mercredi 21 août 2013

Un gaulois à la plage, un berbère sur le sable

Un gaulois ou un berbère du premier siècle de notre ère, qu'une machine à remonter le temps aurait parachuté cet été sur une de nos plages bondées, seraient pour le moins étonnés du tour pris par l'évolution de l'Humanité.
C'est, à coup sur, avec plus de questions que de réponses qu'ils retourneraient dans leurs villages d'origine.
Jugez sur pièces.

Pourquoi des personnes qui s'ingénient toute l'année à être occupées du matin au soir, subitement au cœur de l'été, semblent atteintes d'une maladie de langueur ?

Pourquoi, nos descendants qui, dès que le printemps survient, s'enferment dans des bâtiments où de l'air frais leur coule sur la tête, s'acharnent trois semaines par an à passer les heures les plus chaudes de la journée dehors en plein soleil ?

Pourquoi, 2000 ans après Vercingétorix, les hommes et les femmes semblent obsédés par leur lavage ?
Non seulement, ils passent de longs moments à patauger dans la mer, mais, à peine leur baignade finie, ils éprouvent le besoin de continuer avec une douche.

Pourquoi presque tous amènent sur la plage des toiles circulaires qu'il plantent dans le sol pour créer de l'ombre, alors qu'ils préfèrent s'allonger au soleil pour se faire rôtir ?

Pourquoi ces gens qui, toute l'année, évitent soigneusement de se salir, par exemple en esquivant les contacts avec la terre, se roulent frénétiquement dans le sable lorsqu'ils se rapprochent d'un rivage marin ?

Pourquoi ces lointains cousins, qui ont développé pour leur vie quotidienne des habits sophistiqués et confortables, les quittent pour aller sur la plage ?
Pourquoi les remplacent-ils par des bandes de tissus de cette nouvelle matière appelée plastique qui provoque, dès qu'on la place au contact de la peau, sudation et démangeaisons ?
Pourquoi nos successeurs, lorsqu'ils se trempent, cachent leurs organes sexuels en les mettant en valeur ?
Pourquoi, d'ailleurs, dans l'ancienne Berbèrie, beaucoup de femmes arborent à la plage des tenues très couvrantes qui, une fois mouillées, moulent et signalent parfaitement ce qu'elles masquaient auparavant ?
Pourquoi, dans l'ancienne Gaule, sur quelques portions de littoral bien délimitées, nos us et coutumes semblent avoir perduré, puisque la baignade s'y effectue à l'état de nature ?

Pourquoi, pour se rendre sur le littoral, les enfants des enfants de nos enfants utilisent-ils ces sortes de chariots métalliques appelés voitures qui évitent tout effort, pour ensuite se dépenser vigoureusement au bord de l'eau en courses, jeux de ballon et nage ?

Pourquoi ces personnes, qui clament haut et fort souhaiter calme et tranquillité, se pressent-ils, jusqu'à se toucher, chaque été, sur les mêmes littoraux ?

Pourquoi ces sociétés, qui disent s'être débarrassées de nos croyances chamaniques au profit d'une divinité unique et toute puissante, sacrifient-elles au milieu de l'été à un rite solaire que nos druides ne désavoueraient pas ?

Gauloisement votre

Références et compléments
- Voir aussi la chronique "La braguette du druide : les mots gaulois restés dans la langue française".