La chronique parue en janvier au sujet des professions menacées par la troisième révolution industrielle a suscité beaucoup de réactions.
Notamment, plusieurs lecteurs se sont placés dans une perspective résolument inverse. Ils se sont interrogés sur les métiers de demain et sur les voies à emprunter par un lycéen ou un étudiant.
Parcourons ensemble cet axe de prospective.
Déduire des mutations en cours les emplois de demain ne serait guère sérieux. Le bouillonnement et l'inattendu sont devenus la règle.
Les jeunes qui, aujourd'hui, ont la chance d'avoir un travail, opèrent dans des métiers ou des activités inexistants lors de leur passage au lycée.
Qui, il y a dix ans, connaissait ou imaginait les professions peu traduisibles en français de community manager ou de facility manager ?
Toutefois, même si la prédiction professionnelle est illusoire, je suis prêt à parier - une bière ou un couscous, voire les deux - qu'au moins cinq savoir-être seront déterminants pour tirer parti du maelström ambiant.
Accueillir l'imprévisible
Plus que jamais, notre seule certitude reste l'incertitude. Les ruptures en tous genres se succèdent à un rythme toujours plus soutenu.
On peut regretter cette évolution et préférer la tranquillité prévisible de l'ordre ancien, de la même manière que l'on peut préférer admirer la baie du Mont Saint-Michel à marée basse. Vouloir lutter contre la montée des eaux est illusoire et surtout dangereux.
Savoir détecter dans un changement surprise les opportunités avant de s'inquiéter des risques sera de plus en plus appréciable.
Adopter un style professionnel conforme à un des slogans de la Silicon Valley "try often, fail fast, retry quickly" (essayer souvent, se tromper rapidement, réessayer très vite) sera prodigieusement efficace.
Créer, créer, créer
La copie d'information est devenue instantanée et quasi-gratuite, la reproduction matérielle s'en rapproche de plus en plus.
Imiter ou répéter ne générera bientôt plus aucun revenu. Seule l'originalité sera créatrice de valeur mais exclusivement pendant une courte période.
Dans tous les secteurs d'activité, même les plus prosaïques, la créativité sérielle devient un must.
Demain, nous serons tous un peu, et même beaucoup, artistes.
Savoir trouver le savoir
Le regretté Michel de Montaigne, qui fit partie de la première génération à bénéficier complètement des effets de l'imprimerie, plaidait pour des têtes bien faites plutôt que bien pleines.
Désormais, presque toute l'information du monde est accessible, de partout, en quelques clics, à la condition expresse de savoir lesquels.
Dans ce nouveau contexte, nos têtes doivent, bien entendu, rester bien faites mais, avant tout, devenir chercheuses.
Cultiver ses relations
La densité de son réseau personnel reste le meilleur antidote aux mauvaises surprises.
Autrefois, cette fonction était assurée par la famille ainsi que le village ou la tribu. Aujourd'hui, pour de multiples raisons, ces liens naturels et quasi-automatiques se distendent.
Nous n’avons pas d’autres choix que d’être les tisserands actifs de notre propre toile en bâtissant un vaste réseau de relations fortes (parents, partenaires, véritables amis), mais aussi, voire surtout, de "connexions lâches" qui accroissent la détection d'opportunités et la propagation de nouvelles créations.
Pour ce faire, les applications informatiques plaisamment baptisées “réseaux sociaux” fournissent une aide logistique précieuse mais moins déterminante que les aspects proprement humains.
Équiper son arc de plusieurs cordes
Accueillir l'imprévisible impose de l'envisager sous plusieurs angles.
Nous existons parce que nos ancêtres étaient des chasseurs-cueilleurs adaptables qui ont su et pu partir de l'Est de l’Afrique pour peupler la terre entière. Les hominidés purement chasseurs ou purement cueilleurs, trop spécialisés, n'ont pas eu cette réussite.
Ne pas être tributaire d'un unique domaine, posséder une ou plusieurs compétences "de secours" aidera à franchir les turbulences.
L'avenir pourrait bien être aux mathématiciens plombiers, aux ascensoristes repasseurs, aux téléphonistes designers, aux ébénistes programmeurs, aux banquiers barytons et aux banquières soprano, aux paysans médecins, aux routiers zingueurs, aux juristes pédicures, aux guitaristes ingénieurs, aux garagistes philatélistes et autres chimères professionnelles.
Futuriquement votre
Références et compléments
- En cas de perte du pari, la bière et le couscous seront offerts à partir 23 mai 2019.
- Voir aussi les chroniques “quelles sont les professions menacées par la troisième révolution industrielle ?” et "un monde sans droits d'auteur, ni brevets, ni marques".
- Merci à Jean et Roland ainsi qu'à plusieurs twittonautes dont j'ai oublié de noter les coordonnées, de m'avoir suggéré cette "séquelle" à la chroniques sur les professions menacées.
Notamment, plusieurs lecteurs se sont placés dans une perspective résolument inverse. Ils se sont interrogés sur les métiers de demain et sur les voies à emprunter par un lycéen ou un étudiant.
Parcourons ensemble cet axe de prospective.
Déduire des mutations en cours les emplois de demain ne serait guère sérieux. Le bouillonnement et l'inattendu sont devenus la règle.
Les jeunes qui, aujourd'hui, ont la chance d'avoir un travail, opèrent dans des métiers ou des activités inexistants lors de leur passage au lycée.
Qui, il y a dix ans, connaissait ou imaginait les professions peu traduisibles en français de community manager ou de facility manager ?
Toutefois, même si la prédiction professionnelle est illusoire, je suis prêt à parier - une bière ou un couscous, voire les deux - qu'au moins cinq savoir-être seront déterminants pour tirer parti du maelström ambiant.
Accueillir l'imprévisible
Plus que jamais, notre seule certitude reste l'incertitude. Les ruptures en tous genres se succèdent à un rythme toujours plus soutenu.
On peut regretter cette évolution et préférer la tranquillité prévisible de l'ordre ancien, de la même manière que l'on peut préférer admirer la baie du Mont Saint-Michel à marée basse. Vouloir lutter contre la montée des eaux est illusoire et surtout dangereux.
Savoir détecter dans un changement surprise les opportunités avant de s'inquiéter des risques sera de plus en plus appréciable.
Adopter un style professionnel conforme à un des slogans de la Silicon Valley "try often, fail fast, retry quickly" (essayer souvent, se tromper rapidement, réessayer très vite) sera prodigieusement efficace.
Créer, créer, créer
La copie d'information est devenue instantanée et quasi-gratuite, la reproduction matérielle s'en rapproche de plus en plus.
Imiter ou répéter ne générera bientôt plus aucun revenu. Seule l'originalité sera créatrice de valeur mais exclusivement pendant une courte période.
Dans tous les secteurs d'activité, même les plus prosaïques, la créativité sérielle devient un must.
Demain, nous serons tous un peu, et même beaucoup, artistes.
Savoir trouver le savoir
Le regretté Michel de Montaigne, qui fit partie de la première génération à bénéficier complètement des effets de l'imprimerie, plaidait pour des têtes bien faites plutôt que bien pleines.
Désormais, presque toute l'information du monde est accessible, de partout, en quelques clics, à la condition expresse de savoir lesquels.
Dans ce nouveau contexte, nos têtes doivent, bien entendu, rester bien faites mais, avant tout, devenir chercheuses.
Cultiver ses relations
La densité de son réseau personnel reste le meilleur antidote aux mauvaises surprises.
Autrefois, cette fonction était assurée par la famille ainsi que le village ou la tribu. Aujourd'hui, pour de multiples raisons, ces liens naturels et quasi-automatiques se distendent.
Nous n’avons pas d’autres choix que d’être les tisserands actifs de notre propre toile en bâtissant un vaste réseau de relations fortes (parents, partenaires, véritables amis), mais aussi, voire surtout, de "connexions lâches" qui accroissent la détection d'opportunités et la propagation de nouvelles créations.
Pour ce faire, les applications informatiques plaisamment baptisées “réseaux sociaux” fournissent une aide logistique précieuse mais moins déterminante que les aspects proprement humains.
Équiper son arc de plusieurs cordes
Accueillir l'imprévisible impose de l'envisager sous plusieurs angles.
Nous existons parce que nos ancêtres étaient des chasseurs-cueilleurs adaptables qui ont su et pu partir de l'Est de l’Afrique pour peupler la terre entière. Les hominidés purement chasseurs ou purement cueilleurs, trop spécialisés, n'ont pas eu cette réussite.
Ne pas être tributaire d'un unique domaine, posséder une ou plusieurs compétences "de secours" aidera à franchir les turbulences.
L'avenir pourrait bien être aux mathématiciens plombiers, aux ascensoristes repasseurs, aux téléphonistes designers, aux ébénistes programmeurs, aux banquiers barytons et aux banquières soprano, aux paysans médecins, aux routiers zingueurs, aux juristes pédicures, aux guitaristes ingénieurs, aux garagistes philatélistes et autres chimères professionnelles.
Futuriquement votre
Références et compléments
- En cas de perte du pari, la bière et le couscous seront offerts à partir 23 mai 2019.
- Voir aussi les chroniques “quelles sont les professions menacées par la troisième révolution industrielle ?” et "un monde sans droits d'auteur, ni brevets, ni marques".
- Merci à Jean et Roland ainsi qu'à plusieurs twittonautes dont j'ai oublié de noter les coordonnées, de m'avoir suggéré cette "séquelle" à la chroniques sur les professions menacées.