mercredi 14 décembre 2011

Accidentologie policière - Déchiffrage

Un article du Figaro du 12 décembre 2011 intitulé "policiers et gendarmes paient un lourd tribut en service" a retenu mon attention.
Le papier débute par "14 tués et plus de 10.000 blessés dans les forces de l'ordre en 2011" et détaille ensuite les statistiques des membres des forces de l'ordre françaises tués ou blessés en service en 2010 et 2011.
Malheureusement, les nombres astronomiques sont rarement informatifs. Pour être compréhensibles, ils ont besoin d'être comparés à des références.

Le Figaro indique que 11 979 policiers et gendarmes ont été tués ou blessés dans l'exercice de leur métier de janvier à octobre 2011. Une règle de trois à partir de cette valeur permet de présager un total d'environ 13 500 décès et blessures pour l'ensemble de 2011.
L'effectif de la police et de la gendarmerie étant d'environ 250 000 personnes, le taux annuel d'accidents du travail devrait donc être de 5.4%.
Ce résultat est une fois et demi plus élevé que la moyenne nationale toutes professions confondues (3.6%).
Policer la France est cinq fois plus dangereux que d'être employé de banque mais est aussi une fois et demi plus sur que d'oeuvrer dans le bâtiment ou les travaux publics. Les forces de l'ordre font face à un risque professionnel similaire à celui des métiers du transport, du commerce ou de la santé.

Petite surprise, l'article du Figaro met en lumière un sort meilleur pour les gendarmes que pour les policiers. Le taux d'accidents du travail chez les pandores n'est que de 2% alors qu'il approche les 8% chez leurs collègues civils.
Connaitre les raisons de cet écart gigantesque renseignerait beaucoup sur le fonctionnement de nos forces de l'ordre : moindre activité des militaires ? police nationale exposée au stress des grandes métropoles ? délinquance urbaine plus violente que celle des campagnes ? médecins militaires moins enclins aux arrêts de complaisance ? formation ou prévention différentes ? casquettes moins protectrices que les képis ? ....
Ces questions sans réponse permettent aussi de rappeler que les auteurs de délits ne sont pas la seule cause d'accidents de travail chez les forces de l'ordre. Comme dans toutes les professions, des personnels se blessent durant leur trajet ou bien lors de formations, sont victimes d'accidents de voiture ou de moto voire glissent malencontreusement sur un carrelage mouillé.
Il serait particulièrement intéressant de connaitre parmi les 13 500 gardiens de l'ordre touchés en service, combien le sont du fait de délinquants.

Statistiquement votre

Les réponses aux questions soulevées par cette chronique sont bienvenues sous forme de commentaires.

Sources
- Tués et blessés en service dans la police et la gendarmerie : article du Figaro du 12 décembre 2011 intitulé "policiers et gendarmes paient un lourd tribut en service"
- Effectifs des forces de l'ordre : articles de Wikipedia sur la police nationale et la gendarmerie nationale
- Taux d'accidents du travail en France : tableaux de synthèse des statistiques nationales de la sinistralité 2010 de la branche Accidents du Travail - Maladies Professionnelles du régime général de Sécurité Sociale