Les frasques sentimentales d'Arnaud Valls et de Manuel Montebourg ont rejeté dans l'ombre la nouvelle la plus intéressante de la semaine écoulée.
L'Union Européenne a décidé d'interdire les aspirateurs excédant 1 600 watts dès ce lundi 1er septembre 2014 et ceux dépassant 900 watts en 2018.
L'argument pour justifier cette relégation est la sauvegarde de notre planète.
En réduisant à marchés forcés la puissance de nos instruments de ménage, Bruxelles aspire à diminuer la consommation énergétique de l'Europe.
Malheureusement, cette belle intention ne résiste pas à une analyse sommaire. Comme à l'accoutumée, jugez sur pièces.
Il y a, grosso modo, en Europe, 200 millions d'aspirateurs, autant que de ménages.
En comptant très large, on peut estimer leur puissance moyenne à 1 500 watts et leur durée hebdomadaire d'utilisation à 30 minutes, constamment à pleine charge.
En mettant tous ces chiffres bout à bout, lorsque, dans une douzaine d'années, tout le parc européen aura été remplacé par des aspirateurs bridés, l'économie annuelle d'électricité devrait être de 3 térawattheures.
Cette valeur, d'apparence astronomique, est en fait ridicule.
L'ostracisation des gros aspirateurs n'abaissera la consommation énergétique européenne que de 1 pour 50 000.
Autant vider un puits de pétrole saoudien avec une petite cuiller !
Deux facteurs complémentaires peuvent expliquer cette réglementation inutile.
Tout d'abord, un souffle de bêtise collective parcourt parfois (souvent ?) la machine administrative et politique européenne.
Ce petit monde technocratique gagnerait à potasser à nouveau ses cours de physique de lycée qui sont d'excellents dopants du pragmatisme.
Il ne faut toutefois pas négliger la force du lobbying d'entreprise.
Imaginez que vous soyez un spécialiste de l'électroménager - par exemple, doté d'une marque commençant par un dy et finissant par un son - et que vous conceviez des aspirateurs plus chers que la moyenne et ne nettoyant pas notablement mieux le tapis hérité de votre bisaïeule.
Néanmoins, vos engins au design futuriste ont le bon goût d'être dotés d'une puissance nominale réduite.
Ce mix marketing original rend probablement la vente de vos moulins à vents un peu compliquée au delà du cercle restreint des gadgetophiles.
Dans ces conditions, quoi de mieux, pour accroître votre chiffre d'affaire, que d'envoyer dans les couloirs de Bruxelles de preux militants qui, la main sur le cœur et la larme à l'œil, vont appeler à la défense de l'avenir réuni de notre belle Terre et des actionnaires européens ?
Oups, j'ai un peu dérapé sur la fin de ma dernière phrase, je voulais, bien entendu, évoquer les technologies et non pas les actionnaires.
Venteusement votre
Références et compléments
- Les très rares lecteurs de ce blog qui douteraient des explications ci-dessus sont invités à savourer le communiqué de presse de l'entreprise qui commence par un dy et finit par un son.
Les nombreux amateurs d'électrotechnique et de traductions approximatives y apprécieront à sa juste valeur le paragraphe où il est question de brosses de carbone.
L'Union Européenne a décidé d'interdire les aspirateurs excédant 1 600 watts dès ce lundi 1er septembre 2014 et ceux dépassant 900 watts en 2018.
L'argument pour justifier cette relégation est la sauvegarde de notre planète.
En réduisant à marchés forcés la puissance de nos instruments de ménage, Bruxelles aspire à diminuer la consommation énergétique de l'Europe.
Malheureusement, cette belle intention ne résiste pas à une analyse sommaire. Comme à l'accoutumée, jugez sur pièces.
Il y a, grosso modo, en Europe, 200 millions d'aspirateurs, autant que de ménages.
En comptant très large, on peut estimer leur puissance moyenne à 1 500 watts et leur durée hebdomadaire d'utilisation à 30 minutes, constamment à pleine charge.
En mettant tous ces chiffres bout à bout, lorsque, dans une douzaine d'années, tout le parc européen aura été remplacé par des aspirateurs bridés, l'économie annuelle d'électricité devrait être de 3 térawattheures.
Cette valeur, d'apparence astronomique, est en fait ridicule.
L'ostracisation des gros aspirateurs n'abaissera la consommation énergétique européenne que de 1 pour 50 000.
Autant vider un puits de pétrole saoudien avec une petite cuiller !
Deux facteurs complémentaires peuvent expliquer cette réglementation inutile.
Tout d'abord, un souffle de bêtise collective parcourt parfois (souvent ?) la machine administrative et politique européenne.
Ce petit monde technocratique gagnerait à potasser à nouveau ses cours de physique de lycée qui sont d'excellents dopants du pragmatisme.
Il ne faut toutefois pas négliger la force du lobbying d'entreprise.
Imaginez que vous soyez un spécialiste de l'électroménager - par exemple, doté d'une marque commençant par un dy et finissant par un son - et que vous conceviez des aspirateurs plus chers que la moyenne et ne nettoyant pas notablement mieux le tapis hérité de votre bisaïeule.
Néanmoins, vos engins au design futuriste ont le bon goût d'être dotés d'une puissance nominale réduite.
Ce mix marketing original rend probablement la vente de vos moulins à vents un peu compliquée au delà du cercle restreint des gadgetophiles.
Dans ces conditions, quoi de mieux, pour accroître votre chiffre d'affaire, que d'envoyer dans les couloirs de Bruxelles de preux militants qui, la main sur le cœur et la larme à l'œil, vont appeler à la défense de l'avenir réuni de notre belle Terre et des actionnaires européens ?
Oups, j'ai un peu dérapé sur la fin de ma dernière phrase, je voulais, bien entendu, évoquer les technologies et non pas les actionnaires.
Venteusement votre
Références et compléments
- Les très rares lecteurs de ce blog qui douteraient des explications ci-dessus sont invités à savourer le communiqué de presse de l'entreprise qui commence par un dy et finit par un son.
Les nombreux amateurs d'électrotechnique et de traductions approximatives y apprécieront à sa juste valeur le paragraphe où il est question de brosses de carbone.