mercredi 9 mai 2012

Lunettes hollandaises

Autant vous l'avouer, j'ai piteusement foiré mes prévisions électorales.
Le 24 novembre 2011, dans un billet intitulé "visions politiques", je prédisais qu'Eva Joly, la verte aux lunettes rouges, allait reprendre au président provisoire de la Tunisie Moncef Marzouki le titre enviable de miro en chef.
Hélas, aveuglé par mon daltonisme, j'avais gravement sous-estimé le candidat aux lunettes normales François Hollande qui a battu ces deux freluquets à plates coutures.

Pourtant, le nouveau président de la France avait commencé sa carrière de binoclard par un coup d'éclat.
En 1977, affublé de lunettes marzoukiennes, il refuse la discrimination faite aux myopes et exige auprès de l'état-major d'effectuer son service militaire alors que les "trois jours" l'avaient exempté. L'armée prudente prendra quand même soin d'affecter son futur chef dans le génie.

La suite est connue, François Hollande, dans l'ombre de Mitterrand, de Chirac et de Ségolène, fait paisiblement carrière en Corrèze.
Ses binocles reflètent les tournants idéologiques du Parti Socialiste. Plus ce dernier abandonne le marxisme pour le libéralisme, plus les montures hollandaises s'allègent.
Gageons qu'avec ses lorgnons poids plume actuels, le chef de l'état fraichement désigné n'aura aucun mal à s'accorder avec Angela Merkel, une fois passées les élections législatives de juin.

En 2005, pendant quelques mois, François Hollande est tenté par le double foyer. Mais - influence de sa nouvelle compagne ? - il préfère opter pour le progressif sur le plan focal et le très progressif sur le plan fiscal.
Compte tenu de l'ampleur de la dette nationale, espérons que cela lui permette d'avoir une excellente vision de prêts.

Les qualités de stratège et de fin politique du septième président de la cinquième république devrait lui permettre de réaliser l'union des taupes.
Les écologistes qui ont pourtant perdu le contact avec leurs électeurs, semblent décidés à toutes les concessions pour un plat de lentilles, pardon pour un ministère.
Pour rallier le récalcitrant Front de Gauche, je suggère à François - entre miros, comme entre diplômés d'HEC, on se tutoie et on s'appelle par son prénom - de faire sienne une demi-promesse du demi-binoclard Jean-Luc Mélenchon en rendant intégralement remboursables par la sécurité sociale toutes les lunettes de vue. Tant pis pour les prothèses dentaires, le peuple n'avait qu'à élire un type aux dents déchaussées ...
Bien fait aussi pour Bayrou qui ne s'assume pas et évite de porter ses lorgnons en public.

Quant à Moncef Marzouki, je lui conseille d'abandonner la lutte dans le domaine des bésicles. Burnousman pourra toujours boxer dans la catégorie costume folkorique. Il est, en effet, peu probable que François Hollande adopte le chapeau à larges bords et le gilet noir de la Corrèze. Qu'il se méfie toutefois d'Eva Joly qui pourrait revêtir une coiffe lapone.

Myopiquement votre

PS : François, comme il parait que ta retraite corrézienne t'a conduit à être peu au fait des usages internationaux, n'oublie pas si tu croises Moncef Marzouki de l'embrasser sur le front ou la main. C'est apparemment la nouvelle mode à Carthage.
Les binocles c'est maintenant !

Références et compléments
- Pour François et les autres français pouvant avoir raté les dernières péripéties de l'actualité tunisienne, Moncef Marzouki, après avoir promu le traditionnel burnous, a, depuis quelques jours, réhabilité le bisous. Lors de ses déplacements officiels, il ne participe plus à des bains de foule mais à de véritables "love parades" où, tel un gourou hindou, il se laisse embrasser par le peuple en transe.
- Pour les tunisiens pouvant avoir manqué quelques subtilités de la campagne présidentielle en France, Jean-Luc Mélenchon a la fâcheuse manie d'enlever et de remettre sans cesse ses lunettes durant ses meetings. Serait-ce le signe qu'il assume mal son rôle de taupe socialiste chez les communistes ?