Si la majorité de la planète se passionne pour le football, le sous-continent indien ne jure que par le cricket. Lors de la récente coupe du monde, entre février et avril de cette année, Bangladesh, Pakistan, Sri Lanka et Inde ont concouru pour les meilleures places.
Dimanche dernier, invité par des collègues, j'ai assisté à un match de l'IPL - India Premier League, équivalent cricketologique de la Ligue des Champions - entre l'équipe de Bangalore et celle de Calcutta.
Le cricket résiste par bien des aspects à la logique cartésienne. Aussi, je vais tenter de vous le décrire mais certainement pas de vous l'expliquer.
Comme au football, deux équipes de onze joueurs s'affrontent en deux manches successives. Toutefois, le terrain est circulaire.
Une des équipes aligne la totalité de son effectif mais l'autre n'envoie sur le terrain que deux représentants munis de jambières, d'un casque et d'une batte.
Ce jeu est en fait un hybride du hockey et du handball.
Le handball est pratiqué par l'équipe dont les onze joueurs sont sur le terrain : un tireur de penalties et dix gardiens de buts.
Les deux joueurs casqués tentent avec leurs battes de repousser avec leur crosse les penalties qui leur sont adressés, à l'instar des hockeyeurs.
Lorsque la balle part loin, un des dix goals essaie de la récupérer avant qu'elle ne sorte. Parfois, les deux batteurs, après avoir dégagé leur camp, courent un peu, probablement pour rester chauds, en dépit des trente-cinq degrés à l'ombre.
Le meilleur moyen de marquer des points est d'envoyer la balle en touche.
Quatre points, pardon quatre runs, sont marqués lorsque la touche est indirecte et six si elle est directe.
Faire un "six" est l'équivalent de l'essai transformé au rugby (qui rappelons-le vaut sept points).
Deux cages microscopiques, instables et sans filet situées derrière les batteurs complètent le dispositif.
Si le tireur de penalties ou un gardien de but réussit un poteau et bousille la cage, la clameur du stade devient intense, bien que l'impact sur le score ne soit pas évident.
Chacun des onze joueurs présents est, tour à tour, tireur de penalties. Il shoote six fois d'affilée. Cette série de lancers s'appelle un over.
Mes collègues m'ont expliqué que, par over, un maximum de trente-six runs est possible : six tirs pouvant chacun faire l'objet d'un "six" (soit en rosbif au curry "six sixes"). Une telle succession est exceptionnelle en compétition de haut niveau.
Pourtant, ce dimanche 8 mai 2011, au stade Chinnaswamy de Bangalore, Chris Gayle, joueur caribéen de l'équipe de Bangalore, a réussi trente-sept runs en un seul over. Il a systématiquement balancé la balle dans les tribunes à grands coups de batte et le public était proche de la transe.
A en croire le journal le lendemain, il s'agit de la seconde meilleure performance de l'histoire du cricket. En 1998, un obscur anglais du Surrey a atteint trente-huit runs en un over.
Comment ces types ont-ils franchi le mur apparemment fatidique des trente-six runs par over, je n'en sais strictement rien. Un sport inventé par les britanniques et adopté par les indiens ne peut révéler sa substantifique moelle en une seule après-midi …
Cricketiquement votre …