mercredi 20 mai 2015

La vraie réforme du collège : une bonne tranche quotidienne de rosbif au curry

When you select, you reject!
Choisir c'est renoncer !
Les débats actuels, en France, à propos de la réforme des collèges me paraissent surannés, voire surréalistes.
Ministres et députés en tête, tenants et opposants du latin, du grec ancien, de l'allemand et, dans une moindre mesure, de l'italien et du chinois s'écharpent ex cathedra pour savoir si l'apprentissage de ces magnifiques idiomes doivent débuter à 12, 13 ou 14 ans.

Malgré l'adage ancestral contra factum non datur argumentum (contre un fait, il n'est point d'arguties), nos bons esprits semblent ignorer l'anglais est, nolens volens, devenu, de facto, la lingua franca mondiale et que nos chères têtes blondes, même 5 ans après le bac, continuent d'ânonner la langue de Steve Jobs.

Le système éducatif hexagonal fait semblant d'enseigner l'anglais.
Pour ne fâcher aucun lobby, les heures de cours au collège et en primaire sont saupoudrées sur de trop nombreuses matières.
A contrario, les concentrer sur 3 indispensables basiques - français, mathématiques et anglais - serait plus efficace, tant pour les bons que pour les mauvais élèves.
Ainsi le parler des deux derniers prix Nobel de la paix, n'est enseigné que 3 à 4 heures par semaine aux gamins d'une douzaine d'années. C'est insuffisant pour acquérir des bases solides en y prenant du plaisir et de l'intérêt.

Grosso modo, 6 à 8 heures par semaine sont indispensables.
Le nec plus ultra serait que d'autres disciplines relaient l'apprentissage de l'anglais.
E.g. un prof de sport, à la place d'une initiation à la lutte gréco-romaine, pourrait effectuer une sensibilisation aux méfaits du dopage avec les mots et les intonations de Lance Armstrong.

Bien entendu, cet accroissement horaire doit s'accompagner d'une réorientation géographique.
Oxford, son accent et sa pureté grammaticale doivent s'effacer au profit de la pragmatique Californie et de la créative Bangalore. Bref, laisser tomber le pudding pour le curry !
A fortiori, l'apprentissage d'une seconde langue ne pourrait débuter qu'après avoir acquis une maîtrise correcte de l'anglais.

Effectuer ex abrupto ce changement serait une véritable réforme, utile socialement et économiquement, mais qui nécessiterait beaucoup de courage politique, face aux conservatismes et aveuglements de tout poil.
Imposer la réduction des horaires des matières non indispensables ainsi que mettre en branle un vaste plan de reconversion des professeurs non anglophones - via des formations et des reclassements ad hoc - suppose un gouvernement et un parlement à l'image de Churchill et de la Chambre des Communes de 1940.

Le modus operandi de ce bouleversement ne sera pas facile à mettre au point et à appliquer.
In fine et in petto, je crains que, pour longtemps encore, nous préférions le latin à l'emploi et le grec au rosbif.
Heureusement, nulla tenaci invia est via, nulle route n'est infranchissable ...

Latiniquement votre

Références et compléments
- Voir aussi la chronique "Rosbif au curry : le charme de l'anglais en Inde"
- E.g. est l'abréviation du latin exempli gratia plus usitée en anglais qu'en français. Elle signifie par exemple.