samedi 12 juillet 2014

Il est temps de supprimer le bac !

Tous les ans, trois bons mois avant l’automne, 700 000 jeunes français sont soumis au rite initiatique du baccalauréat.
Cet examen a supplanté par son inutilité symbolique feu le service militaire. Jugez sur pièces.

Les documents ainsi que les ordinateurs et autres engins connectés sont interdits pendant les épreuves.
De surcroît, tout est fait pour que chaque lycéen ne puisse pas échanger avec ses petits camarades.
Le bac privilégie donc le travail solitaire et la mémoire individuelle de savoirs livresques alors que la vie professionnelle, mais aussi sociale, impose d'agir en équipe et de remplacer les têtes bien pleines et bien faites d'antan par des réseaux de têtes chercheuses.
Au XXIème siècle, nous continuons d'évaluer les jeunes comme sous le règne du regretté Napoléon Ier.

Le bac, à sa création en 1808, vérifiait que les connaissances nécessaires pour exercer, durant toute une vie, une profession prétendument supérieure, étaient acquises. Il permettait aussi à de très rares happy few, désireux de former ensuite de futurs bacheliers, de poursuivre des études supérieures.
À l'heure de l'apprentissage perpétuel jusqu'à la fin de nos jours, qu'elle est, dorénavant, la fonction du baccalauréat ?

Le nombre de candidats a été, très longtemps, microscopique.
Vers 1885, en région parisienne, à peine 900 lycéens tentaient de décrocher cette peau d’âne. En 1970, pas plus d’un jeune sur cinq obtenait le sésame de fin de lycée. La barre des 50% de bacheliers dans une tranche d'âge n'a été franchie qu'en 1992.
Cette année, 7 jeunes sur 8 ont passé le bac et plus de 3 sur 4 ont été reçus.
Le tri des étudiants s'effectue désormais avant le baccalauréat. Les filières sélectives d’enseignement supérieur criblent les jeunes qu’elles retiennent via le système dit admissions post-bac dont les résultats sont connus avant les épreuves.

Tout ce barnum coûte une fortune en deniers publics.
Officiellement, le Ministère de l’Éducation Nationale, qui s'est érigé en gardien du temple napoléonien, évalue la note à grosso modo 60 petits millions d’euros, 85 € par candidat.
Le syndicat des proviseurs de lycée, qui aimerait être débarrassé de cette corvée, pousse l'addition à 1 400 millions.
La facture réelle se situe donc quelque part à mi-chemin vers 700 millions d’euros.
Nous consacrons donc autour de 1 € par mois et par français, soit 0.3% du déficit public, au maintien d'une tradition surannée et néfaste.

Bachotiquement votre

Références et compléments
- Voir aussi les chroniques "Tout savoir (ou presque) sur le déficit public de la France" et "Conserver les savoirs obsolètes".
- Article Wikipedia sur le baccalauréat en France
- L'évaluation statistique officielle du baccalauréat 2014 par le Ministère de l'Éducation Nationale
- Article du magazine Challenge de juin 2013 sur les savants calculs du syndicat des personnels de direction de l'Éducation Nationale à propos du coût du bac.