchant" et le cholestérol se renouvelle à la "maison du beurre" (sans aucun rapport avec le sinistre ministre précité).

Une "galerie La Moniale" expose des tableaux de paysage et des sculptures abstraites ne provenant visiblement pas d'une abbaye.

Les jeunes femmes en mal d'idées pour s'accoutrer - cela n'a pas l'air d'être le cas pour la plupart des nénettes tokyoïtes - trouvent dans le magazine "25 ans" d'excellentes suggestions. Elles peuvent aussi se procurer des couvre-chefs au "salon de chapeau".
Mais, au rayon mode, ma préférée est la ligne de vêtements d'intérieur "Du fond du cœur" qui proclame "Goûtez à une vie sucrée en vous souhaitant une douce nuit. Décontractez-vous, dégustez nos robes de chambres délicieuses comme un dessert" et intime un ordre dangereux par ces temps de sécurité renforcée : "Ouvrez ce paquet le plus vite possible !".

Francophoniquement votre …