Effectuer un vol entre la France et l'Inde un jour de "grève d'une certaine catégorie de personnel" d'Air France est une expérience savoureuse. Jugez sur pièces.
Alors que le mouvement social a forcé la compagnie à réduire le nombre de passagers par vol pour faire face à la pénurie de stewards et d'hôtesses, des policiers escortent à l'embarquement deux indiens manifestement expulsés. Il est rassurant de se savoir dirigé par un gouvernement ayant un sens aigu des priorités.
Bien que l'avion soit au tiers vide, le personnel en grève au travail (à moins que cela ne soit le contraire) ne peut ou ne veut servir de repas chauds ou végétariens. Résultat des courses, la moitié des passagers mange du pain alors que le reste des voyageurs se délecte d'un poulet figé accompagné d'une glace parfum pâtes au pesto.
Toutefois, les provisions de pain ne manquent pas. Les hôtesses ont proposé trois fois du rab. J'aurais du emporter un doggy bag.
Fort heureusement, l'approvisionnement en boissons est normal. J'ai pu savourer une bière au dessus de Pilsen, ville tchèque qui a légué ce breuvage au patrimoine mondial de l'humanité, tout en me faisant brasser par des turbulences.
Par contre, le café semble aussi en grève du zèle. Au rythme où il met à arriver, je suis presque certain qu'il est décaféiné.
Des photos satellite agrémentent la carte du vol. Leurs légendes sont décoiffantes : Vallée du Rhône est traduite en anglais par Rhine Valley. La convergence franco-allemande souhaitée par Nicolas Sarkozy semble être déjà entrée dans les faits. La Luftwaffe, pardon la Lufthansa, va-t-elle racheter la descendante de l'Aéropostale ? L'aéroport de Lyon Saint-Exupéry va-t-il être rebaptisé Kronprinz Flughafen ?
Alors que l'appareil approche de l'Iran et que sur la carte s'affichent Damas, Téhéran, Bahreïn, comment ne pas penser à ces printemps perdurant dans une phase hivernale ? Le zèle répressif des dictatures arabes et perses rend bien dérisoire le syndical manque d'envie du "personnel naviguant cabine".
Avioniquement votre ...